Insultée
Je n'avais que onze ans et je venais de vivre une douloureuse trahison, qui a brisé un grand espoir. J'étais à la fois triste et énervée. J'avais mal, mais je me suis interdit de baisser les bras.
Je ne sais pas si c'est de famille, mais le cousin de cette fille, vous vous souvenez, le garçon qui est arrivé en même temps qu'elle, a décidé de suivre les pas de sa traitresse de cousine.
Je ne peux pas parler de trahison pour lui, parce qu'on ne s'était jamais parlé auparavant. On ne se connaissait donc presque pas et n'étions certainement pas proches, mais cela ne rend pas son geste moins cruel.
C'était un soir d'hiver. Pendant le dernier cours de la journée, il était assis non loin de moi, à ma gauche. Il a commencé à me faire des remarques désobligeantes, mais je n'y ai pas prêté attention parce que c'étaient des moqueries puériles comme : "Tes chaussures sont moches".
J'ai décidé de l'ignorer, en me disant qu'il finira bien par s'en lasser et qu'il arrêtera, mais ce ne fut pas le cas. Le cours s'est fini à dix-sept heures trente-cinq. J'ai rangé mes affaires dans mon sac et suis sortie, comme tous les autres. J'ai descendu les escaliers pour atteindre le rez-de-chaussée et, lorsque je me suis engagée dans le hall, j'ai senti quelque chose percuter mon cartable. Je ne vous donnerai pas son nom, pour des questions d'anonymat, mais vous vous doutez bien de qui il s'agit. Il s'amusait à donner des coups de pied à mon cartable. Au début, j'ai décidé de l'ignorer encore une fois, mais il ne voulait pas s'arrêter et les coups qu'il portait à mon sac commençaient à me faire mal au dos. Je me suis donc retournée pour lui intimer d'arrêter tout de suite, mais il ma lancé un sourire moqueur et a continué. J'ai traversé la cour de récréation et, lorsque nous nous sommes approchés de l'entrée, il s'est arrêté pour que le surveillant qui était posté au niveau de la porte ne le surprenne pas.
Nous sommes sortis dans la rue et j'ai continué à marcher en direction de chez moi. Quelques secondes plus tard, je sens à nouveau quelque chose percuter mon cartable. Il s'est remis à donner des coups de pied à mon sac. Je me suis retournée plusieurs fois pour lui lancer un regard noir et lui ordonner d'arrêter, mais à chaque fois, il me répondait par ce sourire moqueur et purement insolent ! Je prenais sur moi pour rester calme, jusqu'au moment où il est passé devant moi en me lançant une insulte avant de disparaitre au tournant d'un chemin.
Je suis restée là, bouche bée, ne comprenant pas pourquoi il venait de m'insulter de la sorte. Je ne vous réécrirai pas l'expression qu'il a employée ici, mais sachez que c'était suffisamment grave pour que je me sente révoltée et indignée au plus haut point ! J'ai ravalé ma colère et suis rentrée chez moi.
Ce ne sera pas la seule fois que je receverai cette insulte. Quelques semaines ou mois plus tard, je ne sais plus bien, un garçon me lancera la même insulte juste parce que j'aurai refusé de lui donner un carambar.
Ce sont les seules et uniques fois de ma vie où je me suis fait insulter par quelqu'un. C'est pour cette raison que ces événements, peut-être banals et sans importance pour vous, me marquent autant, surtout que j'ai reçu une éducation qui m'empêche de mon côté de dire la moindre vulgarité.
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