Chapitre 14 - Voyage en Allemagne (6)

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Lundi 5 octobre 1964, Baden-Baden, puis Heidelberg

Frédéric et Koen se réveillèrent tôt, alors que les Belges dormaient toujours. Ils sortirent de la chambre pour aller aux toilettes après avoir passé un slip propre pour cacher leurs intumescences matutinales.

— Tu penses qu’ils vont de nouveau se branler ce matin ? demanda Koen tout en observant la détumescence pré-mictionnelle de la bite de son ami, notant à quel niveau de rigidité l’urine commençait à couler du méat.

— Non, ils vont partir en randonnée et ils doivent préparer leurs sacs à dos.

— Et si je faisais un pari avec eux ?

— Allons plutôt nous doucher. J’ai pissé correctement ?

— Tout à fait, simple observation scientifique, t’inquiète pas.

Trois jeunes Allemands avaient déjà investi les douches et savonnaient leur pénis décalotté et la raie de leurs fesses, sans que cela eût déclenché une quelconque érection. Ils parlaient de la grosseur des seins des filles qui se douchaient dans le local adjacent et ne semblaient pas être homosexuels. Pour une fois, Koen ne fit pas de remarque et dut se contenter de mater leurs organes au repos.

Frédéric et Koen s’habillèrent et descendirent prendre le petit déjeuner. Denis s’assit plus tard à leur table.

— Bonjour, dit-il, bien dormi, les gars ?

— Bonjour, dit Frédéric, comme des loirs malgré le lit inconfortable, la branlette est un bon somnifère, et toi ?

— J’ai eu de la peine à m’endormir, j’ai réfléchi à une possible rencontre. Vous êtes un exemple à suivre.

— Je n’en suis pas sûr, nous ne sommes pas un couple fidèle.

— L’invitation tient toujours, dit Koen, quand tu voudras.

— Pas ce matin, je n’ai pas le temps, dit Denis, je viendrai en Suisse.

Frédéric alla chercher du papier et un crayon à la caisse et ils notèrent leurs adresses respectives. Les autres Belges les rejoignirent ensuite pour le repas.

Frédéric et Koen retrouvèrent les jumeaux et leur tante sur le quai de la gare. Elle leur parla de leur rencontre aux bains.

— J’espère que cela ne vous a pas gênés de nous croiser alors que vous étiez nus.

— Pas du tout, madame, fit Frédéric.

— Oui, vous devez avoir l’habitude, mes neveux m’ont expliqué.

— C’est exact.

Frédéric resta évasif car il ne savait pas ce que les jumeaux avaient raconté à leur tante. Avaient-ils aussi parlé du week-end à la confrérie ?

Le convoi entra en gare, c’était un train omnibus composé de wagons d’avant-guerre tirés par une locomotive électrique poussive et hors d’âge. Les jeunes gens s’installèrent dans un compartiment de première classe au charme suranné, ils baissèrent la fenêtre pour aérer.

— Vous avez aimé le séjour à l’auberge de jeunesse ? demanda Sacha.

— Oui, fit Koen, tu a vu nos compagnons de chambre aux bains.

— Très beaux, dit Vania.

— Belle queues, en effet, la plupart dans la moyenne lorsqu’ils bandaient.

— Vous les avez vu bander ?

— Nous nous sommes branlés, je pense que c’est normal dans ces ces auberges, non ?

— Normal ? dit Sacha en riant. Tu crois au Père Noël. Cela ne nous est jamais arrivé, ou alors cachés sous les draps. Comment avez-vous fait pour les persuader ?

— Le hasard, dit Frédéric, ils avaient fait un pari.

— La chance est toujours de votre côté, dit Vania.

— Comme pour le gain au casino, ajouta Koen. Et vous, vous vous êtes branlés chez votre tante ?

— Tu es bien curieux, dit Sacha.

— Comme d’habitude, dit Frédéric, tu n’es pas obligé de lui répondre.

— Je pensais que votre tante aurait désiré comparer… continua Koen.

— Pense, donc tu es, comme l’a dit Descartes, fit Frédéric, et regarde plutôt le paysage.

Ils descendirent du train à Heidelberg. Un homme vint à leur rencontre sur le quai :

— Bonjour messieurs, quatre beaux gosses dont deux jumeaux, facile de vous reconnaître. Je m’appelle Dieter Schulz, le Prof. Dr. Med. Schirrmacher m’a prié de vous souhaiter la bienvenue. Je suis un doctorant et j’ai commencé une thèse sous la direction du professeur, c’est moi qui ferai les expériences, pardonnez-moi ce terme, avec les jumeaux.

— Bonjour monsieur Schulz, dit Frédéric qui présenta ensuite ses amis.

— Nous pouvons nous tutoyer, mais je vous demanderais de vouvoyer le Prof. Dr. Med. Schirrmacher, même si vous l’avez déjà rencontré dans le privé et dans le plus simple appareil. C’est l’habitude ici.

— Pas de problème.

— Et ne l’appelez surtout pas le Dr. Latte, personne ne sait qu’il fait de la vulgarisation avec ce surnom obscène.

— C’est moi qui écris ses articles maintenant, dit fièrement Koen.

— Toi ? Tu n’es pourtant pas encore étudiant, si j’ai bien compris.

— C’est un génie, fit Frédéric.

— Le Prof. Dr. Med. Schirrmacher les contrôle avant la publication.

Les jeunes gens se rendirent dans le hall de la gare.

— Vous désirez manger quelque chose avant d’aller en ville ? demanda Dieter.

— Un sandwich suffira, dit Frédéric, le petit déjeuner était copieux.

— Oui, et en plus vous êtes invités ce soir.

— Chez notre logeuse ?

— Non, au Bremeneck, un bâtiment construit en 1465. C’est là que se réunit notre société d’étudiants le premier lundi du mois. Nous avons l’habitude de recevoir aussi les étudiants de passage pour qu’ils découvrent nos coutumes, coutumes viriles car nous n’acceptons pas les femmes. Si cela ne vous dérange pas d’être « entre hommes ».

— Pas du tout, dit Koen, nous ne sommes pas dans une école mixte non plus. En quoi consistent vos coutumes ?

— Rien de bien méchant, un petit bizutage.

Après s’être sustentés, ils se rendirent tout d’abord à la pension, une maison ancienne sur trois étages, dans une rue transversale. Frau Müller, une dame d’une soixantaine d’années, les accueillit chaleureusement. Elle leur montra leurs deux chambres mansardées, en s’excusant du confort sommaire. Elle réservait ces chambres aux étudiants de passage.

— Les toilettes sont à l’étage inférieur, mais, si vous voulez uriner dans le lavabo, cela ne me dérange pas car je sais que tous le font. Laissez couler l’eau. La salle de bain est aussi à l’étage inférieur. Les étudiants ne font pas de chichis entre eux et vous pouvez entrer alors qu’un autre se baigne ou se lave, les garçons sont tous faits la même chose entre les jambes.

Koen faillit objecter que ce n’était pas vrai et que chaque queue était différente.

— Vous pouvez aussi vous promener nus dans les couloirs. Je crois qu’on vous a dit qu’il est absolument interdit de laisser entrer des filles dans la pension, je ne veux pas de coucheries qui pourraient provoquer des grossesses indésirées, vous devriez quitter immédiatement la pension.

— Je vous comprends, dit Frédéric, je vous assure que nous respecterons cette règle.

— Je vous fait confiance. En passant, les coucheries entre garçons sont autorisées, au cas où vous seriez de ce bord. Cela ne me choque pas du tout, l’un de mes fils l’est, et aucun risque de grossesse…

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