Xiptifadi’ Akh!

4 minutes de lecture

Un peu sous pression, comme chaque année, il monta sur scène. Heureusement, la lumière était braquée sur lui : cela lui évitait le spectacle. Toutes ces formes, ces couleurs, ces lumières, ces odeurs, ces matières visqueuses…

Cinq ans, et toujours pas habitué.

Pourquoi fallait-il toujours que ce soit lui qui s’y colle ? Oh, bien sûr, ils étaient tous très agréables. Mais il lui était difficile, parfois, de cacher son dégoût. Pourquoi n’avait-il pas choisi Greg ? Un vrai hypocrite. Lui, il aurait été parfait.

Enfin, bref.

Le silence s’installa. Il prit le micro, qui transformait sa voix, ses mots, en sons, en ultrasons, en langage, en ondes… bref, tout ce qui était nécessaire pour se faire comprendre par cette multitude d’êtres. Télécommande à la main, grand écran derrière — adapté aussi à toute forme extra-terrestre — La communication claire, c’est primordial.

« Bonjour à tous. Xiptifadi’ Akh ! »

C’était le seul mot qu’ils connaissaient en langage commun galactique.

« Pardonnez mon accent », dit-il avec un sourire sincère.

« Je suis le représentant des humains et de la Terre. En cette année 3025, comme vous le savez, elle est devenue tout à fait inhabitable pour nous.

En revanche, nous y avons placé des IA remarquables qui pourront répondre à tous vos besoins. Nous sommes regroupés sur différents satellites autour de la Terre et serons à votre disposition si nécessaire.

Alors, pourquoi venir sur Terre alors que nous ne pouvons même pas nous le permettre nous-mêmes, me direz-vous ? Excellente question !

Eh bien, parce que pour la plupart d’entre vous, c’est un endroit rêvé ! Il contient énormément de nuances sur une seule planète.

Se tournant vers le premier cliché :

« Comme vous pouvez le constater, nous avons ici une zone désertique et des terres stériles, qui conviendront parfaitement aux Zoraxes, Syphars, Berliosises ou tout autre espèce appréciant le calme et la chaleur.

Vous pourrez visiter les restes de ce qui fut, un temps, la fertilité. Parfait pour vous prélasser au soleil tout en explorant — grâce aux hologrammes — l’agriculture, du début à sa fin.

C’est un voyage fascinant, ce besoin de créer tant, pour finalement tout détruire. Les humains font ça à merveille. Que ce soit les fruits, les légumes, les céréales, les animaux : tout y passe.

Nous sommes connus pour être le peuple le plus drôle de la galaxie, et j’en conviens. »

Finit-il avec un sourire franc et chaleureux.

Il changea de cliché, montrant les restes des forêts et des récifs coralliens.

« Ici, vous pouvez voir la destruction totale de la biodiversité. Ce qui enchantera, je le sais, les Vatuorues. »

Un “rire” sinistre se fit entendre dans la salle.

« Les hologrammes vous montreront aussi comment tout cela fut détruit, malgré les luttes humaines pour les préserver — réduites à néant par les dirigeants. Eh oui… ils pensaient qu’ils iraient vivre sur Mars. »

Toute la salle éclata de rire avec lui.

« Lorsque j’ai appris cela, j’en ai tellement ri que mes abdos m’ont fait souffrir le martyre. Qu’est-ce qu’ils étaient ambitieux et naïfs… »

Nouveau cliché.

« Ici, l’océan, chimique, acide. Nombreuses îles de plastique. Presque plus de vie. Parfait pour tous nos Nayadères, Icads et Miqui’ Hci.

L’histoire de l’océan est fascinante. Je m’en émerveille toujours. Déjà dans les temps anciens, la chasse aux cétacés, de l’époque Edo, depuis 1603 jusqu’au dernier jour possible. Vous pourrez admirer la transformation que cela a causé aux dauphins : devenus pervers, violents inter-espèces, trouvant du plaisir à en malmener d’autres. L’humain a perverti l’une des espèces les plus intelligentes par ses méfaits. Vous vous rendez compte ?

Oh, et vous ne connaissez pas la meilleure. Les personnes voulant porter secours aux espèces marines étaient arrêtées… comme des criminels. Hahaha… celle-là elle est à mourir de rire ! »

Le public l’accompagna avec entrain.

Nouveau cliché.

« Pour les amateurs de sensations extrêmes, nous avons aussi ces magnifiques tempêtes infernales, ces vents fracassants. Disons-le clairement : c’est le parc d’attractions par excellence pour la plupart d’entre vous ! »

L’audience l’acclama.

« Il reste enfin… cette étrangeté que nous ne savons nommer. La Terre, comme vous le savez, nous est devenue hostile. En plus de l’avoir détruite, ce qu’elle crée nous empoisonne : de nouvelles espèces animales ont fait leur apparition, rendant ce lieu, en apparence luxuriant. On y trouve de l’eau ! Des plantes ! De la vie, oui ! De la vie sur Terre ! Mais tout à fait toxique pour nous.

N’étant pas humains, vous pourrez peut-être y accéder. Mère Nature a repris le contrôle. Je ne peux vous en dire plus, mais les Pastelfs et les Cufisians nous en ont dit des merveilles. En revanche, l’accès a été refusé à d’autres. Très sélective, cette divine Reine des lieux.

« Voilà. Pour résumer : la Terre répond à beaucoup de besoins et de plaisirs pour vous. Sans oublier les hologrammes, qui ont transformé la planète en un musée géant de savoirs… mais surtout d’humour. »

Il sourit encore.

« Comme toujours, les payements se feront en vivres et boissons tolérés par les humains.

Visite gratuite des pyramides pour ceux qui payeront en eau !

« Vous trouverez tous votre bonheur sur Terre, grâce à tout le mal qu’on a pu lui faire !

Toute l’Assemblée se leva, l’applaudissant avec enthousiasme, chacun à sa manière.

« Merci ! Merci à vous tous ! » s’inclina-t-il à plusieurs reprises.

« Je laisse maintenant la parole à Zurg, qui vous présentera la planète Z. À bientôt ! Akh’ Xiptifadi ! » dit-il en rayonnant. Oui, il connaissait aussi le au revoir. Il suffisait d’inverser.

Il sortit de scène, accueilli par son chef.

« Tu vois ? Tu es merveilleux. Tu sais pourquoi je te choisis, toi, et pas Greg ? Pour ton authenticité. Elle vibre à travers la galaxie. Oh ! Nous allons manger cette année !

— Oui, enfin… j’espère pas du Blasphère, on en a eu une quantité incroyable l’an dernier. Je sature.

— Oh… mais pourtant c’est extrêmement nourrissant et hydratant. Le goût passe bien avec du venin de Syphar. »

Commentaires

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Nerea Eïtas ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0