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            Assya s’éveilla doucement dans le lit de son invité, gémissant en s’étirant doucement pour chasser le sommeil de son corps et de son esprit, avant de se tourner sur le côté pour se blottir contre le corps de son amant, en vain. Se redressant, elle le trouva devant la table de la tente, dos à elle et nu. Son dos, ses fesses et ses cuisses aux muscles saillants laissaient deviner une force physique et des capacités hors du commun maintes et maintes fois éprouvées comme pouvaient en attester les nombreuses cicatrices qui parcouraient son dos. D’une voix langoureuse, la jeune femme ronronna.

             — Voilà un spectacle agréable de si bon matin.

            Sans se retourner, Andreìs répondit d’un ton neutre.

— Mes respects Héritières. Désirez-vous un peu de café, ou de la nourriture ?

            Un voile de tristesse passa sur le visage de la jeune femme, vite éclipsé par une lueur d’espoir.

— Si ton corps est le repas, je veux bien.

            Le géant se redressa, avant de se retourner lentement, révélant un torse, des bras et des jambes encore plus marqués de cicatrices que son dos.

— Héritière, je ne peux pas vous laisser continuer de la sorte… Théoriquement, le taux de fécondité des Génos est de seulement vingt-cinq pour cent, ce qui signifie que cette entreprise, aussi agréable soit-elle, est pratiquement vouée à l’échec. Sans parler des risques de mauvaise mutation du fœtus le rendant non viable. Et si vous souhaitez continuer dans cette voie-là, vous finirez par vous attacher à moi, ce que je ne peux permettre… Je serais forcé, pour votre sécurité à tous, de vous quitter bientôt, et vous en souffrirez alors… Je vous en prie… Non, je vous en conjure, je vous en supplie même, demandez à votre père de revenir sur sa décision…

            Cette fois-ci, ce ne fut pas un simple voile de tristesse qui passa sur le visage de l’héritière, mais un masque qui y prit durablement place. Après de longues secondes de silence, elle trouva enfin la force de répondre.

— Je sais pourquoi tu fuis Andreìs, tu sais…

            Surpris, le colosse questionna en s’approchant de sa maîtresse.

— Et comment pourriez-vous le savoir ?

— Tu parles dans ton sommeil. Tes rêves sont agités, ton passé ne te laisse aucun repos, et tes fantômes reviennent te hanter pendant ton sommeil…

            Le visage du Géno se ferma et son ton se fit froid. Il ressemblait de nouveau à cette arme de guerre vivante qu’il avait été la veille face aux pillards du désert.

— Et qu’ai-je pu dire ?

            La jeune femme le dévisagea, presque apeurée. Elle se vit mourir des mains de son amant parce qu’elle en savait trop. Et pourtant sa bravoure la poussa de l’avant.

— Tu es lié d’une manière ou d’une autre à ce fameux Rark… Et tu as dû combattre autant des traîtres que des loyalistes… Dont ton meilleur ami…

            Assya vit dans les yeux de son interlocuteur qu’elle avait eu raison quand le regard de celui-ci se perdit dans ses souvenirs. Il fallut à Andreìs un gros effort de concentration pour revenir à la conversation, tout en gardant le contrôle de son ton et de ses émotions.

— C’est un résumé très simpliste des faits, mais c’est exact…

— C’est pour ça que tu fuis tout le temps ?

            Le combattant prit le temps de la réflexion avant de répondre.

—… Je dois… Rétablir un certain équilibre dans quelque chose qui me dépasse… Qui nous dépasse tous… La Grande Trahison, La Purge… Tout n’est que mensonges, et les traqués comme moi refusons cette vérité imposée… Alors tant que nous ne pouvons pas changer les choses, nous essayons de rester libres et en vie, parce que quand nous disparaîtrons, la vérité et l’espoir disparaîtront avec nous…

            La jeune femme regarda son compagnon de couche dans les yeux. Même si elle avait compris ce qu’il allait se passer quand ils seraient arrivés à la citadelle, elle voulait l’entendre de sa bouche.

— Et donc nous deux…

— Ça ne pourra pas durer plus loin que le palais de ton père. Là-bas, il y aura des gens qui comprendront que je suis différent de vous, et un Géno qui n’est pas dans l’Armée est à dénoncer. Il est même fort probable que certains de vos hommes aient déjà contacté les autorités… Même si je fuis maintenant, vous êtes déjà en danger… En fait, il faudrait presque que je me laisse emporter par l’Armée en prétendant être votre prisonnier, pour m’échapper ensuite… Vous seriez ainsi disculpés de toutes accusations possibles d’aide à un fugitif ou de tentative d’insurrection…

— Donc, tu voudrais devenir notre prisonnier ?

            Andreìs opina lentement du chef avant de répondre, l’air maussade.

— Oui…

— Maintenant ?

— Pourquoi pas ?

            La jeune femme haussa les sourcils, avant d’afficher un sourire ravi.

— Très bien. Alors j’utilise mon rang d’Héritière pour te déclarer prisonnier à compter de cet instant.

            Le géant afficha une moue dubitative.

— Cette idée semble te réjouir…

— Du tout. Prisonnier, allez vous asseoir et mettre les mains dans le dos.

            Le guerrier s’exécuta, tandis que sa geôlière se saisissait d’une épaisse corde en crins de muval pour aller ensuite lui attacher les mains dans le dos et les bras, pieds et jambes à la chaise. Assya vint ensuite se planter devant lui, et Andreìs scruta ce corps magnifiquement sculpté par la vie difficile qu’elle avait menée avec les caravanes. Ses hanches graciles, ses longues jambes musclées, son ventre plat et ses seins arrogants, cette femme allait lui manquer plus que bien des maîtresses avant elle. Soudain, la jeune femme déclara d’un ton sec, le tirant de sa rêverie.

— Prisonnier, vous montrerez-vous docile ?

— Oui, Héritière.

— Collaborerez-vous pour que votre captivité se passe dans les meilleures conditions ?

— Oui, Héritière. 

            Assya se mit à sourire, conquérante et fière d’elle.

— Brave petit.

            Andreìs releva la tête en ouvrant grand les yeux de surprise.

— Quoi ?

            Toujours nue, la jeune femme se pencha vers son captif en posant ses mains sur les cuisses de celui-ci.

— Nous allons passer à la fouille au corps, bel étalon…

            Andreìs comprit soudainement les intentions de sa maîtresse-geôlière et ne put s’empêcher de rire tandis que les mains de celle-ci commençaient à se glisser entre ses cuisses.

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