Chapitre 8 - Hippies au Monte Verità (1)

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Dimanche 9 août 1964, Monte Verità, Ascona

Peu avant leur mort prématurée dans un accident de voiture, les parents de Giorgio Bernasconi avaient acheté le domaine du Monte Verità pour compléter leur parc immobilier. Les bâtiments avaient subi les outrages du temps depuis que la Colonie coopérative végétarienne Monte Verità avait cessé de les entretenir et s’était dissoute. Il était prévu de les rénover et d’en faire un complexe hôtelier cinq étoiles.

Giorgio, fils unique et seul héritier, en décida autrement. Il laissa les bâtiments en l’état, se contentant des réparations indispensables pour garantir la sécurité des hôtes. Renouant avec la tradition de la coopérative, il décida d’accueillir des hippies, mouvement qu’il avait connu lors d’un séjour aux États-Unis. Il renonça au matriarcat et au végétarisme mais garda le naturisme. Il déménagea dans le domaine avec sa femme Maria et son fils Flavio. Les rentes de ses autres propriétés le mettaient à l’abri de tout souci financier.

Giorgio avait fait un séjour dans la clinique où travaillait Dominique afin de faire opérer ses hémorroïdes. C’est ainsi qu’elle avait entendu parler du Monte Verità et décidé d’y passer quelques jours de vacances. Elle ne connaissait pas encore Daniel à ce moment-là, elle avait espéré que ce séjour lui permettrait de trouver un partenaire, pensant que les hippies étaient plus tolérants envers les personnes comme elle.

Dominique et Daniel se rendirent au Tessin avec la deuche en passant par le tunnel du Simplon et les Centovalli. Ils arrivèrent à Ascona vers 16 heures. En marchant depuis le parking jusqu’à l’entrée de l’hôtel, ils virent un hamac multicolore suspendu entre deux arbres. Un jeune homme nu était couché dessus et dormait, son sexe érigé leur parut disproportionné par rapport à son corps gracile. Ils l’observèrent un instant. Giorgio vint à leur rencontre. Il était vêtu d’un slip de bain et on voyait son début d’embonpoint.

— Bonjour, chers amis, dit-il. Bienvenue !

— Bonjour, monsieur Bernasconi, fit Dominique. Vous aviez raison, le naturisme est toléré ici.

— C’est mon fils, Flavio, un garçon différent, très attachant. Il cherche le contact avec tout le monde, ne vous en offusquez pas. Il viendra vous donner des explications sur le fonctionnement de la maison, je le laisse faire, il faut bien qu’il s’occupe pendant les vacances.

Dominique présenta Daniel à Giorgio.

— Ici tout le monde se tutoie, expliqua celui-ci. Je vais vous montrer votre chambre.

Flavio s’était réveillé, il se leva et les suivit.

La chambre était spartiate, il y avait deux lits séparés, seulement un lavabo et pas de salle de bain.

— Je vous laisse vous installer, dit Giorgio. Les douches et les toilettes sont juste en face, de l’autre côté du couloir. Le dîner est à 19 heures, vous pouvez descendre plus vite pour boire l’apéro et faire connaissance avec les autres. À plus tard.

Dominique et Daniel sortirent sur le balcon pour contempler la vue, avec le Lac Majeur en contrebas.

— C’est le paradis terrestre ici, fit Daniel.

— La vue sur le lac Léman est aussi belle chez moi, dit Dominique.

— Je pensais plutôt à la nudité et l’innocence comme au jardin d’Éden.

— Ce devait être comme ceci au début du siècle, le naturisme sans sexe. De nos jours, je n’y crois plus. Enfin, nous verrons bien, laissons-nous surprendre.

Les deux amis commencèrent à vider leurs valises lorsqu’on frappa à la porte. Daniel ouvrit, c’était Flavio, il était toujours nu, il ne bandait plus.

— Bonjour, dit-il en français avec un léger accent italien. Je peux entrer ?

— Euh, oui, entre, ton père nous a prévenus de ta visite.

— C’est toi Daniel ?

— Oui c’est moi, je suis avec mon amie Dominique.

Flavio la regarda attentivement.

— Tu es vraiment une femme ? demanda-t-il.

— Oui, répondit-elle, qu’est-ce qui te fait penser que je ne suis pas une femme ?

— Je suis sûr que tu as un zizi.

— Bah, oui, tu as raison.

— Tu me le montres ?

Dominique était décontenancée, elle ne savait pas que répondre.

— Tu as peur de te déshabiller devant moi ? continua Flavio. J’en vois tous les jours des zizis, des foufounes aussi. Mon père ne t’a pas dit ?

— Si, nous savons que le naturisme est autorisé ici.

— Et tout le monde couche avec tout le monde, je le fais aussi bien avec les hommes que les femmes. Ça s’appelle être bisexuel. Tu as des nénés ?

— Non, j’ai gardé mon corps d’homme.

— Tu es comme tout le monde, alors, pas de quoi avoir des complexes. Tu as une petite bite ?

— Plus petite que la tienne, en effet, dit Dominique en riant.

— Je sais, on me dit souvent qu’elle est grosse. Ce n’est pas la taille qui compte. Vous ne voulez pas prendre de douche et vous branler ? Vous avez dû transpirer, il a fait très chaud aujourd’hui. Moi j’ai envie d’en prendre une, je vais vous montrer où c’est.

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