Chapitre 7 - Week-end japonais (2)

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Samedi 8 août 1964, Landiwiese, Zurich

Le tambour reprit en accélérant la cadence. Les quatre spectateurs étaient comme hypnotisés par les vingt danseurs qui se branlaient. Ceux-ci étaient maintenant éclairés en rouge, à contre-jour, baignés de fumée. Ils ne se caressaient pas seulement le pénis, ils bougeaient aussi leur bassin en rythme.

Koen regretta le changement d’éclairage car il ne pouvait plus observer les bites. Celle de Frédéric était à l’étroit dans son jean, il aurait aimé la libérer pour accompagner les danseurs, mais il n’osait pas. Hiroshi n’eut pas cette pudeur, il ouvrit sa braguette, extirpa son pénis dressé de son fundoshi et se leva. Le tambour le vit, il ralentit la cadence pour lui laisser le temps de s’échauffer, les danseurs eurent des mouvements encore plus sensuels. Kaito fit signe à Koen, Frédéric et Laertes de se lever et de masturber, ils ne se firent pas prier.

Kaito regardait avec intérêt les trois gaijins, il n’avait jamais vu des queues d’occidentaux de si près, elles étaient belles. Ils n’avaient cependant pas la grâce et la technique de ses élèves, Hiroshi s’en sortait mieux.

Le tambour augmentait de nouveau imperceptiblement la cadence. Lorsqu’il sentit que les danseurs étaient prêts, Kaito leva le bras, la musique s’arrêta, les projecteurs éclairèrent violemment la scène, les danseurs poussèrent un cri en laissant gicler leur semence.

La salle fut ensuite plongée dans l’obscurité. Lorsque la lumière se ralluma, le plateau était vide. Il ne restait que les spectateurs, les pantalons sur les chevilles. Hiroshi avait joui au bon moment, il rit en voyant ses camarades qui finissaient de se branler. Kaito était en retrait, mais les matait toujours.

— Continuez, leur dit-il, ils attendront que vous ayez fini.

Koen se demanda si les danseurs avaient vraiment éjaculé, il n’avait pas vu car les projecteurs l’avaient ébloui. Il posa la question au chorégraphe qui répondit :

— Nous irons voir après s’il y a des traces.

Quant à eux, Koen, Frédéric et Laertes laissèrent des traces sur le sol. Huit danseurs étaient revenus, toujours nus, quatre d’entre eux portaient des coupelles en céramique remplies d’eau chaude et les quatre autres des serviettes. Avec des gestes très doux, ils nettoyèrent puis séchèrent les pénis des spectateurs qui avaient de la peine à débander et dont le méat suintait toujours.

Kaito montra ensuite à Koen les traces qu’avaient laissées les danseurs, la plupart avait effectivement joui au moment où le tambour s’était arrêté. Koen fut impressionné par le contrôle éjaculatoire de ces jeunes gens, il devrait absolument en parler au professeur Latte.

Hiroshi fit une courbette à Kaito en lui disant :

— Merci, Maître, d’avoir autorisé mes amis à faire don de leur semence alors qu’ils ne sont pas initiés au shudō. C’est un grand honneur.

— Nous en ferons une offrande à Fukurokuju, le dieu de la virilité protecteur de notre troupe. Tant pis s’ils n’ont pas été purifiés avant par un prêtre shintō, nous n’en avons pas avec nous.

Au même moment, quelques danseurs revinrent avec des bols et des cuillères, il nettoyèrent le plancher sans laisser une seule goutte de sperme. Le dieu serait satisfait et les ferait bander jusqu’à cent ans.

Les Japonais revinrent sur la scène et s’alignèrent de nouveau sur deux rangs, cette fois le dos tourné aux gradins. Kaito expliqua aux spectateurs que c’était pour qu’ils matassent aussi les fesses galbées de ses protégés. Frédéric dit en riant que cela ressemblait à un marché aux esclaves et demanda s’il pourrait en acheter un pour l’emporter. Kaito rétorqua qu’ils étaient totalement libres de leurs mouvements et que ce n’étaient pas des Soviétiques qui faisaient défection lors de tournées en Occident. La discipline quasi militaire servait seulement à atteindre la perfection dans le spectacle. Les places dans sa troupe étaient très recherchées, la sélection était sévère, il examinait personnellement chaque candidat sous toutes les coutures. En particulier celle du scrotum, pensa Koen.

