5 - Dreams, The Cranberries

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Ca y est j’ai encore gagné. Je monte me coucher. » Les filles faisaient régulièrement des parties de dames. Ce soir-là Rachel avait gagné pour la troisième fois et Sarah, qui n’était pas réputée pour avoir la défaite fair-play, ne put s’empêcher de lui dire qu’elle avait triché. « C’est drôle mais la dernière fois que l’on a joué ensemble et que tu avais tes écouteurs, tu n’as pas gagné une seule manche. » Rachel eut beau protesté, Sarah n’en démordait pas. Sa fille avait lu tous ses coups dans sa tête et avait remporté la victoire haut la main.

  Lorsque sa fille monta l’escalier, un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Après tout sa mère n’avait qu’à pas penser aussi fort.

  Rachel n’avait qu’une hâte après sa journée harassante : retrouver le chevalier Lucas dans ses rêves. Elle avait donc laissé sa mère tranquille devant Pretty Woman et avait fermé la porte de sa chambre.

  Tous ses muscles étaient relâchés comme jamais auparavant. On eut dit… Une masse de plomb, non pire de béton. Elle avait pris son roman mais ses yeux refusaient de lire toute la page. Au bout de la quatrième lecture du même paragraphe, avec pour chaque fois, une version différente, elle se dit qu’il était temps de dormir. Elle reposa le livre sur sa table de chevet et éteignit la lumière. Puis elle ferma les yeux.

  Ce fut un rêve fort différent de celui qu’elle faisait d’ordinaire. Point de chevaliers ni même de gardes à l’horizon gente damoiselle, que nenni. Juste sa chambre. Le plus souvent elle rêvait soit au chevalier Lucas, soit qu’elle était une sirène sous l’océan, soit qu’une météorite allait frapper la Terre et elle endossait son costume de Miss Marvel pour aller la détruire avant qu’il ne fut trop tard. Mais ce soir-là, ce fut différent. L’espace d’une seconde, dans son rêve, Rachel se demanda quel message son cerveau voulait lui faire passer, car les rêves sont des messages déguisés tout le monde le sait ils l’avaient dit dans Psychologies Magazine, mais cela ne dura pas et Rachel profita vite du spectacle.

  Tout d’abord elle est dans sa chambre. Plus précisément au plafond de sa chambre. Elle reconnaît tout le lieu. La pile de CD, sa bibliothèque, sa table de chevet. Mais des choses changent. D’abord son livre est par terre au pied de la table et non sur sa table. Puis sa mère entre dans la pièce portant une pile de vêtements propres qu’elle pose sur son fauteuil club. Rachel voit sa mère s’approcher de son lit et venir l’embrasser dans les cheveux. Et c’est ce qui surprend le plus Rachel. Se voir. D’ordinaire elle ne se voit jamais dans ses rêves, et là, elle se voit allongée dans le lit.

  Puis le rêve prend une tournure différente. Elle… Traverse les murs ? En tout cas elle ne peut pas expliquer comment mais elle se retrouve devant la mer, sur la plage. Elle peut entendre le bruit des vagues. Il n’y a pas un chat. Il fait nuit. Seules quelques voitures passent. Puis Rachel voit un accident, un accrochage plutôt. Deux voitures qui viennent de se percuter devant un feu rouge. Rien de méchant mais les conducteurs en sortent très énervés. Comme ils en viennent aux mains, Rachel court vers eux. Elle s’est transformée en Miss Marvel et va les séparer. Elle pose la main sur l’un d’eux et essaye de lui faire lâcher prise. Mais sa main passe au travers du bras, sans le toucher. Alors Rachel leur crie qu’ils doivent arrêter de se disputer. Mais personne ne l’entend. Pourtant les deux hommes semblent surpris quelque secondes. Ils regardent autour d’eux comme s’il cherchait quelque chose… Ou quelqu’un. Puis ne voyant rien ils reprennent leur dispute. C’est à ce moment-là que les policiers arrivent et Rachel les laisse.

« La bourse perd 0.4 % à l’ouverture ce matin et... » Comme tous les matins la radio faisait un bruit de fond que personne n’écoutait. Mais Sarah avait gardé cette habitude de Fabrice d’écouter les informations le matin.

  -Alors bien dormi, mademoiselle Tricheuse-de-dames ?

