A tout jamais
Pour bien comprendre il faut faire quelques pas en arrière et surtout ne pas se faire d'idée fausse sur l'hôpital psychiatrique. Pour moi ce n'était pas seulement une expérience enrichissante, c'était une manière de vivre autre chose, comme une sorte de parenthèse qui s'est d'ailleurs achevée bien vite. Dans un hôpital psychiatrique il est possible de vivre de bons comme de mauvais moments. La culpabilité est venue bien plus tard mais ça j'en parlerai prochainement. Dans un lieu comme celui-ci il est tout à fait possible même probable de tisser des liens avec les autres patients, de vivre des moments forts, de rire aux éclats. Nous sommes peut-être considérés comme fous mais nous restons des êtres humains après tout. Alors en amitié comme en amour je n'ai pas trouvé le temps si long que ça. Je me suis même accrochée à deux personnes en particulier qui ont changé l'état d'esprit dans lequel j'aurais été s'ils n'avaient pas accompagné mon chemin. J'ai même presque honte de le dire mais ils me manquent quelque part. Même avec leurs problèmes, même avec le fait qu'eux aussi n'allaient pas bien ils ont changé ma vie. Au milieu des mégots de cigarette, des débris de canettes de sodas, au centre de la saleté ambiante j'avais tout de même l'impression qu'on ne me laissait pas tomber pour autant. Et pourtant je ne suis pas restée bien longtemps. A tout jamais je garderai le souvenir de ces moments, avec l'impression parfois d'y être encore tellement au plus profond de moi ça m'a bouleversé, tellement j'étais sur le point de tout laisser tomber ne serait-ce que pour y rester toujours. Aux patients aussi, je les remercie d'exister simplement. Une rixe qui a éclaté un jour m'a fait comprendre que je vivais moi-même les choses à ma façon et que jamais personne ne les vivra comme moi je les ai vécues.
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