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            Malgré la rage qui brûlait en eux, les loyalistes restants avaient mesuré leur assaut et nombre de Prétoriens avaient survécu, bien que gravement estropiés. Andreìs savait que la technologie de leurs armures, similaire à celle des Géno-modifiés, les garderait en vie et qu’après une pose de prothèse rudimentaire, ils pourraient comparaître devant un tribunal militaire pour Haute Trahison. Il n’avait pas ces guerriers en haute estime, mais chaque vie avait une valeur à ses yeux, et ces adversaires avaient été des combattants corrects, méritant de ne pas se faire achever comme des chiens.

            Edwin lui tendit des chargeurs de pistolet pendant qu’il changeait la lame-tronçonneuse déjà bien émoussée de sa hache avant de lui demander.

— C’est celle-ci ?

            Andreìs regarda son compagnon sans comprendre.

— Celle-ci quoi ?

— La hache qui t’a valu ton surnom ?

            Le Capitaine des forces loyalistes reporta son attention sur son arme, la regardant avec une certaine forme de tendresse tandis que les souvenirs des victoires obtenues à ses côtés lui revenaient lentement.

— Oui… On en a traversé, des conflits, elle et moi…

— Tu sais qu’elle a été surnommée l’Insatiable ? Parce qu’elle voulait dévorer toujours plus de chair…

            Andreìs l’observa quelques secondes en fronçant les sourcils avant de répondre.

— C’est idiot comme nom…

— Pourquoi donc ?

— Parce que cela voudrait dire qu’elle tue pour tuer…

            Edwin pencha légèrement la tête sur le côté.

— C’est le principe d’une arme, non ?

            Andreìs ne put s’empêcher de rire alors qu’il finissait de régler la lame tronçonneuse de son arme.

— Et les armes d’apparat, alors ?

            Edwin regarda son Capitaine avec une lueur d’amusement dans les yeux tandis que celui-ci poursuivait.

— Plus sérieusement, elle ne tue que parce que je le veux. Elle n’est qu’un instrument.

— Très bien, alors comme la baptiserais-tu ?

            Andreìs, qui venait de remettre son arme en marche pour tester la chaîne, la regarda avec une certaine forme de fascination.

— Je crois que je l’appellerais… La Juste-Délivrance… Parce qu’elle a permis de libérer des pays entiers et qu’elle sauve actuellement pas mal d’âmes perdues…

— Et ton pistolet alors ?

— Parle-Une-Fois, parce que je ne vise que la tête.

            Edwin se redressa alors de toute sa stature tandis que le ton de sa voix se faisait grave et solennel.

— Et bien, en tant que Roi du Génie, responsable de l’armement, des équipements et des infrastructures du Corps Militaire Géno-Modifié et plus particulièrement des Troupes de Choc du Haut Commandement Mondial sous la Responsabilité Royale de Sa Majesté, je déclare tes armes baptisées par ta Volonté, dans le Feu et dans le Sang.

            En entendant cela, les autres guerriers mirent tous un genou à terre, tandis qu’Andreìs comprenait ce qu’il se passait. Il venait de recevoir un honneur réservé normalement au Général de Corps Militaire ou au Grand Maître de Jade, et d’être pratiquement élevé au rang de Saint Vivant. Dorénavant sa parole vaudrait autant aux yeux des Géno-modifiés que celle du Roi en personne. Pour toute réponse, il baissa humblement la tête en murmurant.

— Je vous remercie de l’honneur que vous me faites, et jure sur ma vie et mon honneur de m’en montrer digne sous peine de périr sous vos coups.

            Edwin posa sa grosse main gantelée sur la tête du guerrier avant de répondre un avertissement.

— Sois-en certain.

            La cérémonie se clôtura ainsi sans un mot de plus, et tous les guerriers se relevèrent pour finir de fortifier le hall. Andreìs dévisagea alors le vétéran.

— Roi du Génie.

— Oui. Ça équivaut au rôle des généraux -Aumôniers de l’Armée et à celui de Général du Génie Militaire réuni. Je bénis tout ce qui doit être attribué à l’un des nôtres tout en gérant les infrastructures, notamment…

— Un prêtre de guerre, en sommes.

— C’est ça. Et il est temps de donner les derniers sacrements à ces scélérats. 

             À peine eut-il fini sa phrase qu’un coup de boutoir retentit contre la double porte bloquée par une montagne de meubles.

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