  - Oh maman ! Ca va, c’était une blague. A vrai dire j’ai fait un drôle de rêve, je n’ai pas super bien dormi non. « Le temps aujourd’hui sera plus clément mais encore nuageux... » Maman, on peut arrêter cette radio, on ne s’entend plus.

  - Oh ma Puce, pendant que j’y pense. Aujourd’hui tu mettras le linge que j’ai posé sur ton fauteuil hier soir. Il va faire froid ce matin et de toute façon la jupe que tu avais a fini au sale.

  Rachel se figea. Elle dévisagea sa mère comme une inconnue. Dans sa tête ses pensées se bousculaient. Le fauteuil, les vêtements, la plage, les voitures… Et c’était quoi le dernier truc… Soudain tout lui revint. Laissant en plan son petit déjeuner, elle monta les escaliers quatre à quatre et ouvrit en grand la porte de sa chambre. Là, par terre, au pied de la table de chevet, à même le sol, Avalon reposait placide.

  Du haut des escaliers Rachel entendit la radio qui annonçait que la veille au soir un léger accrochage entre deux voitures avait provoqué une rixe au centre-ville.

  Toute la journée Rachel eut la tête ailleurs. Même Tina ne parvint pas à lui faire penser à autre chose. Quand elle en eut assez elle interrogea son amie sur ce qui la tracassait. Rachel expliqua avec le plus de détails possible son expérience de la veille au soir. Tina en fut épatée.

  - C’est trop fort. Tu as fait… Comment dit-on déjà ? … Une sortie extra-scolaire… Non extra-corporelle ! Scolaire ! N’importe quoi ! Elle éclata de rire.

  - Ce n’est pas drôle Tina, c’est même flippant ! Ca ne m’est jamais arrivé ! Je ne sais pas si ça doit se reproduire ! Imagine que… Que je quitte mon corps et que je ne le réintègre plus jamais de toute la vie ! Ca ressemble beaucoup à une mort non ?

  - Rachel, sérieusement. On n’a jamais prouvé les corps astraux, on a toujours mis ça sur une sorte de… Dysfonctionnement neuronal… Tu sais ? Comme le fameux tunnel de fin, hyper lumineux etc. Lorsque tu es accueillie par des gens que tu connais, en fait ce serait une résurgence de souvenirs… Mais, là tu viens de prouver que ce n’est pas un délire, tu viens de prouver que ce n’est pas un dérèglement hormonal. Ecoute, j’ai lu des bouquins là-dessus. Certains parlent du Fil d’Argent. C’est ce qui relie ton corps astral à ton corps physique. Si ce fil casse, tu meurs… Enfin, tu ne serais pas en mesure de réintégrer ton corps. Et du coup, il y aurait comme des entraînements réguliers à faire pour rallonger le fil ou en tout cas pouvoir aller de plus en plus loin sans qu’il casse.

  - Je n’ai pas eu de sentiment d’être rattachée…

  - C’est la deuxième théorie. Pour d’autre, le Fil d’Argent n’existe pas et juste on s’entraîne à s’éloigner de plus en plus. Par contre si tu quittes ton corps plus de vingt-quatre heures… Tu y restes. C’est d’ailleurs sur cette théorie que Marvel a inventé Doc Strange.

  Rachel regarda Tina avec des yeux étonnés.

  - Eh bien ma vieille ! Tu m’avais caché tout ça ! Tu es calée dis-donc.

  - En fait, c’est un peu grâce à toi. Depuis que je sais pour ton truc, j’ai fait des recherches dans divers domaines paranormaux. OVNI, fantômes, médium, Loch Ness, métempsychose… Que veux-tu savoir ?

  - « Métem-quoi » ?

  - Psychose, métempsychose. Réincarnation si tu préfères.… Chacun sa spécialité… Toi tu connais des musiques que le commun des mortels ne connaît pas, tu es sûre de ne pas en inventer certaines ? Moi c’est le paranormal.

  Rachel se sentit soudainement très bien. Tina était vraiment une amie extraordinaire. Elle avait fait des recherches sans le lui dire pour que le jour où elle aurait besoin d’avoir des réponses, elle puisse les lui fournir. C’était vraiment généreux de sa part. Que deviendrait-elle sans elle ?

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