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                Protégés par leurs champs de force individuels, les représentants étatiques et leurs gardes rapprochées dégainèrent tous des armes dissimulées dans leurs tenues d’apparat avant de faire feu de concert, déversant un véritable déluge de plomb, de feu et d’énergie pulsante vers les Guerriers de Jade. Bien que les tirs ne soient pas suffisantes pour percer pleinement leur blindage, nombre de guerriers titubèrent jusqu’à tomber à la renverse ou s’écrouler contre les murs devant la force de recul déployée, tant et si bien qu’Armist dut hurler le repli stratégique. À travers le monde, ces images étaient relayées par les médias officiels et le peuple se demanda subitement ce qu’il pouvait se passer. Ce fut à ce moment-là qu’Edwin, dans son QG souterrain, acheva de pirater le système de télédiffusion, y insérant un double écran sur la gauche duquel se diffusaient les images de la situation en cours tandis que l’encart de droite défilaient les images de la Grande Trahison sauvegardées sur un serveur de secours connu uniquement de la famille royale et de ses troupes de choc. Et alors que le peuple découvrait la vérité sur les heures les plus sombres de son histoire, la voix au ton solennel du vétéran retentit dans toutes les interfaces audio du monde.

                — Bon peuple, entends la Vérité trop longtemps cachée. Vois l’ignominie qui t’a été dissimulée. Apprends le mensonge qui t’a été enseigné comme doctrine, et éveille-toi de cet asservissement. Celui qui se fait appeler Juste Sauveur, Saint ou Grand Maître, est celui-là même qui te réduit en esclavage. Il est celui qui a essayé de mettre à mort notre bon Roi et toute sa Famille Bien-aimée. Il est celui contre lequel tu dois te soulever et que tu dois aujourd’hui combattre. Si la guerre que nous menons maintenant est soldée par une victoire, la monarchie d’antan sera rétablie, Notre Roi remis sur son trône, et notre paix passée renaîtra de ses cendres pour un nouvel âge d’or mondial. Le Capitaine Andreìs Dimirov, surnommé Rark le Rouge, a passé ces derniers siècles à rallier tes dirigeants dans une alliance forte, et voici l’aboutissement de ses rêves : la paix, la survie de notre monde, le retour de nos vrais chefs, et la punition du seul véritable traître. Alors descendez dans les rues, prenez les armes, et défaites-vous du joug de l’oppression !

                Il marqua une courte pose avant de reprendre sur un ton plus agressif.

— Quant à vous, membres du corps des Prétoriens et de l’Armée Régulière, maintenant que vous connaissez la vérité, rappelez-vous à qui vous prêtez allégeance quand vous avez décidé d’être incorporés, et tournez vos canons vers l’ennemi. Soutenez vos frères et sœurs non armés du peuple et terrassez les Guerriers de Jade, ces usurpateurs marqués à jamais du sceau de l’infamie ! Qu’importe le sang, les blessures et les pertes, en ce jour la Liberté et la Vérité triompheront !

                Il enfonça ensuite quelques touches de plus sur sa console et son discours se mit à tourner en boucle alors que les images de la trahison continuaient de défiler aux côtés de celles du combat actuel. Se retournant vers le reste de la salle, le vétéran observa les stratèges et transmetteurs restés sur place pour assurer la bonne gestion stratégique en souriant. Cette bataille, qu’importe son coût, serait gagnée, il ne pouvait en être autrement.

                Andreìs et Fury franchirent les premiers les Grandes Portes ouvrant vers l’intérieur du Palais Royal, remontant deux colonnes de militaires au Présentez-Armes jusqu’à se retrouver face à leur Officier Général au garde-à-vous. Lui rendant son salut, le Capitaine prit la parole.

— Mon Colonel, vous êtes plus gradé que moi.

— Mais vous êtes responsable de la mission. Comment pouvons-nous vous aider ?

                Andreìs sourit.

