Chapitre 1 - Le jour d’après (7)

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Samedi 18 juillet 1964, maison de Frédéric, Lausanne

Michèle montra à Koen où se trouvait la chambre de Frédéric. Le Néerlandais frappa à la porte, n’obtenant pas de réponse il l’ouvrit. Son ami dormait sur le grand lit aux draps blancs, il n’était pas couvert et il bandait. La fenêtre était grande ouverte, cela ne suffisait pas à masquer l’odeur de la peinture fraîche. Koen comprit que la chambre avait été rénovée. Les murs était blancs avec deux tableaux, l’un représentant un homme nu et l’autre un paysage lémanique.

Koen s’assit sur le bord du lit, prit le pénis de son ami dans sa main et le caressa doucement. Frédéric gémit, s’étira et ouvrit les yeux. Il dit :

— Ah, c’est toi.

— Oui, c’est moi. Tu pensais à quelqu’un d’autre ?

— Je rêvais que c’était Alix qui me suçait.

— Alix ? Une fille ?

— Non, Alix est un héros de BD, je te montrerai une autre fois, mes livres sont dans des cartons.

— Il est plus beau que moi ?

— Tu es jaloux ? Non, c’est toi le plus beau du monde. Que penses-tu de ma nouvelle chambre, Koen ?

— Les meubles sont biens, mais trop modernes pour moi. Je préférerais ceux d’une maison de la vieille ville d’Amsterdam. Par contre le tableau avec l’homme nu me plaît.

— C’est une surprise, mon père ne m’en avait pas parlé, il devait déjà les avoir achetés pour sa collection privée ou celle de son entreprise. Prends la notice sur la table, ils ont été peints par Ferdinand Hodler.

Koen la lut :

Blick ins Unendliche (Regard vers l’infini), 1903 / 1904. Et l’autre : Le lac Léman vu de Chexbres, 1904. Il faudra que je t’invite aux Pays-Bas pour visiter des musées. Chez nous ce sont plutôt des canaux gelés avec des patineurs.

— Merci pour l’invitation, je serais enchanté de rencontrer tes parents. Ils savent ?

— Quoi ?

— Que tu as un ami, que tu es homosexuel.

— J’ai écrit que je dormais avec un Suisse très sympathique et que l’école favorisait les contacts entre les étudiants. J’espère qu’ils auront compris, mais il faudra rester discrets, mon père a des adversaires politiques qui pourraient profiter de cette information ou des journalistes.

Koen continuait à masser Frédéric, celui-ci regarda sa montre :

— Il se fait tard, je dois préparer l’apéro.

— Vous n’avez pas de barman ?

— Non, nous avons déjà un chauffeur, un jardinier, un cuisinier et une femme de ménage. Nous restons simples. Je vais passer à la salle de bain, tu viens avec ? Je te montrerai où elle est. Celle de cet étage est réservée aux filles, j’utilise celle des invités au premier.

Les deux amis descendirent, ils croisèrent Urbain qui montait.

— Monsieur, je suis désolé de vous surprendre dans cette tenue, dit le chauffeur.

— Vous n’allez pas me le dire chaque fois que vous me voyez nu.

— La première fois vous ne bandiez pas, si je peux me permettre d’utiliser ce mot vulgaire.

Frédéric baissa les yeux :

— C’est vrai, mais elle a déjà diminué de volume.

— Je peux la remettre au garde-à-vous, proposa Koen.

— Cela ne servirait à rien, Urbain ne veut pas me dire ce qu’il en pense car je suis le fils de son employeur.

— Et la mienne, demanda Koen, qu’en pensez-vous ? Je ne suis pas de la famille.

— Elle est pas mal, j’en ai vu des plus moches, il faudrait une érection pour vous donner une appréciation définitive.

— Nous n’avons pas le temps maintenant, on verra ce soir, fit Frédéric, je dois préparer l’apéritif.

— C’est pour cela que je venais, Monsieur, je pourrais le faire à votre place.

— Vous êtes très polyvalent.

— Lorsque j’étais au bordel, je devais servir les clients pour les faire consommer avant de les baiser, si je peux me permettre d’utiliser ce mot vulgaire.

— Il y a toujours des bouteilles de vin mousseux Mauler au frigo, essaie de trouver aussi des biscuits salés et des chips qui n’ont pas dépassé la date de péremption, ou autre chose.

— Bien Monsieur.

Koen et Frédéric allèrent d’abord réveiller Dominique et Daniel, qui ne dormaient pas, puis se rendirent à la salle de bain pour une toilette rapide, ils renoncèrent à se masturber, laissant la place aux autres. Ils retournèrent ensuite dans la chambre de Frédéric.

— On s’habille comment ? demanda Koen.

— Mon père est plutôt vieux jeu, je dois mettre une veste et une cravate pour le souper.

— À l’école aussi, à la rentrée l’uniforme sera obligatoire.

— J’avais oublié, je me demande si c’est une bonne idée de continuer mes études avec toi. Ce soir, ce n’est pas nécessaire, on va manger dehors sur une terrasse au bord du lac.

Les deux amis s’habillèrent de manière décontractée, mais élégante, Frédéric renonça à une chemisette à fleurs pour un polo blanc Lacoste plus sobre. Ils descendirent, Urbain avait préparé l’apéritif sur la terrasse, il avait aussi trouvé du salami, du fromage et des pickles.

— Magnifique, dit Frédéric, je demanderai à mon père de doubler vos gages.

— Merci, Monsieur, rassurez-vous, j’ai déjà un salaire très confortable.

Lorsque tout le monde fut arrivé, Urbain servit le vin mousseux.

Vers 18h30, il se déplacèrent au restaurant Le Major Davel à Cully, les deux cousins et Koen dans la voiture de Dominique. Ils dégustèrent des filets de perches accompagnés de Calamin, un vin blanc de chasselas, du vignoble de Lavaux. Tous purent faire plus ample connaissance, Dominique expliqua pourquoi elle était une femme malgré son corps masculin. Ils firent une promenade sur le quai après le coucher du soleil, il faisait encore très chaud.

Dominique reconduisit Frédéric et Koen à Lausanne avent de rentrer chez elle avec Daniel. Urbain ramena les sœurs et leurs amis, ceux-ci montèrent directement dans les chambres des filles, ils avaient encore beaucoup de découvertes à faire.

— Vous restez un moment avec nous ou voulez-vous rentrer chez vous ? demanda Frédéric à Urbain.

— Je vis seul, je n’ai personne qui m’attend, et vous savez que votre père me permet de dormir ici, je sais dans quelle chambre aller.

— Et vous pourrez boire un verre d’alcool, précisa Koen.

— Oui, Monsieur, vous aurez remarqué que je n’en ai pas bu jusqu’à présent.

— C’est très bien.

— Mon ami ne connaît pas encore les bonnes manières, fit Frédéric, je vous prie de l’excuser.

— Je reconnais qu’il m’a vexé en insinuant que je n’étais pas sobre quand je conduisais.

— Vous pensez qu’il mériterait une punition ?

— Je ne me permettrais pas de suggérer quelque chose de ce genre pour l’ami du fils de mon employeur, mais je n’en pense pas moins.

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