Chapitre 23 : Transaction

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Chérone s’était fait beaucoup de scénarii concernant ce qui se trouvait derrière les portes de la maison dans laquelle Caleb était rentré. Cependant, elle ne s’attendait absolument pas à ce que l’intérieur ressemble à celui d’une simple habitation de banlieue. Elle avait pensé que la demeure n’était qu’une façade et qu’elle tomberait sur une armée d’individus préparant de la drogue dans un laboratoire clandestin. Pour une fois, elle apprécia que son imagination lui ait fait défaut. Néanmoins, cela ne suffit pas pour qu’elle baisse sa garde. En effet, non seulement elle était toujours méfiante vis-à-vis du jeune homme qui l’accompagnait, ne connaissant pas ses véritables intentions, mais elle ne connaissait également pas les lieux et ne savait donc pas ce qui se cachait vraiment dans cette demeure.

Mademoiselle Parker resta donc debout devant la porte d’entrée qu’elle avait laissée entre-ouverte, attendant que Caleb revienne d’où il était et se préparant aussi à fuir au cas où quelque de suspect venait à se produire. Après près d’une minute à patienter, la jeune femme sursauta de peur lorsqu’elle entendit soudainement un bruit sourd en provenance d’une pièce à l’étage. C’était comme si un objet lourd venait de tomber sur le sol. Ne sachant pas exactement de quoi il s’agissait et voulant se rassurer que ce n’était pas un autre coup de la créature du livre, Chérone appela Caleb et lui demanda si tout allait bien.

- Ah ! T’es finalement rentrée ! Oui, t’inquiete. Tout va bien. J’ai juste fait tomber quelque chose sur le sol, répondit-il.

Chérone était quelque peu soulagée que ce ne fût rien de plus qu’un objet tombant sur le sol. Néanmoins, le fait de se retrouver toute seule ne la rassurait toujours pas, la créature qui la poursuivait pouvait faire son apparition à n’importe quel moment.

- T’as besoin d’aide ?!

- Non, merci ! C’est bon, je gère.

- T’es sur ?! Tu peux me le dire si tu as besoin d’aide ! J’serai ravie de te prêter main forte, insista-t-elle.

- T’inquiète ! J’ai déjà trouvé ce dont tu as besoin. J’descends dans peu.

- OK ! Dépêche-toi alors !

Après une ou deux minutes d’attente, Caleb retourna au rez-de-chaussée où Chérone l’attendait patiemment devant la porte. En la voyant, il lui demanda comment elle trouvait son chez lui, ce à quoi elle répondit sur un ton plutôt sarcastique que c’était idiot de sa part de la conduire dans cette maison.

- Un dealer de drogue qui conduit un de ses clients dans sa demeure, c’est du jamais vu. Tu n’as pas peur qu’un de ces quatre je ramène les flics chez toi ? poursuivit-elle.

- T’as une bouche bien pendue pour quelqu’un qui a besoin de ça…

À ce moment précis, le jeune homme lui présenta ce qu’elle désirait tant, à savoir le médicament qui allait l’empêcher de fermer l’oeil le temps qu’elle trouve quelque chose de concret afin de se débarrasser de la créature du livre.

- Maintenant, à toi de voir si tu veux appeler les flics ou pas. J’ai hâte de voir la tête qu’ils feront quand tu leur expliqueras la raison de ta venue, poursuivit-il.

Caleb n’avait pas tort. Le dénoncer à la police reviendrait à se dénoncer elle-même. De plus, elle avait vraiment besoin de ce médicament, la situation dans laquelle elle était l’exigeait. Chérone s’approcha donc du jeune homme et essaya de récupérer ce qu’il avait dans la main.

- Pas si vite ! Money first, s’exclama-t-il en mettant à l’écart le médicament.

- OK ! C’est quoi ton prix ?

La jeune femme se mit soudainement à la regarder de façon quelque peu obscène, ce qui fit immédiatement comprendre à Chérone ce qu’il voulait. Cependant, il était hors de question pour elle de s’adonner à ce genre de pratique et lui dit donc qu’il pouvait toujours courir avant de se retourner et de prendre la direction de la porte. Mais pour qui la prenait-il ? Elle était certes désespérée, mais pas au point de se donner à une personne pour obtenir un « putain » de médicament.