— De bien des façons. Pour commencer, connaissez-vous quelques Officiers à travers le monde, sûrement issus des familles anoblies par Armist, qui devraient donc lui rester fidèles ? Avec des noms, nous saurions où nous attendre à des poches de résistance.

                Le Colonel acquiesça.

— Je vous donnerais ça dès la fin de cet entretien. Quoi d’autre ?

                Le sourire d’Armìst se fit carnassier tandis qu’il demandait.

— Le chemin le plus court vers les appartements de cet enfoiré, c’est par où ?

— Il occupe les appartements royaux.

— Parfait.

                Le Capitaine des troupes de choc pressa ses transmissions privées.

— Gregor, il est dans les appartements du Roi. Tout est sous contrôle de ton côté ?

— On a les défenses en main. Les plus anciens Prétoriens sont restés fidèles à Armist, mais les jeunes recrues les affrontent, même s’ils n’ont pas vraiment le niveau. Archi me signale aussi que leur aviation légère semble vouloir en découdre, mais je doute qu’ils fassent beaucoup de dégâts dans nos rangs

— Tant mieux. Comme ça, nous serons échauffés avant d’aller retrouver notre vieux frère, qu’en dis-tu ?

— Le dernier dans les appartements royaux payera sa tournée de bière Bavarienne ?

                Andreìs rigola.

— Mon pauvre, tu vas finir sur la paille.

— Par contre, tu serais surpris de voir que les effectifs des Guerriers de Jade ont été multipliés par presque dix, même si sa garde prétorienne originelle semble mystérieusement décédée peu de temps après sa prise de pouvoir pour ensuite incorporer ceux qui lui étaient le plus proche.

— Bizarre, en effet… Nous verrons ça le moment venu. Là, j’ai soif de bière et de carnage.

                Un sourire mauvais au visage et une lueur folle dans le regard, Andreìs se retourna vers ses hommes et brancha ses transmissions sur le canal global.

— Guerriers de tous pays, il y a bel et bien une résistance. Je compte sur vous, écrasez-les jusqu’au dernier, que leurs noms sombrent à jamais dans l’oubli ! Dans et hors du château ! Je ne veux pas de survivants, ni blessés ni prisonniers, seulement des trophées ! La mauvaise herbe mal arrachée repousse toujours ! En ce jour, il va falloir laisser parler la cruauté la plus sombre qui sommeille en vous pour assurer l’avenir le plus radieux possible à vos enfants ! Le Colonel à mes côtés va vous donner les noms des Officiers dont vous devrez vous méfier. Prévenez vos frères dans vos pays pour qu’ils sachent qui les trahira. Maintenant, vous connaissez la suite du plan, et vos propres rôles dans cette libération. Alors, faites couler le sang, pour qu’il abreuve nos terres !

                Une clameur assourdissante emplit l’air ambiant tandis que les premiers aéronefs s’expulsaient des rampes de lancement du château avant d’être interceptés en plein vol par les engins de chasse loyalistes et les batteries antiaériennes mobiles déployées, puis d’exploser dans les airs tels des boules de magma ou d’aller s’écraser derrière les lignes des libérateurs à l’état d’épaves en feu. Au même moment, Andreìs partit en courant vers une salle qu’il connaissait trop bien, là où tout avait commencé.

                Alors que sur ses écrans Edwin voyait les troupes pénétrer massivement dans le Palais Royal, il activa le retour du champ stasé. Celui-ci émergea du sol aux côtés du vétéran avant de progresser sur un long rail pour être rapporté au château. Le trajet durerait presque une heure, et il faudra une vingtaine de minutes supplémentaires pour que la Famille Royale puisse reprendre sa place dans le monde. Derrière le champ se mirent en route plusieurs équipes d’escorte, une équipe technique, cinq pelotons médicaux avec blocs opératoires mobiles d’urgence et le vétéran, son immense masse d’arme posée négligemment sur son épaule et un large sourire aux lèvres, tandis que le Maître Da Yo enseignait par télépathie à un jeune transmetteur comment utiliser les ordinateurs qu’Edwin venait d’abandonner.

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