Kaito leur ordonna de faire une vingtaine de pompes au son du tambour, Frédéric se dit que cet exercice manquait à leur gymnastique matinale à l’école de Hinterhoden, il devrait en parler à Franz. Ils se replacèrent ensuite de face. Un assistant leur distribua à chacun un fundoshi rouge qu’ils mirent tous en même temps, toujours en rythme avec le tambour. Koen fut stupéfait de leur rapidité, lui qui avait eu mille peines à mettre le sien après l’exposé d’Hiroshi.

Ils s’entraînèrent ensuite au combat, d’abord à mains nues, puis avec un bâton. Les coups étaient maîtrisés et ils ne frappaient jamais leur adversaire.

Il y eut une pause, l’assistant distribua du thé à tout le monde. Koen en profita pour aller poser des questions aux danseurs au sujet de leurs bites, ce qui détendit l’atmosphère et provoqua une hilarité générale. Certains l’exhibèrent à nouveau pour faire plaisir au pénisologue, le nouveau surnom que donnait Frédéric à son ami.

La répétition continua par le filage du spectacle, sans interruption, avec les lumières et les décors très sommaires, composés essentiellement de plantes artificielles suggérant la nature. Kaito avait expliqué que c’était basé sur des faits historiques, à la manière d’une comédie musicale. Les Européens ne comprirent rien à l’intrigue. Il y avait des scènes parlées, d’autres chantées par des solistes ou en chœur, des combats singuliers improvisés et des combats de groupe chorégraphiés. Les danseurs étaient vêtus d’habits traditionnels au début, ils les ôtèrent progressivement pour se retrouver en fundoshi. Tout à la fin, ils les enlevèrent avec les derniers battements de tambour mais les lumières s’éteignirent pour ne pas choquer le public conservateur qui verrait le spectacle le soir.

Les danseurs revinrent saluer en kimono. Les quatre amis se levèrent spontanément pour les applaudir. Ils prirent ensuite congé du chorégraphe, Hiroshi leur révéla qu’il l’avait invité le lendemain à l’ambassade et qu’ils le reverraient.

Il était bientôt 13 heures lorsqu’ils se retrouvèrent à l’air libre dans le parc, éblouis par le soleil. Il y avait des restaurants temporaires, ils optèrent pour l’American Saloon et commandèrent des hamburgers et des frites, accompagnés de Vivi Kola, imitation suisse de la célèbre boisson. Laertes dit :

— En Amérique, il y a des restaurants qui servent des hamburgers à chaque coin de rue, cela viendra aussi en Europe.

— Tu penses que ça prendra chez nous ? fit Frédéric, nous sommes trop attachés aux cuisines locales.

— Es-tu déjà allé en Amérique ? demanda Koen à Laertes.

— Non, et toi ?

— J’ai prévu d’y aller l’année prochaine avec Frédéric.

— Je pourrais venir avec vous ?

— Et moi aussi ? ajouta Hiroshi.

— Je pourrais bientôt affréter un charter, dit Frédéric en riant, avec tous ceux qui veulent nous accompagner.

— Je paierai ma place, dit Laertes, je gagne mon argent de poche et fais des économies en travaillant pendant les vacances dans l’usine que dirige mon père.

— Et cette usine produit quoi ?

— Des préservatifs, la fameuse marque Enculis.

— C’est ceux que je préfère, dit Koen, ceux qu’on nous donne à l’école.

— Je sais, dit Laertes en souriant, on en a envoyé quelques caisses pour en faire la promotion.

— Tu sais alors comment on les fabrique, dit Frédéric, c’est avec du latex, je crois.

— Oui, mais je ne travaille pas à la production, je travaille au département R & D.

— Qu’est-ce que cela veut dire ? demanda Hiroshi.

— Recherche et développement, je suis chargé de tester les nouveaux produits.

— Ça m’intéresse, dit Koen, on fait comment pour les tester ?

— Tu ne sais pas ? On bande et on les déroule sur sa queue, ensuite on se branle. À la fin, on note nos appréciations sur un questionnaire.

— Intéressant, vous cherchez des nouveaux testeurs ?

— Reviens sur terre, dit Frédéric, tu n’habites pas en Angleterre.

La serveuse apporta les hamburgers, ce qui mit fin à leur conversation.

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