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            Le camp était en effervescence depuis que l’étranger avait été découvert. Si le chef, sa fille et quatre hommes avaient réussi à le déterrer, il en avait fallu cinq de plus pour le porter sous la tente du chef, et deux autres pour tirer son sac antigrav. Il gisait maintenant sur un enchevêtrement de couvertures, de coussins et de peaux de bêtes, fiévreux, gravement déshydraté, agonisant et divaguant. Le méharé se tenait à son chevet, tentant de le faire boire comme il le pouvait, tandis que sa fille les observait à l’autre bout de l’habitation, perplexe.

— Père, que dit-il ? On dirait du commun, et malgré tout je ne comprends pas tout…*

— C’est normal, ma chérie. C’est bien du commun, mais le plus pur que je n’ai jamais entendu…*

— Comment ça ? *

            Le patriarche soupira.

— Vois-tu, mon trésor, chaque nation a fini par ajouter son dialecte natal dans le langage commun, se l’appropriant ainsi, le rendant plus nationaliste, moins commun au fur et à mesure des siècles. Cette langue n’est plus que différents argots avec une souche commune… Mais pas chez cet homme… Comme s’il avait vécu plusieurs siècles dans le passé pour arriver ici d’un seul coup…*

— Mais ça n’est pas possible, père. On ne peut pas voyager dans le temps. *

— On ne peut plus serait plus exacte… Il me semple que parmi les nombreuses technologies perdues lors de la Grande Trahison, il y avait le Portail. On dit qu’il permettait de voyager dans l’espace et dans le temps…*

            La jeune femme ouvrit grand ses yeux de louve, complètement surprise par ce que cette nouvelle impliquait.

— Ce serait un voyageur du temps ? *

— Ça ou quelqu’un qui est resté en stase, ou d’extrêmement vieux… Je ne sais pas… Même dans ses affaires, il n’y a rien qui ne nous renseigne sur son identité ou sur son origine…*

— Mais, et cette armure ? Tu as dit qu’elle était de l’empire ? *

— Empirique, ma puce, empirique. *

— Et qu’est-ce que ça change ? *

— Nous n’avons jamais eu d’Empire. Nous avons eu des générations d’armure par contre… Les prototypes, les spartiates, et les empiriques. Elles ont été nommées comme ça parce qu’elles étaient les plus polyvalentes et les plus développées, alors ce sont celles qui ont été gardées. Elles sont devenues empiriques…*

— Je ne comprends pas…*

— C’est normal… C’est un vieux mot du langage commun qui n’est plus trop employé… Disons que tu pourrais dire en même temps habituel, conventionnel, et peut-être même traditionnel…*

— Ah…*

            Un éclair de compréhension avait traversé le regard vif de la jeune femme. Son père aurait aimé qu’elle suive le même parcours que lui, qu’elle aille étudier dans les grandes universités, parce que son avenir de chef de nation allait le nécessiter, mais elle avait refusé. Elle ne voulait pas abandonner son peuple, sous aucun prétexte. Aussi avait-il entrepris de l’éduquer ici, dans le désert. Et il regrettait de plus en plus que sa fille soit si butée. Son esprit était si vif et si assoiffé de connaissances qu’elle aurait pu faire de brillantes études.

— Et donc il dit quoi ? *

— Il parle sans cesse des mêmes choses… Rark le Rouge et la Grande Trahison, comme quoi ce dernier aurait survécu à la Traque… Ce qui est peu probable…*

— Et pourquoi ça ? *

— Parce que ces évènements ont plus de sept cents ans…*

*Traduit du Malgauareg

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