Chapitre 3 - Week-end culturel et sensuel (5)

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Vendredi 24 juillet 1964, maison Graf & de Bruson, Kesswil

Les propriétaires et concepteurs du Sensorium, les fameux architectes Graf & de Bruson, étaient rentrés de la générale du festival d’opéra. Ils étaient dans la cinquantaine, Graf était maigre, chauve, tandis que de Bruson avait les cheveux longs, grisonnants, et un début d’embonpoint. Ils étaient habillés la même chose, comme à leur habitude : un complet noir avec une chemise rose au col ouvert ce soir-là, pochette assortie.

— Bonsoir Messieurs, ne faites pas attention à nous, dit de Bruson, vous pouvez terminer votre douche tranquillement. Et bonsoir Monsieur le professeur, je ne t’avais pas vu.

— Bonsoir Messieurs, dit le Dr Latte qui avait mis sa main devant son sexe. Je suis confus de me présenter à vous dans cette tenue.

— Ce n’est pas ta première visite chez nous, me semble-t-il, ne joue pas les vierges effarouchées. Et pour une fois que c’est toi qui bandes et pas tes sujets d’étude.

— Il faudrait être de marbre pour rester indifférent en se douchant avec de telles beautés grecques, fit Graf.

— Vous le pensez vraiment ou vous dites cela pour nous flatter ? demanda Frédéric.

— Je suis sincère, Frédéric. On t’a déjà dit que tu ressembles à ton père ?

— Oui, on me l’a déjà dit. D’autres pensent que je ressemble à ma mère.

— Je pensais surtout à ta bite, je ne crois pas que ta mère en ait une, pour le reste je ne suis pas physionomiste. Ici tout le monde se tutoie, même si cela écorche la langue du professeur.

— Pour répondre à ta question, continua Frédéric, ces douches me plaisent beaucoup, ainsi que le nouveau mobilier de ma chambre que mon père vous a commandé récemment.

— Tu le penses vraiment ou tu dis cela pour nous flatter ? demanda de Bruson.

— Je suis sincère.

— Nous en reparlerons, dit Graf en bâillant. Je propose à nos autres invités de faire plus ample connaissance demain, il se fait tard et je suppose que vous n’allez pas dormir tout de suite. Bonne nuit, Messieurs !

Les deux architectes se retirèrent. Le masseur distribua des linges pour se sécher.

— Mes patrons sont un peu excentriques, expliqua-t-il.

— Ils sont arrivés juste au bon moment, fit Stefan.

— Ils ont un sixième sens pour débusquer les minets, mais j’espère qu’on vous a dit que les soirées estivales se terminent traditionnellement par un bain de minuit. Ils vous auraient vu à poil demain.

— Oui, on nous a dit.

— Je vous conseille de ne pas vous masturber demain matin en vous levant si vous voulez être en forme pour le massage.

— Et ce soir ? demanda Koen. Je ne me suis pas branlé dans la voiture, moi.

— Ce soir tu fais ce que tu veux, et pour demain ce n’est qu’un conseil que tu n’es pas obligé de suivre. Je vous laisse, soyez sages. Encore des questions ?

— Les batailles d’oreillers sont-elles autorisées ? demanda Stefan.

— Oui, mais ne démolissez pas tout le matériel. Bonne nuit !

Le masseur les laissa seuls.

— Je vais me laver les dents, dit Koen. Je vous conseille de faire la même chose pour éviter des caries, j’ai du du dentifrice au fluor.

— Oui, papa, dit Frédéric, on te suit. Je vais avoir l’haleine fraîche pour te sucer.

Une fois cette formalité terminée, les quatre jeunes gens se rendirent dans le dortoir où le professeur les avait précédés. Il s’était installé dans le fond de la pièce. Peter et Stefan se mirent près de la porte d’entrée, Koen et Frédéric en suivant. Une horloge avait automatiquement baissé l’intensité de la lumière au minimum, une ventilation discrète maintenait une température très agréable dans la pièce en cette chaude soirée d’été.

Peter demanda à Stefan :

— Pourquoi voudrais-tu faire une bataille d’oreillers ?

— Pour me venger de Koen.

— Qu’est-ce qu’il t’a fait ?

— Il m’a obligé à montrer ma queue à tous les élèves de l’école.

— Tu étais volontaire, rétorqua Koen.

— Parce tes camarades étaient trop chiards pour le faire. (NDA Chiard, helvétisme pour peureux)

Stefan prit un oreiller rouge et le jeta sur Koen, essayant d’atteindre l’entrejambe. Frédéric réagit :

— On attaque mon maître et seigneur ! Je vais le défendre !

Frédéric se saisit d’un oreiller orange et le lança sur Stefan. Peter réagit et un oreiller jaune s’envola en direction de Frédéric qui l’évita. Koen se lança aussi dans la bataille avec un oreiller vert qui atteignit la bite de Peter. Les jeunes gens s’en donnèrent à cœur joie, des oreillers bleu et violet complétèrent la munition.

Après quelques minutes, le professeur leur demanda d’arrêter, il dut essuyer un tir groupé d’oreillers de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Les jeunes gens se couchèrent, hilares et épuisés.

— Ça fait du bien de se défouler, dit Frédéric. Je suis en sueur, on reprend une douche ?

— Pas le temps, fit Koen, tu m’as promis une gâterie.

— Chose promise, chose due.

Sans autres préliminaires Frédéric prit le membre de son ami dans sa bouche. Les deux apprentis s’étaient mis sur le côté afin d’admirer le spectacle.

— Eh bien, dit Stefan, ils sont rapides ces deux, et pas prudes pour deux sous.

— Il semble que les Laurel et Hardy qui nous hébergent fassent tout pour favoriser les rapprochements, j’espère que ce n’est pas pour la caméra invisible. Que penses-tu de tout ceci ?

Stefan se coucha sur le dos et ferma les yeux avant de dire :

— Il me semble que je suis dans un rêve, dans un autre monde inaccessible au commun de mortels. Pince-moi et je vais me réveiller seul dans mon lit.

Peter prit Stefan au mot.

— Aïe ! s’exclama celui-ci. Que fais-tu ?

— Je te pince le téton, c’est toi qui l’as voulu.

— Alors, je ne rêve pas ? Je suis bien dans ce Baisorium ?

— Oui, c'est un rêve, un doux rêve d'amour !

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