Chapitre 13 - La Confrérie de Vincelard (1)

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Vendredi 11 septembre 1964, maison de Frédéric, Lausanne

À l’école de Hinterhoden, le vendredi après-midi était consacré au sport. Franz avait donc pu donner congé à Frédéric et Koen car il savait qu’ils seraient très actifs pendant le week-end. C’était pour eux la première réunion de la Confrérie de Vincelard. D’innocents, ils seraient intronisés arpètes, premier grade avant de devenir plus tard compagnons, deuxième grade. Officiellement, les confrères ne se réunissaient que pour rendre hommage à Bacchus, alors qu’en réalité ils rendaient aussi hommage à Priape.

La confrérie était normalement réservée aux personnes disposant d’organes génitaux de type masculin, le comité se réservant le droit d’autoriser des exceptions. Pour entrer dans la confrérie, il fallait être parrainé par deux autres confrères, Franz et Urbain l’avaient fait pour Koen et Frédéric, ils pouvaient certifier qu’ils disposaient des attributs nécessaires, ils pouvaient même certifier que ces attributs fonctionnaient parfaitement, ce qui n’était cependant pas obligatoire, certains confrères étaient âgés et avaient perdu leur vigueur juvénile.

Le règlement permettait aux confrères d’inviter une autre personne aux réunions, un convié, dont la participation devait avoir été validée par le comité. Les conviés étaient de préférence des éphèbes, on murmurait même que certains étaient rémunérés pour leur participation, proportionnellement à la longueur de leur membre. Ce n’était pas le cas de Laertes et Hiroshi qui avaient accepté avec enthousiasme l’invitation que leur avait faite Koen et Frédéric.

Urbain était allé à Grindelwald chercher les deux innocents et les deux conviés. Ils arrivèrent chez Frédéric, à Lausanne, vers 17 heures. Après avoir salué sa mère et ses sœurs, comme il faisait encore chaud pour la saison, ils décidèrent de se baigner nus dans l’étang du parc. Frédéric prit des linges et ils se déshabillèrent au bord de l’eau avant de s’y plonger. Ils se séchèrent ensuite et s’assirent sur leurs linges, dans l’herbe.

Ce qui devait arriver arriva, la douce torpeur des derniers jours de l’été réveilla leurs virilités endormies. Charles, le père de Frédéric, les surprit à ce moment-là.

— Bonjour Messieurs, dit-il. Vous n’avez pas lu le règlement de la confrérie ?

— Euh, oui, dit Frédéric, penaud, les innocents ne doivent pas éjaculer deux jours avant leur intronisation.

— Et qu’êtes-vous en train de faire ?

— Je voulais simplement vérifier la longueur de leur pénis, fit Koen.

— Ne me dis pas que tu ne les avais jamais vus.

Hiroshi se leva, fit une courbette tout en cachant sa bite érigée de la main gauche.

— Ne te gêne pas pour moi, dit le père en riant et en lui tendant la main. Bienvenue, Hiroshi.

Charles salua aussi Laertes.

— Ainsi, c’est toi qui testes les préservatifs dans la fabrique de ton père.

— Tu es bien renseigné.

— Mon fils est parfois trop bavard. Tu as aussi fait du théâtre ?

— Oui, j’ai joué Richard III ce printemps.

— Beau rôle. Nous pourrons en parler plus tard, rhabillez-vous, l’apéritif est prêt sur la terrasse.

Charles les laissa. Hiroshi demanda à Frédéric :

— Cela ne te gêne pas que ton père t’ait vu bander ?

— Son père l’avait déjà vu bander, dit Koen.

— Comment le sais-tu ? s’étonna Frédéric. Je ne te l’ai jamais dit.

— Vous êtes allés vous promener ensemble, j’ai deviné.

— Oui, et cela n’a aucune importance puisqu’il nous verra de nouveau à poil demain.

— Et toi, Laertes, demanda Koen, ton père t’a déjà vu bander ?

— On t’a déjà dit que tu es trop curieux ?

— Très souvent.

— Repose-moi la question un jour où j’aurais trop bu.

Après le repas, des grillades accompagnées de salades, ils allèrent à pied jusqu’à Ouchy et dégustèrent des coupes glacées. Le soir, Frédéric fut inflexible, il refusa que Koen le baisât.

Samedi 12 septembre 1964, château de Vincelard, Blonay

Charles et Urbain faisaient partie du comité de la confrérie, ils partirent tôt le matin car ils avaient une séance avant la réunion. Les quatre amis prirent le train pour se rendre à Blonay. Ils y étaient attendus à 11 heures, alors que les autres confrères arriveraient à midi.

Un garde de sécurité était posté à l’entrée du château et ils durent décliner leur identité avant d’entrer dans la cour. Il y avait déjà quelques voitures et le minibus de l’école. Frédéric se demanda si Franz avait invité un des élèves de l’école. Le fils du châtelain les accueillit, c’était un homme d’une trentaine d’années :

— Bonjour, Messieurs. Je m’appelle Jean-Pierre et je suis chargé de l’accueil des nouveaux.

Ils se présentèrent, puis entrèrent dans le château et montèrent jusqu’aux combles par un escalier étroit en colimaçon. Une grande salle sous la charpente était réservée aux innocents et conviés. Quatre jeunes gens étaient assis à une table et prenaient un apéritif en les attendant.

— Vous pouvez boire un verre de vin blanc, je suis obligé de limiter la quantité avant les cérémonies. Vous pourrez vous rattraper ce soir, mais nous n’aimons pas les abus. Sachez arrêter au bon moment.

Jean-Pierre leur donna des verres. Les autres se levèrent pour trinquer. Franz avait invité les jumeaux Sacha et Vania.

— Le règlement ne prévoit d’inviter qu’une personne, dit Koen, comment est-ce possible que vous soyez les deux là ?

— Nous sommes inséparables, le règlement sera modifié pour les jumeaux.

Frédéric reconnut l’un de ses anciens camarades du gymnase, François-Xavier. Ils n’avaient pas fréquenté la même classe. Frédéric ne l’aimait pas, il le trouvait trop prétentieux et méprisant avec les autres. FX, c’était son surnom, était le fils d’un banquier privé, Hubert de la Hautecontre.

— Toi ? FX ? Ici ? Je m’étonne, je pensais que tu avais couché avec toutes les filles du gymnase.

— Réputation très surfaite, dit François-Xavier, ce n’est que la moitié. C’est vrai qu’elles me trouvent très séduisant.

— Elles n’ont pas tort. Mais certaines disent que tu as une petite queue. De la médisance, je suppose.

— Je te prie de ne pas ébruiter le fait que je suis homosexuel, ou plutôt bisexuel car il m’arrive effectivement de déflorer des filles.

— Je ne suis plus au gymnase à Lausanne, je suis dans un internat en Suisse alémanique. C’est ton père qui t’a parrainé ?

— Mon père est le trésorier de la confrérie, ne l’ébruite pas non plus. Les membres d’une même famille n’ont pas le droit de se parrainer entre eux. C’est ton père qui m’a parrainé, avec son chauffeur. Il ne t’a pas dit ?

— Non, il ne m’a pas dit, je ne le vois pas souvent. Tu as dû leur montrer que tu as une bite ?

— Oui, c’était assez humiliant qu’on puisse penser que je n’en ai pas. En plus, j’ai bandé lorsqu’ils la regardaient, ils en ont profité pour contrôler si j’avais des éjaculations, ce qui n’était pas obligatoire.

— Je me réjouis de la voir, fit Frédéric en souriant, et mon ami Koen te dira si sa longueur est dans la moyenne.

FX fit la moue.

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