- Comment j’ai pu être aussi conne ? J’aurais dû le voir venir plus tôt, pensa-t-elle.

Au moment où Chérone s’apprêtait à saisir la poignée de porte, le jeune homme l’attrapa brusquement par la main.

- Attends ! Ne t’en va pas comme ça, s’exclama-t-il en même temps.

- Lâche-moi immédiatement !

- Du calme ! Pas besoin de te mettre dans un tel état. Écoute, je m’excuse. Je n’aurais pas dû réagir de la sorte.

Malgré ses excuses, la jeune femme n’était absolument pas convaincue. À vrai dire, Parker se disait qu’il s’agissait d’une ruse pour lui faire baisser sa garde une fois de plus. Sentant la méfiance de sa cliente, Caleb finit par lui faire une offre alléchante. En effet, il lui proposa dix comprimés à moins de 30 dollars.

- Généralement, je fais ce packaging à 50, mais je ferai une exception en guise d’excuse, poursuivit-il.

Chérone resta néanmoins silencieuse devant la proposition du jeune homme. Certes, cette dernière était attrayante et elle avait largement les moyens de l’accepter, mais elle avait encore sa récente réaction dans la tête. Son comportement lui avait vraiment donné une très mauvaise image à ses yeux, une image qui était déjà entachée par le fait qu’il était en revendeur de substances illicites.

Devant cette cliente qui ne prononçait aucun mot, Caleb se demanda ce qui n’allait pas chez elle. N’était-elle pas celle qui avait besoin de ce médicament ? N’était-elle pas celle qui était désespérée au point d’avoir été prête à commettre un acte répréhensible dans les locaux de l’hôpital quelques dizaines de minutes auparavant ? Si tel était bien le cas, pourquoi restait-elle silencieuse ? Se pourrait-il qu’elle voulût qu’il baisse encore son prix ? Chérone avait beau être une jeune femme très attirante, il était hors de question pour lui qu’il réduise son prix de vente.

- Écoute, si tu ne…

- Je prendrai toute une boîte. Ça fait combien ? dit-elle brusquement en l’interrompant.

- Quoi ?!

- Aussi, tu acceptes les paiements via Transit ?

- Euh ! Oui, je les accepte.

- OK ! Donne-moi ton identifiant et le montant total que j’ai à payer.

La jeune femme sortit alors son téléphone portable de sa poche, ce qui rendit Caleb quelque peu perplexe. En effet, il avait du mal à comprendre ce qui venait de se produire sous ses yeux. Quelques secondes auparavant, Chérone semblait ne pas vouloir acheter son produit, mais maintenant, elle voulait prendre une boîte entière. Son comportement le rendit très méfiant et il commença à se dire qu’il devrait prendre certaines mesures vis-à-vis d’elle. Le jeune homme lui demanda donc de se calmer et de lui expliquer ce qui était en train de se passer.

- Quoi ?! Tu ne fais pas ce genre de packaging ? Ou tu n’en as pas assez ?

- J’en ai assez, mais ce n’est pas ça le souci.

- Il est où le problème alors ?

Caled resta silencieux quelques instants, analysant la situation dans laquelle il se trouvait. La jeune femme en face de lui désirait obtenir une boîte entière de médicament, ce qu’il avait effectivement à sa disposition. Mais était-elle réellement en mesure de payer ? Il fallait qu’il en soit certain.

- Pour une boîte entière, ce sera 200 dollars.

- 200 dollars ?!

- Yep ! Avec ça, tu as de quoi tenir un mois quoique je ne conseillerais à personne de prendre ce truc pendant 30 jours d’affilé.

