Chapitre 13 - La Confrérie de Vincelard (15)

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Samedi 12 septembre 1964, château de Vincelard, Blonay

Après cette première ronde, les nouveaux arpètes et les conviés se retrouvèrent devant les alcôves et chacun raconta aux autres ce qu’il avait vécu. Koen paraissait le plus enthousiasmé par son passage à la clinique du Dr Frankenstein :

— Je dois absolument apprendre à faire des moulages, pas pour les laisser ici, pour débuter une collection personnelle. Je vais mouler les bites de tous les élèves de l’école, en souvenir.

— Tu penses qu’ils seront d’accord ? fit Frédéric. Et qu’en feras-tu ?

— Cela décorera ma maison lorsque j’en aurai une. Il y a bien des gens qui collectionnent des timbres ou des pièces de monnaie.

— Tu posséderas une maison ?

— Si tu deviens architecte, ce sera la moindre des choses que tu m’en bâtisses une.

— Je pourrais aussi y habiter avec toi ? Il faudra prévoir une chambre d’amis…

— OK, j’aurais dû dire « notre » maison.

— Tu te débrouilleras pour trouver une femme de ménage qui acceptera d’enlever la poussière sur ces bites.

Les jumeaux demandèrent ensuite à Koen ce qu’il pensait de l’expérience qu’ils avaient eue avec Graf & de Bruson. Le néerlandais regarda le tableau électrique et dit :

— Aucune valeur scientifique, vous voyez ce rhéostat ? L’opérateur, votre Dr. Messmer, a varié lui-même l’intensité pour stimuler les pénis des Bâtisseurs. Il n’y avait aucun lien avec votre propre excitation.

— C’est bien ce nous pensions, dit Sacha.

— Cela ne nous a pas empêchés d’éjaculer en même temps, dit Vania.

— C’est ce qui m’intrigue, dit Koen. Vous voulez toujours venir avec nous à Heidelberg pour faire des tests avec le Dr. Latte, pendant les prochaines vacances ?

— Oui, nous sommes toujours d’accord.

— On pourrait en discuter maintenant, fit Frédéric. La secrétaire de mon père doit organiser le voyage.

— Je n’ai pas le temps, dit Koen, je dois mouler ta bite.

— Tu n’a jamais entendu parler de la période de latence entre deux érections ? s’étonna Frédéric. La journée n’est pas terminée, discutons d’abord.

Koen dut se rendre à l’évidence que son ami avait raison, ils se rendirent au fond de la cave et s’assirent à une table. Ils se servirent de café et d’une tranche de cake à un petit bar, alors que quelques autres confrères en étaient déjà à l’apéritif. La plupart s’étaient cependant débarrassés de leurs capes et s’ébattaient sur les lits. Frédéric dénicha un crayon et une feuille de papier dans la septième alcôve et il prit des notes.

— Le professeur nous attend le lundi 5 octobre, dans l’après-midi, expliqua Koen, pour nous présenter l’université et les autres étudiants. Les expérimentations débuteront le lendemain.

— Nous pourrions partir le dimanche 4, dit Frédéric. Cela me permettrait de faire un saut à Lausanne le 3.

— Attends, fit Vania, nous nous arrêterons à Baden-Baden pour voir notre tante et nous passerons la nuit du 4 au 5 chez elle.

— Elle n’a pas assez de place pour vous accueillir aussi, ajouta Sacha, elle a un petit appartement.

— Pas de souci, nous dormirons à l’hôtel, dit Frédéric.

— Je préférerais l’auberge de jeunesse, objecta Koen.

— Tes désirs sont des ordres, je pourrai faire une fois des économies. Tu prendras un sac à dos, c’est plus pratique qu’une valise. Je commande un billet de train en deuxième classe ? Ou en troisième ? Non, ça n’existe plus.

— Je ne voudrais pas t’infliger trop d’inconfort, la première classe ira très bien.

— Et à Heidelberg ? demanda Frédéric. On dort où ?

— Le Dr. Latte s’en occupera, il connaît une pension qui a des chambres pour les étudiants de passage. La dame qui la tient est très sympathique, m’a-t-il dit, il y a juste un problème : on n’a pas le droit de laisser entrer des filles.

— Tu seras sage, alors, pas question d’aller au bal et de tomber amoureux d’une Mädchen.

— La probabilité que je tombe amoureux d’une Mädchen est infinitésimale.

— Mais pas nulle.

Koen s’impatientait :

— Tu as tout noté ? On va faire ce moulage ? Les jumeaux, vous venez aussi ?

— Ce sera plus simple avec nous, dit Sacha, un seul suffira.

— Et ton grain de beauté ? Ou celui de ton frère ? On doit voir la différence.

— Nous ne l’avons plus. Nous sommes allés chez un dermato pour le faire enlever.

— Je ne vous crois pas. Montrez-moi !

— Ici ? Devant tout le monde ?

— Vous êtes déjà à poil, il me semble.

— Oui, j’avais oublié.

Les jumeaux se levèrent, se décalottèrent et Koen put constater que leurs bites étaient maintenant totalement identiques. Il les caressa et dit à Frédéric :

— Tu vois, le temps de latence n’est pas le même chez tout le monde. Eux, ils sont déjà prêts à l’emploi.

— C’est un reproche que tu me fais ?

— Pas du tout, c’est juste une observation scientifique sans aucun jugement. Allons-y.

— Tu sais comment on fait les moulages ?

— Je sais tout.

Je ne vais pas vous raconter tout ce qui se déroula ensuite. Sachez que la soirée débuta par un banquet et se termina pour beaucoup de confrères par un abus de boissons alcoolisées qui annihila leur libido.

Ce n’était pas le cas des nouveaux arpètes et des conviés qui avaient bu avec modération. Ils furent étonnés lorsque le Chambellan, Urbain, leur imposa le port d’une cage de chasteté avant de se coucher.

— C’est pour éviter que vous vous masturbiez pendant la nuit, expliqua-t-il. Vous devez être en forme demain matin.

— Pourquoi ? demanda Frédéric. Nous devrons aller au culte et ne pas nous endormir pendant le sermon ?

— Nous ne nous mêlons pas de vos convictions religieuses, dit Urbain.

— Je pense que c’est plutôt parce que les autres confrères auront la gueule de bois, dit François-Xavier. Voir des jeunes bander les stimulera.

— Je ne fais qu’appliquer le règlement, dit Urbain en ouvrant une armoire et en distribuant les cages de chasteté.

Elles étaient de plusieurs formes, ils les mirent et regardèrent avec amusement leurs pénis entravés.

— C’était intéressant, dit Koen, nous allons les renlever.

— Pourquoi ? demanda Urbain.

— Parce que c’est contraire à l’article 5 de la Déclaration universelle des droits de l’homme : Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

— Tu l’as mise toi-même.

— Oui, c’était pour essayer, mais c’est inhumain d’empêcher un homme de bander pendant la nuit, et très dangereux d’un point de vue médical.

— Je ne peut pas te forcer, en revanche je passerai la nuit avec vous et c’est moi qui contrôlerai personnellement que vous ne vous branliez pas.

— Tu ferais ça ?

— Je suis le Chambellan, chargé du service de la chambre. Au lit, les gamins. Bien sur le dos les bras croisés sur la couverture de laine.

Le lendemain matin, François-Xavier et Djibril quittèrent discrètement le château après le petit déjeuner et ne revinrent à aucune autre réunion de la Confrérie de Vincelard. Koen n’avait hélas pas eu le temps de faire un moulage de leur bite.

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