28.03.2020

3 minutes de lecture

Ce matin Chiku m’a surpris en train de chanter « Dance Monkey » dans ma cabane. Il m’a regardé, je l’ai regardé, il m’a regardé et il est parti. Je chante mal ou il l’a mal pris. À force de le soudoyer, mon stock de cacahuètes commence à diminuer dangereusement. Aujourd’hui c’est livraison de viande pour les lions et servals. Après-demain, ce sera le reste pour mes autres pensionnaires.

Au livreur, je claque un truc en russe que j’ai vu dans Solaris hier soir (oui j’ai regardé Solaris en VO sans sous-titres et non, je n’ai rien compris.) J’ai laissé Stargate, en effet. Daniel Jackson est mort et la vie ne vaut plus la peine d’être vécue. Ça m’apprendra à regarder les épisodes de façon aléatoire. Je casse ma routine comme je peux.

Le gars à la porte fait genre il a compris, alors que même moi je ne sais pas ce que j’ai dit. Il est reparti tout de suite pour « ne pas choper la maladie ». Comme si j’étais susceptible de l’avoir, seule au milieu des girafes et impalas… Mais qu’est-ce que ça m’a fait du bien de voir un autre être humain ! Si Chiku savait ça…

Je n’ai pas eu beaucoup de nouvelles de Michel, maintenant que j’y pense. Trop occupé à se prélasser au bord de la piscine avec sa Delilah ! Et dire que j’aurais dû être à la place de cette cruche. Il faut que je lui demande le nom de famille de cette fameuse étudiante, je pourrais lancer mes agents du FBI de Facebook. Mes deux meilleures amies sont confinées chez elle avec pour seule compagnie leur PC. Ce n’est pas bien de faire ça, mais cette arriviste m’énerve. Voir sa tête de pimbêche parfaite sur les photos cartes postales de Michel me hérisse le poil. Pourquoi ? Question à laquelle je n’ai pas envie de répondre.

Du coup pour me changer les idées durant cette journée où tout est calme, pour une fois, je commence un bouquin qui traînait dans le bureau de mes patrons : Guerre et Paix, ce grand classique. Vu la taille du bousin, j’ai de quoi tenir jusqu’à la fin du confinement ! Les premières pages m’endorment je décide donc de changer de tactique. Je dois rester éveillée au cas où la guerre se déclenche entre Chiku et les mangoustes. C’est un peu tendu niveau territoire entre eux et Chiku adore les titiller.

Je regarde les nouvelles sur les réseaux sociaux. Potentielle prolongation du confinement jusqu’au 15 avril pour les Français. Eh, ne vous plaignez pas, je suis seule jusque fin juin et ça, c’est acté. Tout dépendra du retour de Michel.

Je vois également pas mal de vidéo pour faire du sport tout en restant chez soi. Les Français auraient-ils peur de prendre du poids pendant le confinement ? Au moins, pour ma part, une chose est sûre, je risque de fondre. Je ne suis déjà pas bien grosse, mais faire le boulot de dix employés ne va pas me réussir. Je pourrais toujours manger Chiku si je manque de protéines.

Michel finit par me répondre en m’expliquant que l’accès à la piscine de son hôtel a été fermé. Oh, il ne peut plus y aller avec Delilah, quel dommage ! J’ai du mal à dissimuler ma joie et lui réponds un simple « c’est con ». Il estime qu’il va se faire chier et me demande comment vont nos pensionnaires. Je lui fais un rapide résumé de ma matinée palpitante de rangement et de mon programme surchargé de l’après-midi.

Il m’envoie un smiley mort de rire en ajoutant que ce qui lui manque le plus pendant le confinement, après sa Play, c’est quand même mes conneries. Je ne sais pas si je dois bien le prendre, le fait d’être en seconde position derrière la PlayStation ou le fait que je ne fasse que des conneries, d’après lui. Chiku ne m’aide pas trop, il se contente de me regarder en épouillant Efi.

Je commence « las Chicas del cable » sur netflix. Peut-être que la langue espagnole me sourira plus que l’italien. Je retente l’ouverture d’une bière sans décapsuleur. Après m’être pincée avec un briquet, avoir plié la feuille, effrité tous les coins de ma table en bois, j’ai fini par l’ouvrir avec un clamp, une sombre histoire de levier et l’aide d’un étau. Je n’aime pas ce qui est trop simple, de toute évidence.

J’ai innové et cette bière je l’ai bien méritée.


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