C’était vraiment un montant assez conséquent pour la jeune femme. Elle avait déjà dépensé énormément afin de se rendre chez ses parents et c’était à peu près ce qui lui restait au moment présent. Toutefois, il s’agissait d’une aubaine pour elle. En un mois, elle trouverait forcément une solution pour se débarrasser du vieil ouvrage et de la créature qui la poursuivait sans cesse. Chérone accepta donc le prix fourni par Caleb et lui demanda à nouveau son identifiant. Le jeune homme le lui fournit et reçut peu de temps après une notification sur son téléphone lui signalant que son compte avait bel et bien été crédité de 200 dollars.

- Tu peux maintenant me remettre toute la boîte, rétorqua Chérone en tendant sa main.

Sourire aux lèvres, Caleb lui donna les comprimés qu’il possédait sur lui avant de lui dire de patienter pendant qu’il allait chercher le reste à l’étage. Parker profita alors de la situation pour lui demander s’il pouvait également lui fournir un verre d’eau.

- Pour quoi ?

- Pour boire les comprimés. À moins que tu n’aies pas ça dans ton fameux chez toi.

Le jeune homme n’appréciait vraiment pas le ton sarcastique sur lequel elle s’adressait à lui depuis un certain temps. C’était comme si elle essayait délibérément de le provoquer et de voir comment il allait réagir juste après. Malheureusement pour elle, il était de trop bonne humeur pour céder à ses provocations, venant de conclure une excellente transaction.

- J’t’apporte ça tout de suite.

Caleb se rendit donc dans la cuisine où il se servit un verre d’eau qu’il apporta ensuite à Chérone avant de remonter à l’étage. Se retrouvant à nouveau toute seule, Parker profita de cette occasion pour sortir deux comprimés de leur emballage qu’elle avala juste après. Ça y est, elle avait enfin un moyen pour échapper à cette créature. Elle pouvait désormais avoir un peu de répit et réfléchir sur un moyen efficace de se débarrasser de ce monstre. Mais avant tout, elle devait retourner chez elle. En pensant à cela, la jeune femme se remémora tout ce qui s’était passé à l’hôpital, notamment à la façon dont elle avait parlé à ses parents. Comment allait-elle faire pour leur expliquer tout ce qui s’était passé ? Elle ne pouvait tout simplement pas leur parler du livre et de la créature qui résidait à l’intérieur. Ils la prendraient pour une folle. Mais quoi qu’il en soit, elle était dans l’obligation de trouver une explication. Elle ne pouvait pas juste retourner chez eux et faire comme si rien n’était arrivé. C’était un véritable casse-tête.

Alors qu’elle était en train de réfléchir, la jeune femme entendit à nouveau le bruit sourd en provenance d’une pièce à l’étage. Elle ne put à ce moment pas s’empêcher de se poser des questions sur la chose qui causait ce bruit. Chérone était alors tentée de monter et de voir ce qu’il fabriquait, mais elle préféra laisser sa curiosité de côté. Caleb n’apprécierait sans doute pas qu’elle agisse de la sorte. En effet, elle ne savait pas sur quoi elle allait tomber. Le jeune homme pouvait bien cacher des choses dangereuses à l’étage et les découvrir risquerait de mettre sa vie en danger. Aux dernières nouvelles, elle était seule avec lui dans cette maison, il pourrait clairement tirer avantage de la situation. Lorsque cette pensée traversa sa tête, Parker s’avança de nouveau vers la porte de sortie, prête à s’enfuir au cas où quelque chose venait à se produire.

Caleb revint auprès de Chérone quelques minutes plus tard, tenant dans sa main une boîte de modafinil. Il la remit à la jeune femme qui le remercia par la suite.

- Avec les comprimés que je t’ai donnés tout à l’heure, ça en fait 60 en tout. C’est suffisant pour tenir tout un mois.

- Un mois devrait être suffisant pour me débarrasser de cette créature, dit-elle en attrapant la boîte.

- Pardon ?!

- Non. Non. Je me parlais à moi-même.

Avec cet échange, la transaction entre les deux venait de prendre fin. Maintenant, il ne restait plus qu’à Chérone de trouver un moyen de se débarrasser de la créature du livre. Mais avant toute chose, il fallait qu’elle rentre chez elle.

A suivre !!!

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