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                Gregor venait d’atteindre le point culminant de sa puissance et laissa toute sa rage éclater pour libérer son plein potentiel. Sa vitesse d’exécution était telle qu’un œil humain aurait été trompé par elle, et sa force avait augmenté au point qu’un seul mouvement de son épée tranchait les obstacles plusieurs mètres derrière, déchirés par le vent déplacé. Malgré tout, il ne parvenait pas à prendre le dessus sur son adversaire. Armist se permettait d’encaisser certaines attaques dont il savait qu’elles ne perceraient pas trop gravement son blindage et esquivait les autres en se décalant d’un à deux centimètres au dernier moment. Pire encore, Gregor eut régulièrement le sentiment que ses armes étaient déviées avant d’avoir pu atteindre leur cible, tandis qu’Armist claironnait.

                 — C’est frustrant, non ?

                Le sourire sadique d’Armist énerva Gregor un peu plus.

— Je vais t’expliquer. Dans l’état où nous sommes, nous pouvons faire tellement plus qu’être des dieux du combat, en bougeant assez vite pour faire onduler l’air autour de nous et dévier ainsi les coups. Mais encore faudrait-il avoir pu s’entraîner pour ça… Et ce n’est pas ton cas !

                Il hurla sa dernière phrase en lançant son sceptre dans un ample mouvement que Gregor esquiva avec facilité.

— Parce que tu crois que tes techniques de lâche vont m’arrêter ?

                Gregor chargea et Armist se prépara à encaisser le coup, mais celui-ci ne vint jamais. Le guerrier loyaliste attrapa le traître aux bras et le poussa, traversant un premier mur, puis de nombreux autres après tandis que les semelles d’Armist ne parvenaient pas à assurer assez d’adhérence sur le marbre pour stopper la glissade. Une quinzaine de pièces plus loin, les armures recouvertes de poussière de béton et de gravats, les guerriers s’immobilisèrent enfin, rivalisant en force pour se maintenir droit tandis que les servomoteurs de leurs armures grinçaient sous la contrainte qui leur était imposé.

— Tu réalises que tout ce que tu essayes de faire est vain ? Je me suis entraîné à cet état, et je le maîtrise, lui et ses à-côtés, quand tu t’épuises en vain. Même ton cher Andreìs ne pourrait pas me vaincre. Il ne l’a d’ailleurs jamais pu.

                Gregor lui cracha au visage avant de répondre.

— Il n’a pas pu uniquement parce que tu es un lâche ! Il te terrassera !

                Armist secoua légèrement la tête.

— Je crois qu’il va falloir que je te montre…

                Bien que maintenu par son adversaire, le Guerrier de Jade écarta les bras sans forcer, arrachant un cri de douleur à Gregor quand il dut se résoudre à lâcher prise, puis joignit les poings pour les utiliser comme marteau sur le crâne du loyaliste. Alors que la tête de celui-ci était propulsée vers le sol, Armist releva le genou et le visage de Gregor se fracassa contre la plaque de blindage ouvragée de l’articulation dans un craquement osseux et métallique de mauvais augure avant que le guerrier s’effondre sur le côté, le visage en sang et à bout de souffle. Armist se pencha lentement vers lui en prenant un air malheureux.

— Oh, regarde ce que tu as fait… Mon armure… Ça me fend le cœur… Alors je vais être obligé d’arracher le tien…

                Gregor ouvrit subitement de grands yeux effrayés quand la main tendue d’Armist plongea vers sa cage thoracique mais parvint à la bloquer à la dernière seconde, son armure et ses côtes déjà traversées par son adversaire, ayant le sentiment que ses doigts caressaient son cœur tandis que le sol autour d’eux tremblait. Une fraction de seconde plus tard, celui-ci céda, entraînant les deux combattants dans une chute inattendue. Quand le nuage de poussière commença à s’estomper, Gregor revint à lui. Ouvrant lentement les yeux, il essaya de se relever, la main droite plaquée sur la plaie béante de son torse que son corps ne parvenait pas à cicatriser tandis que qu’un sang épais s’écoulait entre les doigts de son gantelet. Il avait poussé son corps trop loin et en payait le prix, il le savait, mais ne pouvait pourtant pas abandonner. Une fois debout, il avisa son épée à deux pas de lui et se pencha lentement, gémissant et perclus de douleurs, pour la ramasser. Quand il se fut enfin redressé, il regarda autour de lui, cherchant Armist du regard en vain. La seule chose qu’il vit fut la porte ouverte sur sa gauche. La porte menant à la salle du trône.

— Et merde…

                Subitement, il imagina son adversaire se retrouvant face au champ stasé, et combien même Edwin et ses hommes l’accompagnaient pour le sécuriser, il savait maintenant qu’ils ne feraient pas le poids. Utilisant son épée comme une canne, il avança en boitant jusqu’à la double porte entrouverte et glissa la tête dans la salle qui semblait vide. Gregor fit alors deux pas deux plus pour entrer avant de se faire soulever puis propulser dans les airs, traversant la pièce avant de s’écraser lourdement contre un mur puis glisser au sol alors que le rire d’Armist emplissait la salle.

— Tu es vraiment trop bête. Pourquoi n’es-tu pas resté allongé à attendre que la mort t’emporte ?

                Se relevant douloureusement, son épée fermement tenue dans sa main droite, Gregor répondit.

— Parce que dans ce cas j’aurais failli à ma mission…

                D’un bras faible et tremblant, il leva son arme, un masque de douleur sur le visage.

— En garde, petite putain ! Je n’en ai pas encore fini avec toi !

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