Chapitre 5 - Week-end de la Fête nationale suisse (8)

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Dimanche 2 août 1964, chalet de Frédéric, Verbier

Koen parla ensuite de son exposé sur le pénis et du week-end chez les architectes, il raconta chacun des orgasmes qu’il avait eus.

— Vous ne vous ennuyez pas dans votre école, dit Dominique en riant. Vous étudiez aussi en plus de tripoter l’apprenti cuisinier ?

— Oui, j’ai progressé en allemand, dit Frédéric. Je vais d’ailleurs passer mon bac dans cette école si mon père est d’accord.

— Tu as du courage de le passer dans une autre langue, et quelles études feras-tu après ?

— HEC, il faudra bien pour reprendre la direction de l’entreprise après mon père.

— Tu n’as pas l’air enthousiaste…

— J’ai été impressionné par les réalisations des deux architectes, j’aimerais bien retourner les voir pour discuter avec eux de leur métier. Il me plairait.

— Je t’accompagnerai, dit Koen, je discuterai avec le masseur pendant ce temps.

— Tu n’as qu’à laisser ta sœur Marie succéder à ton père lorsque le moment sera venu, dit Daniel, elle va aussi faire HEC à la rentrée.

— Tu plaisantes ? fit Frédéric. Une femme à la direction ?

— Pourquoi pas ? dit Dom, les temps changent. Ton père t’a-t-il promis que tu lui succèderas ?

— Cela se fait ainsi depuis des générations, de père en fils. Tu as raison, il ne me l’a jamais promis, il faudra que j’aie un échange sérieux avec lui.

Frédéric se remémora des conversations familiales. Son père avait toujours encouragé ses sœurs à être ambitieuses, à ne pas se contenter de leur rôle traditionnel de femme au foyer. Avait-il eu des doutes quant aux capacités de son fils à diriger une entreprise ? Ou à fonder une famille ?

— Et toi, Koen, demanda Dom, où vas-tu étudier ? À Heidelberg, vers ton professeur Latte ?

— Non, à Zurich.

— À Zurich ? s’étonna Frédéric, tu ne m’en as jamais parlé.

— C’est encore secret, le professeur Latte enseignera à Zurich dans une année. J’ai envie de suivre ses cours.

— Quand te l’a-t-il dit ?

— Il m’a écrit la semaine dernière pour m’envoyer des copies de ses articles de la revue Der Ring.

— Ils l’ont viré parce qu’il s’intéressait de trop près aux étudiants ?

— Non, mais ils ont décidé d’arrêter ses recherches sur l’orgasme. Ils disent que cela ne sert à rien. Il l’a appris en rentrant de Kesswil, il s’en doutait et il avait déjà pris contact avec l’université de Zurich où il fera des recherches sur la dysfonction érectile, ce sera plus utile.

— Dommage, tu ne pourras plus servir de cobaye dans son labo.

— Je te rassure, c’est seulement dans une année qu’il vient en Suisse, tu pourras aussi apporter ta contribution à la Science pendant les vacances d’automne.

— Tu as de la chance, dit Dominique, ironique, je t’envie…

Frédéric n’était pas enchanté de cette perspective, mais il ne voulait pas laisser Koen aller seul à Heidelberg.

— Et toi, Daniel ? demanda Frédéric, tu veux toujours étudier l’histoire de l’art ? Aussi à Zurich ? Tu pourrais devenir colocataire de Koen.

— Ce serait trop fatiguant de me branler deux fois par jour avec lui, et je ne sais pas assez bien l’allemand, ce sera à Lausanne.

— Tu pourras loger chez ton cousin, dit Koen.

— Je me contenterai d’une branlette pas jour, dit Frédéric.

— Halte ! dit Dominique, vous n’allez pas me le voler. Je vous le prête de temps en temps mais pas en permanence. Vous avez encore tous une année avant votre bac, il faudra penser un peu plus au travail et un peu moins au cul.

Frédéric croyait entendre sa mère, mais Dom avait raison, il faudrait se calmer à la fin des vacances d’été.

Plus tard, Frédéric demanda à ses invités s’ils voulaient boire un dernier verre de vin rouge, ils refusèrent poliment, prétextant de la fatigue. À 22 heures, ils décidèrent de se coucher. Ils eurent un moment d’hésitation, puis ils confirmèrent leur choix de changer de partenaires. Frédéric se retira dans sa chambre avec Daniel, Dominique et Koen dans celle des sœurs.

Koen était hésitant, il enleva sa chemise et ses pantalons, mais laissa son débardeur et son slip.

— Tu es bien timide ce soir, dit Dominique, tu as peur de te déshabiller devant moi ? Je vois tous les jours les bites de mes patients à la clinique et il me semble avoir déjà vu la tienne, pas plus tard que hier.

— Je crois que c’est parce que tu es une femme.

— Tu sais bien que je ne suis pas vraiment une femme.

— Tu l’es dans ta tête.

— On peut dormir sans se toucher, en tout bien tout honneur.

— Non, il n’y a pas de raison. Tu es plutôt passive ou active avec Daniel, si ce n’est pas trop indiscret ?

— On alterne les deux, et toi ?

— Je suis actif et Frédéric passif, ce soir j’ai envie du contraire.

— Comme tu voudras, je pense que tu es fatigué, moi j’ai fait la grasse matinée. Couche-toi, c’est la belle infirmière qui va requinquer le beau médecin épuisé après dix opérations, comme dans les romans à l’eau de rose.

Les lits étaient séparés, Koen se coucha sur l’un d’entre eux. Dominique enleva sa robe et ses sous-vêtements, retrouvant ainsi un aspect plus stimulant pour un homosexuel. Koen sourit.

— Tu dois me trouver ridicule avec mes habits féminins, dit-elle.

— Pas du tout, je te respecte comme tu es. Je suis étonné, lorsque je t’ai vue la première fois il me semblait que tu étais très sage, je t’aurais imaginée former un couple fidèle avec Daniel.

— Puisqu’il veut absolument baiser avec son cousin, je ne vois pas pourquoi je ne profiterais pas de toi. On t’a dit déjà dit que tu es craquant ?

— Oui, on me l’a dit, mais aussi que je suis chiant avec mes théories.

— Alors, ne dis rien, et laisse-moi profiter de ton corps. Si Jacques a réussi à te faire bander, je vais aussi y arriver.

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