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            Le vaisseau amiral venait de rentrer dans l’espace aérien du Haut Commandement Mondial quand Andreìs et Fury partirent se cacher dans la soute de l’immense vaisseau. Alors qu’ils passaient devant des soldats, ceux-ci se mirent au garde-à-vous. Interloqué, Andreìs s’arrêta pour les dévisager avant de demander.

             — Messieurs, qu’est-ce qui me vaut l’honneur ?

            Les hommes eurent l’air surpris de la question.

— Monseigneur, vous êtes Andreìs Dimirov, Capitaine commandant les Troupes de Choc de la Garde Royale, Chef des Guerriers Géno-Modifiés désigné par le Roi du Génie, leader du mouvement loyaliste, et héros de guerre connu sous le nom de Rark le Rouge. Et à vos côtés, Fury, Fenris Géno-modifié, votre bras armé aux mille morts et à la fidélité indéfectible. Nous ne vous rendons pas honneur en vous saluant, car tout l’honneur est pour nous.

            L’air surpris se transposa sur le visage d’Andreìs tandis que Fury s’asseyait en bombant le torse et en relevant le museau pour se donner une noble stature, fier de tant de compliments.

— Bien… Merci… Je reconnais que je ne sais pas trop quoi dire… Je me savais chanceux d’avoir de si valeureux guerriers à mes côtés dans ce combat déséquilibré, mais maintenant je suis effectivement très honoré de savoir que ces mêmes combattants me tiennent en si haute estime, et je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour ne pas vous décevoir…

— Monseigneur, les réputations ne sont jamais à hauteur de la réalité, alors nous savons que vous illuminerez le champ de bataille.

            Andreìs afficha un sourire triste avant de répondre.

— J’essayerai, camarades. J’essayerai…

            Le géant prit congé des gardes et continua sa route jusqu’à un conteneur de missiles qu’il ouvrit sans effort avant d’y pénétrer, Fury partant s’allonger dans un coin du contenant factice tandis que le guerrier s’installait en tailleur pour méditer.

            Une dizaine de minutes plus tard, l’engin atterrit et commença à déverser sa cargaison tandis que le Seigneur Morad Bent et sa fille Assya, tous deux en tenues d’apparat faites de riches djellabas rouges rehaussées d’or, descendaient de l’appareil pour être accueillis par le Saint de Jade en personne. Une fois arrivés devant lui, ils effectuèrent une génuflexion que le Grand Maître leur rendit, les dépassant malgré tout d’encore presque trois têtes. Relevant les yeux, mais pas la tête, Morad demanda.

— Saint de Jade, que nous vaut l’honneur d’une telle marque de respect ?

— Votre soutien et votre fidélité au Haut Commandement Mondial. Appréhender Rark le Rouge pour nous le livrer n’a pas dû être une mince affaire…

            Se relevant tous les trois, la famille Bent ne quitta pas le colosse en armure Titan face à eux, son plexus dépassant leurs têtes, jusqu’à ce que celui-ci leur fasse signe de les accompagner. Morad répondit alors.

— Nous avons surtout eu beaucoup de chance.

            Armist le dévisagea avec étonnement.

— Vraiment ? Racontez-moi ça, je vous prie. Je suis curieux de savoir comment un évènement aussi important peut ne relever que de la chance…

            Les sourcils froncés, le Saint de Jade scrutait du coin de l’œil le Seigneur Malguareg dans l’espoir de trouver la faille qui trahirait un mensonge.

— Notre caravane rentrait de l’inspection des clans en préparation de ce sommet quand des cris et des déflagrations nous parvinrent, Monseigneur.

— Vraiment ?

— Oui. Du calibre conventionnel et des déflagrations plus fortes aussi. Nous avons fait courir nos chamodaires à une vitesse folle pour couvrir la distance aussi vite que possible jusqu’à arriver à un spectacle assez inattendu… En contrebas d’une dune se trouvait une vingtaine de lézards géants morts ainsi que de nombreux de cadavres de pillards du désert, et au milieu de ce bain de sang… Ce géant… Dans une main le plus gros pistolet qu’il m’ait été donné de voir, et dans l’autre un morceau de métal tranchant…

            Armist tourna la tête vers Morad en fronçant les sourcils, étonné du peu de matériel décrit.

— Pas d’armure ? Pas d’arme de corps à corps ? Alors comment avez-vous su qui il était ?

            Morad tendit une main à sa fille.

— Assya, le paquet s’il te plaît.

            La jeune femme sortit un paquet de chiffons de sous sa cape qu’elle tendit délicatement à son père. Celui-ci se plaça face au géant, l’obligeant à s’arrêter, avant d’ouvrir le paquet et d’en libérer le contenu.

— Voilà, Monseigneur. J’ai étudié dans ce pays, et les études de Seigneur imposent de connaître l’Histoire de ce monde. Le Capitaine Andreìs Dimirov est l’homme connu sous le nom de Rark le Rouge, Traître au Monde et Régicide.

            Dans les mains du vieil homme sur le tissu reposait un magnifique pistolet de gros calibre finement ouvragé, et sur la plaque gauche de la culasse y était gravée l’identité de son propriétaire. Capitaine Andreìs Dimirov, Capitaine des Troupes de Choc. Armist approcha la main mais hésita quelques instants, comme effrayé par cette relique du passé qu’il avait trop longtemps essayé d’effacer. S’en saisissant enfin, il inspecta l’arme sous toutes les coutures avant de la rendre délicatement, presque religieusement, au Seigneur face à lui tout en acquiesçant.

— En effet, c’est bien l’original… Si on ajoute à cet élément le fait qu’il ait reconnu moult fois son identité, il n’y a malheureusement plus de doutes à avoir… Rark le Rouge est bel et bien en vie… Gardez cette arme, Seigneur Morad, en souvenir de ce jour de gloire pour votre peuple. Votre nation sera honorée de nombreuses fois pendant le sommet.

            Courbant humblement l’échine, Morad répondit servilement.

— Monseigneur est trop bon.

            Armist offrit un sourire de façade avant de répondre.

— J’essaye surtout d’être juste. Venez.

            Reprenant la route, Armist entraîna les Bent à sa suite.

            Plus loin dans la mégacité, dans un grand appartement luxueux, le Seigneur-Judiciaire Clarius Graivus se sentait oppressé. Son nouveau logement, pourtant très spacieux, semblait ridiculement petit une fois remplis de Guerriers Prétoriens. Le chef du détachement vint s’adresser à lui.

— Monseigneur. La nuit tombe. Il est l’heure.

            Le petit homme sursauta quand il fut extrait de ses pensées, et prit quelques secondes pour se calmer avant de répondre.

— Oui, pardon, je me hâte.

            Se saisissant d’un briquet, il alla à sa fenêtre allumer une bougie d’où s’éleva vite une lumière verte. Quelques immeubles plus loin et sur le toit de l’un d’eux, six hommes observèrent la scène à l’aide de lunettes monoculaires à spectres larges. Chacun d’entre eux prit la parole à son tour.

— Comme l’a prévu le Capitaine, il a de la compagnie…

— Et comme l’a prévu le Capitaine, il ne nous a pas trahis.

— Alors, allons semer la mort chez ces chiens.

— Et extraire notre nouvel ami.

— Préparez vos armes, et activez vos grappins.

— Je prends le corps de substitution.

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