Chapitre 18: Ne ferme pas les yeux (2)

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Arrivée dans la cuisine, Véronica déposa l'ouvrage sur le comptoir avant de commencer à rassembler tout ce dont elle avait besoin pour préparer sa boisson énergisante. Déposant le tout à côté du livre, la jeune femme s'arrêta quelques instants lorsque son regard se posa sur la porte ouverte de la chambre de sa colocataire. La pièce étant toujours inoccupée, mademoiselle Brook ne put s'empêcher de se poser des questions sur l'endroit dans lequel se trouvait Chérone. Ce n'était pas dans ses habitudes de disparaître ainsi.

Cependant, malgré ses interrogations, on ne pouvait pas dire qu'elle s'inquiétait vraiment pour elle. Pour Véronica, Chérone était une grande fille qui savait ce qu'elle faisait et pouvait donc se débrouiller toute seule. De ce fait, elle dit que peu importe l'endroit dans lequel elle se trouvait, elle devait sûrement y être pour une bonne raison. Mademoiselle Brook se reconcentra donc sur la préparation de tasse de café.

Quelques minutes plus tard, alors que l'eau de sa bouilloire venait d'atteindre la température maximale, la jeune femme ressentit un courant d'air froid derrière elle. Lueur dans les yeux, Véronica se retourna immédiatement vers le vieil ouvrage, pensant que la créature qui résidait à l'intérieur était sur le point de faire son apparition. Quelle ne fut pas sa déception lorsqu'elle se rendit compte que tout était normal. Non seulement le livre était toujours à sa place, mais il n'y avait aucune trace d'un quelconque pentagramme sur le sol. Si ce qu'elle avait éprouvé ne provenait en aucun cas de l'ouvrage, d'où cela venait-il alors ?

Mademoiselle Brook ne tarda pas à trouver une réponse à son interrogation. En effet, la jeune femme remarqua que la fenêtre de la chambre de Chérone était ouverte. Il n'y avait pas à dire, Véronica était quelque peu énervée lorsqu'elle constata cela. Sans surprise, elle se dirigea vers la pièce afin de fermer cette « putain » de fenêtre. Une fois cela fait, elle retourna dans la cuisine où son café ne demandait qu'à être fait. Venant de se servir une première dose de sa boisson, la jeune femme saisit le vieux livre avant de retourner dans sa chambre.

-----*-----

De retour à l'hôpital, Chérone se trouvait toujours en compagnie des deux docteurs qui n'avaient pas encore réalisé que cette dernière était consciente et qu'elle écoutait tout ce qu'ils se disaient. Plus les minutes passaient et plus elle voulait qu'ils dégagent tous les deux de sa chambre et aillent discuter ailleurs. Alors qu'elle patientait sagement allongée sur son lit, un des hommes posa soudainement ses doigts sur sa paupière avant d'ouvrir son œil. La jeune femme fut alors accueillie par une vive lumière qui lui donna presque l'impression qu'elle allait devenir aveugle. Elle se demanda alors ce qu'il fabriquait et pourquoi il faisait ça. Ce fut à ce moment qu'elle entendit l'autre lui demander le résultat.

- La pupille réagit normalement à la lumière, lui répondit-il.

- L'activité cérébrale est donc tout à fait normale.

- Yep, du moins au premier abord. Sans examen plus poussé, on ne pourra jamais savoir ce qui a provoqué cette fameuse crise...

Sarcastiquement, et ce pendant qu'elle les écoutait parler, la jeune femme se dit qu'elle n'avait pas besoin de passer des examens. Ce dont elle avait véritablement besoin était d'éviter de dormir et te trouver un moyen efficace pour se débarrasser de l'ouvrage qu'elle avait trouvé à la bibliothèque ainsi que de la créature qui résidait à l'intérieur.

- Je vais en discuter avec ses parents afin d'obtenir leur autorisation, poursuivit-il en éteignant sa mini-lampe.

Peu de temps après, les deux docteurs sortirent de la chambre d'hôpital. Une fois qu'elle entendit la porte se fermer, Chérone se redressa immédiatement. Elle était soulagée qu'ils n'aient pas découvert qu'elle était consciente, mais était tout de même dérangée par le fait qu'ils veuillent lui faire passer de nouveaux examens médicaux. Elle n'était pas malade, elle avait juste un problème surnaturel à régler. Quoi qu'il en soit, sa priorité actuelle était de trouver des médicaments contre le sommeil.

