Chapitre 13 - La Confrérie de Vincelard (2)

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Samedi 12 septembre 1964, château de Vincelard, Blonay

— La longueur n’est pas importante, dit Fançois-Xavier à Frédéric, je sais bien m’en servir.

— Tu m’as pourtant dit une fois que j’étais une pédale avec une petite bite, alors que tu ne m’avais jamais vu à poil.

— Je t’ai dit ça ?

— Oui.

— C’est possible, tu sais, quand on est jeune on dit n’importe quoi pour faire comme les autres et se donner un genre. Je te présente mes excuses.

— Je n’en attendais pas moins de toi, fit Frédéric, je les accepte.

— On fait la paix ?

— Bien sûr, on est les deux dans la même galère à présent.

— Tu as aussi une petite bite ?

— Tu verras bien, dit Frédéric en tendant la main à FX.

— Tu me racontes ? demanda Koen qui n’avait pas compris la conversation en français.

Frédéric résuma la conversation en allemand. Koen dit :

— Je ferai l’arbitre, je serai impartial.

— Nous avons fait la paix, ce n’est plus nécessaire, dit Frédéric.

Jean-Pierre arriva accompagné d’un serveur, ils posèrent un plat de viandes froides et de fromages sur la table, ainsi qu’une corbeille de pain et des fruits.

— Votre dîner, dit-il. Il y aura un banquet plus conséquent ce soir. Vous devez avoir l’estomac léger pour les réjouissances.

Les jeunes hommes s’assirent pour manger. L’un ne s’était pas encore présenté. Il avait une vingtaine d’années, était noir, avait des cheveux crépus courts, les yeux bruns. Il avait mis un polo blanc au col ouvert qui laissait voir un collier de perles bleues et brunes.

— Comment t’appelles-tu ? demanda Frédéric.

— Djibril.

— C’est aussi ton père qui t’a embarqué dans cette galère ?

— Non, c’est mon chorégraphe, Dorian.

— Ton chorégraphe ? s’étonna Frédéric.

— Oui, je fais de la danse et je suis depuis peu dans sa compagnie. Je ne me sens pas toujours à l’aise lorsque je dois être nu en présence d’autres.

— Il n’y aura pas que de la nudité.

— Je sais, dit Djibril en riant. Il ne m’a pas forcé à venir, ne t’inquiète pas. Et cela m’intéresse de voir ce qu’il prépare ici, ce sera différents de ses autres créations. D’habitude il doit faire attention pour ne pas choquer le public petit-bourgeois habitué aux tutus.

— C’est toi qui danseras ?

— Non, c’est vous tous pour la présentation aux autres confrères.

— Nous ? Je ne sais pas danser.

— Cela n’a pas d’importance, ce sera pour présenter nos corps.

— Il y a d’autres Noirs dans la confrérie ?

— Non, je serai le premier, une révolution !

— La révolution sera plutôt quand ils accepteront des femmes.

— Quand on parle du loup, on en voit la queue.

Le chorégraphe entra à ce moment-là, accompagné de Mr Rich. Si le tailleur était tiré à quatre épingles comme d’habitude, Dorian avait passé un pantalon de survêtement et un tee-shirt noirs. Il avait des cheveux blonds coupés courts. Les deux hommes s’assirent à la table pour partager le repas. Jean-Pierre leur offrit du vin, Dorian refusa :

— Jamais pendant le travail.

Pendant qu’ils buvaient le café, le chorégraphe expliqua comment se déroulerait la présentation, en anglais pour que tous comprissent.

— Ce sera comme dans un défilé de mode. Vous devrez parcourir le podium d’un bout à l’autre. Il y aura trois passages, dans différentes tenues. Les autres confrères seront assis dans la salle pour vous observer.

— Ils nous mettront des notes ?

— Non, ce n’est pas l’élection d’une miss, c’est seulement pour qu’ils découvrent votre corps. Ensuite, sept confrères choisiront l’un d’entre vous pour le conduire dans les caves et lui faire découvrir l’une de nos attractions.

— Pourquoi seulement sept ? demanda Koen. Nous sommes huit.

— Nous ne voulons pas séparer les jumeaux pour la première ronde, ensuite ils feront ce qu’ils désirent. Cette première ronde vous est dédiée, les autres confrères seront spectateurs.

— Quelles seront les tenues ? questionna FX.

— Vous verrez avec Mr Rich. Nous allons débuter si vous n’avez pas d’autres questions.

Ils se levèrent, prirent leurs sacs et se rendirent à l’autre bout de la salle où des matelas étaient posés sur le sol, les uns à côté des autres.

— On ne va pas beaucoup dormir avec cette promiscuité, dit Koen.

— Je te rappelle qu’il est interdit d’avoir des relations sexuelles en dehors des zones prévues à cet effet, dit Mr Rich, nous prendrons des précautions. Déshabillez-vous entièrement et posez vos habits sur les lits. Enlevez vos montres, vous pouvez laisser vos bijoux. Enlevez aussi vos chaussettes, le défilé se fera à pieds nus, mais vous aurez des chaussons pour vous déplacer dans le château.

Frédéric mata la bite de FX, celui-ci semblait gêné mais elle n’était pas si petite que ça, juste au-dessous de la moyenne. Koen regarda celle de Djibril, nettement au-dessus de la moyenne, terminée par un long prépuce.

— J’aimerais voir la couleur de ton gland, fit Koen, tu pourrais te décalotter ? C’est pour mes statistiques.

Djibril eut l’air étonné, mais il obéit et Koen put constater que le gland était de la même couleur brune que la peau de la hampe.

— Merci, dit-il, c’était la première queue de Noir que je voyais.

— À ton service.

— Je me demandais si c’est vrai qu’elles sont plus longues que les nôtres quand vous bandez.

— Nous n’avons pas le temps de nous amuser maintenant, fit Mr Rich, alignez-vous, les quatre innocents d’un côté et les quatre conviés de l’autre.

Mr Rich ouvrit une armoire qui contenait des costumes pour le défilé. Après avoir évalué la taille des organes, il en sortit quatre slips blancs sans ouverture et quatre noirs puis les distribua.

— Un slip blanc pour moi ? s’étonna FX, c’est un symbole de pureté, je ne suis plus puceau depuis longtemps, j’ai défloré ma première fille à 15 ans.

— Ici on est entre hommes, fit Dorian. Tu as déjà pénétré des hommes ?

— Euh, non.

— Et été dépucelé par un homme ?

— Non plus.

— C’est bien ce que je pensais. C’est symbolique, on appelle les nouveaux des innocents et c’est bien égal de savoir s’ils sont vierges ou pas. On sait qu’ils ne le seront plus à la fin du week-end.

Frédéric s’étonna de la virginité de FX avec des hommes et se demanda pourquoi il était venu ici pour la perdre, il se garda de le lui demander. Chacun était libre de vivre sa sexualité comme il le désirait.

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