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Tout était étalé sur son lit. Il les regarda, fasciné. Ils brillaient dans les rais de Soleil qui passaient au travers des persiennes. C’était comme exposer des diamants. Comme s’il avait trouvé le Graal. Il y avait chez eux une magie intrinsèque. Il les caressait d’un doigt léger et délicat, exactement comme on aurait caressé une femme. Il détenait le pouvoir absolu. C’était lui le dieu vivant sur Terre. C’était lui que l’on avait choisi. Que l’on avait investi d’une mission. Il se sentait… Différent. Un peu comme si on l’avait fait boire plusieurs verres d’un alcool fort. Un peu comme la fois où il avait tiré sur ce joint dans la voiture qui avait fait office d’aquarium. Toute la fumée lui était montée à la tête et le fait d’avoir en plus arrosé le joint d’huile de THC avait augmenté l’effet.

  La tête lui tournait. Il alluma sa chaîne hifi et monta le son à fond. La grosse conne du bas gueulerait certainement mais il s’en foutait. Elle ne pouvait pas comprendre. Il voulait bien faire son gentil au quotidien, mais là dans sa chambre c’était lui le maître. De toute façon maintenant c’était lui le maître. Alors il fallait fêter ça.

  Il sortit un petit sac de poudre blanche d’un tiroir et en versa quelques grammes sur son bureau. Il saisit une carte bancaire qu’il avait empruntée à une vieille dame dans la rue il y avait plusieurs mois maintenant et qui lui servait régulièrement à acheter des trucs sur internet. La vieille avait un peu manifesté son désaccord au début, mais les quelques gouttes de sang qui jonchaient la carte lui rappelaient qu’ils avaient fini par trouver un terrain d’entente. Il les gardaient pourtant comme un trophée. Déjà à l’époque il était tout puissant. Il tapota la poudre sur son bureau avec la carte et en fit quelques lignes séparées. Son contact était vraiment cool avec lui de lui transmettre de la bonne, de la qualité. En échange il devait en vendre à la sortie des collèges. C’était normal. C’était du commerce. Son contact était cool avec lui et lui permettait de s’offrir tout ce qu’il voulait, il fallait bien qu’il lui rende service. Bien sûr celle qu’il revendait n’étais pas aussi pure. Il la coupait avec un peu tout ce qui traînait dans la maison. Depuis des cristaux de soude jusques à de la mort aux rats. Comme ça il vendait plus, et plus longtemps. Bien sûr au même prix que de la pure. Et puis ça changeait des services sexuels qu’il avait rendus pendant un temps à certains hommes du côté du parc de la mairie. Quelques images lui revinrent en tête et il cracha par terre. Ces espèces de connards ! Ils ne valaient pas mieux que les autres. Aucune gêne, aucun remord. Il n’était même pas majeur et ils le traitaient comme un chien. Mais tout cela allait changer. Maintenant c’était lui qui allait décider. C’était lui qui mènerait le bal. Il saisit la paille qui reposait dans son pot à crayons sur son bureau et monta la musique à fond. Marylin Manson hurlait dans son micro et il renifla d’un grand coup une ligne. Puis une seconde, et une troisième, et une quatrième. Immédiatement tous ses sens furent décuplés. Marilyn ne chantait plus dans sa chambre, il chantait dans sa tête. Il était là devant ses yeux. Il chantait dans son cerveau. Dans ses bras. Dans ses cheveux. Il était la musique toute entière.

  Alors il se leva d’un bond du fauteuil et shoota dedans. Le fauteuil alla s’écraser contre le mur dans un grand fracas. Il se mit à danser une sorte de mélopée en sautillant comme un indien lors d’une danse de la pluie. Tantôt ballants, tantôt agités frénétiquement au-dessus de sa tête, ses bras suivaient le rythme de la musique. Il sautillait sur place comme un shaman en tournant de plus en plus vite. Puis quand il tomba à la renverse et que la tête lui tourna à n’en plus finir, il s’approcha du lit et s’étala de tout son long au milieu de son trésor.

  Il se roula dedans, comme Picsou dans son coffre.

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