La jeune femme descendit donc de son lit, récupéra ses affaires dans un des placards, puis se dirigea vers la porte de sa chambre. Comme précédemment, elle vérifia qu'il n'y ait personne dans le couloir avant de se faufiler discrètement à l'extérieur.

Le couloir dans lequel la jeune femme se déplaçait doucement était désertique, ce qu'elle trouva normal vu l'heure qu'il faisait. Néanmoins, Chérone n'avait pas le coeur posé. En effet, elle était nerveuse à l'idée de se faire surprendre par un des membres du personnel. Si cela venait à se produire, elle ne saurait comment réagir. La jeune femme pourrait toujours dire qu'elle était membre de la famille d'un des patients et qu'elle venait lui rendre visite, mais ce serait un mensonge qui aurait de très faibles chances de marcher. Il faisait nuit et les heures de visite étaient sûrement passées depuis longtemps. Il fallait donc qu'elle réfléchisse à nouveau sur une justification potable si elle venait à se faire surprendre.

Plusieurs autres problèmes se posaient cependant. Tout d'abord, mademoiselle Parker ne savait absolument pas où se trouvait la pharmacie de l'hôpital. Le bâtiment était non seulement grand, mais elle n'avait jamais mis les pieds en ces lieux de toute sa vie, du moins selon ses souvenirs. Ensuite, même si elle parvenait à localiser ce qu'elle cherchait, vu qu'il s'agissait d'un endroit contenant diverses substances et drogues, elle se doutait qu'elle y trouverait quelqu'un. La jeune femme devait donc réfléchir à une façon de la contourner afin d'obtenir ce qu'elle désirait.

Plus Chérone pensait à la situation dans laquelle elle était en train de se mettre et plus elle avait juste envie d'abandonner et de s'enfuir très loin. Malheureusement, elle s'était rendu compte cette après-midi que mettre de la distance entre l'ouvrage et elle ne servait strictement à rien. Ce dernier avait une emprise sur elle, et de surcroît une emprise malsaine et grandissante. Elle n'avait donc pas le choix.

Alors qu'elle marchait toujours dans un des couloirs de l'hôpital, la jeune femme entendit un étrange bruit qui la fit sursauter. Chérone pensa alors qu'il s'agissait de quelqu'un et qu'elle avait été découverte. Cependant, après quelques secondes d'attente durant lesquelles elle s'apprêtait à donner une justification vis-à-vis de sa présence en ces lieux, elle ne vit absolument personne. Mademoiselle Parker se remit en route avant d'entendre le même bruit pendant après. Comme la fois précédente, il n'y avait personne dans les parages, ce qui l'inquiéta davantage. Elle avait un très mauvais pressentiment, le même qu'elle avait chaque fois que la créature du livre s'apprêtait à faire son apparition.

Le pressentiment de la jeune femme s'accentua lorsque des ampoules s'éteignirent au loin devant elle. Cela n'annonçait rien de bon, d'autant plus que la lumière laissait progressivement place à l'obscurité la plus totale. Effrayée, Chérone fit plusieurs pas en arrière avant de finalement se retourner et de se mettre à courir. Elle n'avait clairement pas envie de rencontrer ce qui se trouvait dans cette zone sombre, d'autant plus qu'elle savait ce qui s'y cachait vraiment.

Durant sa fuite, mademoiselle Parker essayait d'ouvrir plusieurs des portes qui se trouvaient dans le couloir. Malheureusement, chacune d'entre elles était verrouillée, ce qui la plongea dans un certain désespoir. Pendant ce temps, l'obscurité se rapprochait de plus en plus d'elle. La jeune femme se mit alors à crier à l'aide dans l'espoir qu'un des membres du personnel de l'hôpital l'entende et vienne ainsi à son secours. Personne ne répondit cependant à son appel. C'était comme si le bâtiment tout entier avait soudainement été dépourvu de vie.

