Le 1er janvier, je reçois un message

« Bonne fête, mes amours. Je vous souhaite une merveilleuse année, en espérant vous voir bientôt.»

Ma sœur a changé de numéro, mon frère n’a pas répondu. Je réponds :

« Bonne année à toi aussi, pleine de lumière.

— Merci, ma douce. Pourrais-tu me dire ce que j’ai fait pour ne plus mériter votre attention ?

— Je l’ai déjà fait à plusieurs reprises. »

— Me souvenant à quel point cela avait été douloureux de retraverser toutes ces blessures, elle a tout renié, dans le moindre détail, me prouvant, une fois encore, sans même que j’en aie conscience, la valeur de mon existence. Une souffrance de plus. —

« S’il te plaît, mon amour, peux-tu le refaire ?

— Par respect pour moi, je ne le referai pas. Je l’ai déjà fait de nombreuses fois.

— Par respect pour moi, je te demande de le faire. S’il te plaît, mon amour.

— Non.»

Bloquée. Supprimée.

Bonhommes allumettes, enfin libre d’une toxicité nocive — qui, encore maintenant, me crispe en l’écrivant.

Son nom signifie « celle qui se relève », « celle qui renaît », retour à la vie, à la lumière après l’ombre.

En disant non, c’est moi qui me suis mise sur ce chemin.

L’avenir nous dira si c’était la dernière fois.

Mais dans tous les cas, si je reparle à cette personne, ce ne sera — et ça n’a jamais été — ma mère.

Elle m’a simplement amenée dans ce monde.

On reproche souvent aux enfants qui ne parlent plus à leurs parents, et surtout à leur mère, qu’ils sont indignes, ingrats, que ce sont eux les fautifs.

Mais jamais on ne se demande ce que cette mère a pu faire pour que son enfant ne veuille plus lui parler.