Chapitre 1 - Le jour d’après (5)

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Samedi 18 juillet 1964, maison de Frédéric, Lausanne

Guy et Jacques se regardèrent, ne sachant pas que dire. Koen lut les emballages :

— Petit c’est jusqu’à 13 cm, moyen de 14 à 17 et grand 18 ou plus.

— Où as-tu trouvé ces boîtes de capotes ? demanda Frédéric, je ne les avais jamais vues.

— Il me les ont données hier à la clinique, regarde, il y a leur logo dessus. Ils venaient de les recevoir, c’est pour les distribuer aux ados qui viendront à leur consultation.

Frédéric se rappela qu’il avait vu le Dr Tissot à la clinique Beaumont pour une consultation urologique. Celui-ci lui avait appris qu’ils avaient décidé d’ouvrir une consultation pour adolescents avec l’aide de la fondation de son père. C’était aussi du marketing, en espérant que les ados reviendraient plus tard se faire soigner.

— Alors ? insista Koen, quelle taille ?

— Tu donnerais la taille de ton pénis en public, toi ? demanda Marie.

— Oui, 16,4 cm, pourquoi ?

Tout le monde éclata de rire. Frédéric prit les boîtes des mains de son ami et les tendit à Marie en disant :

— Débrouillez-vous. Koen est trop curieux.

Les deux sœurs et leurs amis prirent des linges de bain et se dirigèrent vers l’étang. Koen eut envie d’aller aussi se baigner, mais il se retint pour ne pas fâcher Frédéric qui lui demanda de le suivre à l’intérieur de la maison, afin d’éviter toute tentation. Chaque pièce était décorée de manière différente, celle où Frédéric mena son ami ressemblait à l’intérieur d’une station spatiale avec des affiches de films de science-fiction aux murs. Il y avait un vase avec une rose artificielle sur une étagère, Frédéric prit une clef à l’intérieur et ouvrit une armoire.

— C’est l’Index de mon père. Des publications pas pour les enfants, même si je me demande si tu n’es pas toujours un enfant.

L’armoire contenait des livres illustrés avec des photos d’hommes nus. Frédéric donna également une pile de magazines à Koen.

— C’est Der Ring, l’anneau, un magazine suisse pour les homosexuels. Je crois que mon père le soutient aussi avec sa fondation Starship. Tu y verras de la réclame pour notre école, pas étonnant que la proportion d’étudiants gays y soit supérieure à la moyenne.

Koen parut très intéressé par ces livres et magazines, il voulut s’asseoir à une table pour les lire. Frédéric lui rappela de mettre son linge sur la chaise car ils étaient toujours nus.

Frédéric ressortit sur la terrasse et dit à Dominique, Daniel et Urbain :

— Nous sommes tranquilles pour un bon moment.

— Il est parfois chiant ton ami, dit Daniel.

— Bah, j’ai l’habitude. Vous pouvez aller vous reposer dans la chambre d’amis si vous voulez.

Daniel regarda Dom en souriant :

— Qu’en penses-tu ?

— Excellente idée.

Frédéric monta dans sa chambre avec sa valise. Il eut la surprise de constater que tous les meubles avaient été changés pendant son absence. Il se souvint que c’était prévu, son père les avait commandés à deux architectes célèbres, Graf & de Bruson. Il avait maintenant un grand lit, ce qui serait parfait pour dormir avec Koen. Il eut quand même un pincement au cœur, c’était son adolescence qui avait disparu. Il regarda par la fenêtre et vit ses sœurs qui se baignaient. Il aurait pu les observer, mais il pensait qu’elles iraient ailleurs perdre leur virginité. Il se coucha sur son nouveau lit pour faire la sieste, il le trouva confortable et s’endormit sans se masturber.

— Je ne voudrais pas les juger, dit Guy, mais je trouve les amis de ton frère et de ton cousin assez bizarres.

— Pourquoi ? demanda Marie.

— Dominique dit être une femme alors qu’elle a le corps d’un homme.

— Je pense que c’est une folle, fit Jacques.

— Elle a des habits féminins, dit Michèle, mais je n’ai pas l’impression. Tu lui demanderas ce soir.

— Et Koen est aussi une pédale, fit Guy, mais il n’en a pas l’air, je le trouve plutôt viril.

— Il faudra changer vos préjugés envers les homosexuels.

— Vous saviez avant de les voir aujourd’hui qu’ils l’étaient ? demanda Jacques.

— On le supposait, répondit Marie, Daniel a sucé mon frère.

— Vous les avez vus le faire ?

— Non, mentit Marie.

— Tu penses qu’on est aussi homosexuels puisqu’on s’est branlés au camp ?

— Non, mais il va falloir le prouver.

Guy regarda en direction de la maison. Il ne vit plus personne sur la terrasse.

— Ils pourraient ressortir et nous mater.

— On va aller ailleurs, il y a notre cabane au fond du jardin.

Ils sortirent de l’étang, se douchèrent et se séchèrent. Marie prit les boîtes de capotes. Elle demanda en souriant :

— Alors, petit, moyen ou grand ?

— Moyen, dit Guy.

— Petit, avoua Jacques.

Michèle expliqua :

— Cette cabane était un havre où nous pouvions nous réfugier quand l’atmosphère de la maison était trop pesante, on pouvait raconter nos petits secrets et même y dormir en été.

— Votre frère venait avec vous ? demanda Guy.

— Parfois, quand il était plus petit. Il faut qu’on vous explique quelque chose. Les filles ont un hymen, vous savez ce que c’est ?

— Oui, je crois que crois que c’est une peau qui indique qu’une fille est vierge et le mari la déflore lors de la nuit de noces.

— Tu veux attendre qu’on soit mariés ? fit Marie en riant.

— Non, c’est la théorie.

— La pratique est parfois différente, continua Michèle, nous n’avons plus d’hymens.

— Vous avez déjà couché avec des garçons ? fit Jacques. Ça ne me dérange pas.

— Non, nous les avons déchirés en découvrant nos corps les deux ensemble, dans la cabane.

— Vous êtes des gouines ?

— Arrête de parler ainsi, je ne veux plus entendre les mots folles, pédales ou gouines. Nous nous avons découvert nos corps comme vous, vous vous êtes branlés au camp.

— Excuse-nous, on fera attention à notre langage, on n’a pas encore l’habitude de la haute société.

Les deux sœurs et leurs amis arrivèrent vers la cabane.

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