La jeune femme était vraiment désespérée et extrêmement effrayée. Elle n'avait pas envie de revivre sa précédente expérience cauchemardesque, d'autant plus qu'elle avait récemment appris que tout ce qui lui arrivait dans ses mauvais rêves avait désormais des répercussions sur elle dans la vie réelle. De ce fait, que lui arriverait-il si cette horrible créature venait à la malmener un peu trop et qu'elle finit perforer comme Andrew Tipney ? Cela signifierait tout simplement qu'elle finirait dans le même état dans la réalité. Chérone ne voulait pas finir ainsi, elle ne voulait pas mourir. La jeune femme était encore dans la fleur de l'âge et avait encore tant à accomplir. De plus, comment se sentiraient ses parents s'ils venaient à apprendre le décès soudain, mystérieux, et brutal de leur unique enfant ? Elle n'imaginait pas toute la peine qu'ils ressentiraient si cela se produisait.

L'obscurité avait presque rattrapé Chérone et se mettait désormais à prononcer son prénom. Lorsque celle-ci regarda brièvement derrière elle, elle se rendit compte qu'elle était à moins d'un mètre. Ce n'était qu'une question de secondes avant qu'elle se fasse totalement engloutir et se retrouve donc en compagnie de la créature du livre. Soudainement la jeune femme se cogna contre quelque chose, ou du moins contre quelqu'un.

- Hé, hé ! Du calme ! D'où est-ce que vous venez ainsi ? lui demanda-t-elle.

La personne que mademoiselle Parker venait de bousculer est une des infirmières qui étaient de garde cette nuit.

- Aidez-moi, s'il vous plaît ! Ne la laissez pas s'approcher de moi ! s'exclama la jeune femme, complètement paniquée.

- Mademoiselle, essayez de vous calmer ! Qui ne doit s'approcher de vous ?

- L'obscurité ! S'il vous plaît, ne la laissez pas s'approcher. Je vous en supplie.

L'infirmière ne comprenait absolument pas ce qui se passait. Le couloir dans lequel les deux se trouvaient était complètement éclairé. Il n'y avait pas la moindre obscurité. Elle se demanda alors s'il ne s'agissait pas d'une personne nommée « Obscurité » ou si la jeune femme devant ses yeux ne souffrait pas de problèmes mentaux. Elles étaient tout de même dans un hôpital, de ce fait, il n'était pas rare de voir des gens exhiber de tels symptômes.

- Mademoiselle, il n'y a absolument pas la moindre obscurité dans ce couloir. Voyez par vous-même.

Mademoiselle Parker se retourna et constata que ce qui la poursuivait avait effectivement disparu.

- C'était juste derrière il y a quelques instants.

- Mademoiselle, il n'y avait rien derrière vous. Vous étiez complètement seule en train de crier à l'aide...

C'était la même chose qu'à la station-service. Elle s'était une fois de plus retrouvée dans un endroit qu'elle seule était capable de voir.

- D'ailleurs, que faites-vous dans les couloirs en plein milieu de la nuit ? poursuivit l'infirmière.

À ce moment, Chérone ne sut pas quoi répondre. Elle ne pouvait certainement pas lui dire qu'elle était une patiente de leur hôpital et encore moins qu'elle s'était échappée de sa chambre afin d'aller voler des médicaments qui lui permettraient de ne plus dormir. Il ne lui restait plus qu'une seule solution et c'était de dire qu'elle était venue rendre visite à un membre de sa famille qui avait été récemment hospitalisé. Cependant, au moment où elle s'apprêtait à ouvrir la bouche, l'un des deux médecins qui avaient débarqué dans sa chambre quelques minutes plus tôt fit son apparition.

- Quelqu'un peut-il m'expliquer ce qui se passe ici ? Mademoiselle Parker, que faites-vous hors de votre chambre ? questionna-t-il.

L'homme, qui avait été attiré par le bruit, ne s'attendait certainement pas à tomber sur une de ses patientes.

- Vous connaissez cette femme, docteur March ?

- Oui, il s'agit d'une de mes patientes, Chérone Parker. Il y a de cela quelques minutes, j'étais dans sa chambre en compagnie du docteur Jester. Je vous pensais inconsciente, mademoiselle Parker. Pouvez-vous ce que vous faites hors de votre chambre ?

La situation était devenue beaucoup plus compliquée pour la jeune femme. Elle pouvait désormais dire adieu à ses médicaments contre le sommeil.

A suivre !!!

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