Prologue

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— Dîtes-moi comment tout ceci a commencé…

La voix était douce, tranquille, sûre d’elle. Comme la voix d’une mère implorant son enfant. Implorant de lui donner une vérité. La Vérité. Mais elle ignorait tant de choses… De choses essentielles.

Comment tout ceci a commencé… Dure question. Auquel lui-même n’avait pas réellement de réponse. Car il était difficile d’en apporter une. Il porta ses mains sous son menton, réfléchit. Ses yeux étaient creusés par la fatigue. Ses bras tressaillirent. Etait-ce la faim ? Le froid ? Ou tout simplement la peur ? Une peur qu’il n’avait jusqu’ici jamais encore connue, une peur qui ne l’avait même jamais effleurée. Et pourtant voilà qu’il tremblait, assis sur sa chaise métallique, le regard perdu dans la vague obscurité de la minuscule pièce dans laquelle il était interrogé depuis ce qui lui avait semblé une éternité.

Comment tout ceci avait commencé… Un jeu. Un jeu stupide. Et dangereux. Un jeu régi par un code, une loi, un adage sacré et ancestral : Vivre, et Survivre. Un mantra qu’ils s’étaient répétés pendant des heures et des heures, des jours et des nuits, des années même avant la mise à exécution de leur plan. Ils avaient longuement réfléchi, étudié toutes les possibilités, cherché jusqu’à la moindre défaillance possible et pourtant, ils avaient échoué. Ils avaient perdu. Et ils en paieraient le prix.

— Je vous en prie Miles, dîtes-moi la vérité. Vous ne pourrez pas rester muré dans votre silence éternellement. Racontez-moi tout ce que vous savez et peut-être les Juges se montreront-ils cléments envers vous…

Les Juges… Cléments… Eternellement… Bien sûr.

L’homme poussa un long soupir, passa ses mains dans ses courts cheveux blonds. La clémence, il n’y croyait plus depuis longtemps. Si tant soit peu qu’il n’y ait jamais cru, qu’il l’ait jamais espérée et envisagée.

Il baissa la tête. Plongea ses yeux bleus dans ceux de l’inspectrice assise en face de lui, les mains jointes sous son menton carré. Réfléchit encore quelques secondes. Se décida enfin :

— Chacun d’entre nous a sa propre histoire.

Voilà tout ce qu’il trouva à dire. Sa voix était rauque. Rauque de n’avoir sorti aucun autre mot depuis le début de sa mise en garde à vue. De n’avoir sorti aucun autre son que celui de ses longs soupirs de désespoir. Les autres en faisaient-ils autant ? Il n’en avait aucune idée…

L’inspectrice inclina la tête sur le côté, intriguée.

— Mais encore ?

Mais encore quoi ? Son propre cerveau se refusait obstinément à toute discussion. C’était encore trop tôt. Trop tôt pour l’évoquer. Avec elle, et les autres. Ils ne l’avaient pas encore encaissée.

— Certaines choses ne se sont pas passées comme prévues.

— En effet, acquiesça l’inspectrice sans paraître bouger ne serait-ce qu’un sourcil. C’est en partie à cause de cela que vous êtes ici Miles. Ce que je veux savoir, c’est POURQUOI cela s’est-il produit ? Où se trouvait la faille ? A quel moment la situation a-t-elle pu commencer à vous échapper ?

Il détourna le regard. Fuit l’intensité des yeux qui le sondaient depuis des heures maintenant.

Il observa la vitre sans teint à sa gauche. Il était sûr qu’Il se trouvait là, derrière cette vitre, à les épier, à l’observer, à écouter et sans doute enregistrer le moindre mot de leur conversation. Il voulait une réponse. Une réponse claire, nette, précise. La raison pour laquelle ils avaient échoué. Mais lui-même n’en savait rien.

Où les choses avaient-elles commencé à leur échapper ? Quand Elle était arrivée. Quand ils l’avaient rencontrée. Quand ils avaient accepté de lui faire confiance. Avaient-ils eu tort ? Sans doute… Mais le referaient-ils ? Bien sûr…

— Vous savez… Ce sont les gens que l’on pense garder toujours près de soi que l’on perd souvent les premiers, inspectrice. Et ce sont les personnes en qui l’on pensait ne jamais avoir confiance qui finissent par vous sauver la vie. Plus d’une fois. Comme je vous le disais, nous avons tous notre propre histoire et la mienne risque de vous paraître longue.

La quadragénaire bougea pour la première fois. Quittant le socle de ses mains, elle vint s’adosser au dossier de sa chaise, un doigt posé sur sa lèvre inférieure.

— Nous avons toute la nuit Sergent.

L’homme hocha la tête.

— Alors maintenant dîtes-moi… Que se passe-t-il ensuite ? Au commencement qui précède la fin ?

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