Le lundi matin, Auguste était nerveux.
Depuis la fête, il avait vu Louane s’enfoncer dans un silence plus profond, plus lourd. Elle parlait moins, souriait moins, et ses yeux semblaient porter un poids que lui ne pouvait plus ignorer.

Il avait réfléchi toute la nuit.
Il savait que Louane ne voulait pas que ça se sache. Elle lui avait dit clairement qu’elle ne voulait pas mêler les adultes, ni les professeurs, ni ses parents. Elle voulait gérer ça seule.

Mais Auguste voyait les bleus, les regards, les messages anonymes. Il avait vu la détresse dans ses yeux.

Il prit une grande inspiration.
Il allait en parler. À quelqu’un. Sans Louane.

Le couloir était vide quand Auguste frappa doucement à la porte du bureau du principal.

— Entrez, dit la voix du directeur.

Auguste entra, les mains moites. Il croisa le regard du principal, un homme d’une cinquantaine d’années, sérieux, mais pas fermé.

— Monsieur Martin, commença Auguste, j’aimerais vous parler d’une chose importante. C’est au sujet de Louane.

Le principal hocha la tête, encourageant.

— Elle se fait harceler. Depuis longtemps. Et ça empire. J’ai essayé de l’aider. Mais je crois qu’elle a besoin de plus.

Auguste raconta ce qu’il avait vu, ce qu’il savait, sans rentrer dans tous les détails, par respect pour Louane.

— Je sais qu’elle ne veut pas qu’on s’en mêle. Mais je crois qu’elle pourrait être en danger.

Le principal fronça les sourcils.

— Merci de me le dire. Je vais agir. Et je ferai attention à ne pas la brusquer.

Auguste hocha la tête, soulagé et inquiet à la fois.

Il repensa à Louane.
Il se demandait si elle lui pardonnerait d’avoir franchi cette ligne sans lui en parler.

Il savait que c’était risqué. Mais il ne pouvait plus rester immobile.