Ineffable
Il y a des paysages, dont le silence résonne qu'on n'a pas oublié. Ils se glissent dans chacun de nos mots.
La plage suit la plume, fait face à cet horizon qui chaque matin ramène l'oubli. C'est là, si lointain, et pourtant si proche. Le blanc envahit l'espace, des souvenirs si présents, pourtant c'est le vide.
Je refais les parcours, retrace chaque lieu. Au milieu des bois je me perds à nouveau. Je retrouve mes premiers pas ma main sur l'encolure du faon adopté par nos voisins. Tous ces êtres sans parole, ces habitants secrets, discrets qui de nos jeux volettent à la poursuite des insectes. Un instant sur mon poignet partage leur monde, comme cet écureuil laissé pour mort qui se réveille entre nos mains.
Ces heures allongées dans les hautes herbes, sous le vent des feuillages, dans le vol d'un bourdon. J'écoute le silence, ces traces si intimes. J'écoute.
Je refais la route le long des rivages, la route de terre dans les sous-bois. Ces heures à regarder l'oiseau-mouche par les fenêtres du porche. Je m'accroche à l'oublie, à tous ces étés, où mon silence était libre.
Loin de celui que j'étais.
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