Lettre d'a.......

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Cher Camille,

Honneur et triomphe à toi.

Espérant que tu te portes au mieux malgré la situation.

Rapière t’a bien apporté cette lettre de rédemption de ma part. Étrange, cela ne peut point venir de moi. Ce fidèle faucon, ne répondant qu’à nos ordres, en reste pourtant la preuve. Alors que je suis censé être aux mains de l’ennemi, comment puis-je t’écrire aujourd’hui ? Mes explications vont suivre à travers mes mots, ne t’inquiète pas. Il n’y a aucun piège, aucune entourloupe, seulement la vérité.

La mission initiale échoua. L’assassinat du roi « Woest » ne se déroula pas comme prévu. En repérage en ville les derniers jours, pour finaliser le plan, je me fis localiser par la milice armée. J’ai essayé de me défendre tel un fauve, tu me connais. Éliminant sur mon passage une vingtaine de gardes. Ma précieuse dague attachée à la ceinture m’a sûrement trahi, trop visible ou bien mon aura meurtrière trop exposée.

En tout cas, je m’en voulais d’avoir mal exécuté notre protocole. Sans cette négligence, je n’aurais point été détecté puis capturé par ces gardes. Un sinistre sort pour moi. Imagine comment les autres membres de notre ordre doivent se moquer de ma personne. Savoir cela m’attriste. Finalement, je ne suis pas le si grand tueur que l'on croit. Assassin attrapé lors d’un simple repérage. Impensable pour moi. Toutefois, voilà ce qu’il s’est passé ce onzième jour.

Patienter plusieurs semaines, sans comprendre, a dû te sembler pénible. Rester sur place sans savoir comment intervenir. Imagine mon désarroi de te laisser sans nouvelles. Sans signe de vie d’un coéquipier, un exterminateur de notre ordre doit se replier afin d’établir un plan différent. Ou abandonner la mission en cas de complications. Ne me mens pas, tu es resté à proximité de Midzart, n’est-ce pas ?

N’attends-tu pas le moment idéal pour frapper avec une nouvelle stratégie ? Intéressant, diverge-t-elle de l’original ? Étudier les lieux précisément. Recenser les meilleurs issues et accès. Préparer nos armes. Assassiner des soldats afin de prendre leur place. Repérer tous les mouvements de la milice le temps de trouver la faille pour une attaque furtive. Localiser le roi de Midzart. Éliminez les opposants et les nuisibles jusqu’à atteindre notre cible. Terminer notre tâche en abattant ce tyran du nom de « Woest ».

Y a-t-il donc de grandes différences avec le plan initial ? Rien de très compliqué, théoriquement, ce type d’exécution. Assassin de renommée que nous sommes. Nous aurions été couverts d’or avec cette mission réussie. Fabuleuse récompense garantie par le roi de Ziptar.

On aurait pu se la couler douce un bon moment. Un peu de repos qui nous procurerait un bien immense. Partir en vacances dans les contrées lointaines ensemble. Alliés, jusqu’au bout comme on s’est promis dans notre jeunesse. Sans meurtre le temps d’une pause bien méritée. Dis-moi si toi aussi tu rêves de t’évader de ce quotidien funeste.

Entrer dans la légende nous aurait été également offert. Rayer le nom de l’oppresseur de Midzart de la liste des vivants resterait un exploit. Oh, imagine notre notoriété si nous avions réussi. Y a-t-il plus belle récompense ? Assassiner le maléfique tyran fou. Une vie prise contre deux vies de renommée. Midzart aurait aussi été libéré du joug de ce despote.

En plus, Ziptar veut la mort de ce roi depuis un nombre incalculable d’années. Une terrible haine que porte notre seigneur envers cet oppresseur. Terrifiante, j’oserais même dire. On n’a jamais vu autant de colère traverser un seul homme.

Plusieurs pensent que c’est lié à la défaite du royaume de Nyhept. Illustre nation éliminée de la carte en une semaine. Qu’est-il dit sur cette bataille ? Un massacre à sens unique. Écartèlement, brisage d’os, viols ainsi que toutes les autres atrocités qu’il puisse exister, se seraient abattus sur la cité.

Pour le gouverneur de Nyhept, frère du seigneur de Ziptar, il aurait subi la pire des tortures. Attaché et dénudé avec une cage chauffée sans fond, fixée à son ventre, dans laquelle un rongeur cherche à s’échapper. Supplice du rat, ils l’appellent. Destin funeste pour cet homme.

Endeuillé par la mort de son propre sang, le roi de Ziptar tenterait de se venger depuis. Bienveillant, auparavant, il serait devenu un démon, soif de châtiment. On ne pourrait pas lui en vouloir pour ça. Ne pas chercher à exécuter le tyran fou resterait impossible pour lui à priori. Homme d’honneur qu’il est.

Et voilà la raison qui expliquerait notre mission. Une demande d’élimination par la main de notre ordre. Rares sont ce type de commandes. Assassiner un seigneur est une déclaration de guerre à travers tous les autres royaumes. C’est ainsi que nous fûmes pourtant choisis parmi notre groupe pour cette tâche. Honneur à la hauteur de notre talent.

Assassins depuis notre plus jeune âge. Quêtes, meurtres, menaces, duels… Un beau palmarès nous avions. Équipe effrayant les plus grands. Coéquipiers venant des abymes. On nous appelait Nymphe et Démon. Intéressant comme surnoms. Nymphe, charmant ses proies avant de les engloutir. Démon, celui qui les terrorisait avant de les dévorer. En vrai, je n’ai jamais su qui était qui parmi nous deux. Rapidement, nos exploits nous permirent de rejoindre l’ordre des assassins de Ziptar. Uniquement par nos propres moyens, nous grimpâmes les échelons.

Excuse-moi de radoter. Mais j’ai besoin que tu comprennes que c’est bien moi, ton ami, qui te parle. Alors que nous sommes éloignés l’un de l’autre.

Il se pourrait que tu n’attendes pas loin de la frontière. Selon le plan initial, je devais partir pour Midzart seul afin de repérer les différents coins. Une fois mon premier état des lieux réalisé, cela aurait été à ton tour d’y aller. N’est-ce pas ? Malheureusement, je me suis fait prendre avant.

Oh, destin capricieux ! Ne cesse-t-il jamais donc de jouer avec nous ! Désolé, pour mes envolées lyriques. En effet, ma plume s’emballe en t’écrivant.

Si nous avions échangé de place, aurais-tu été attrapé aussi ? Avec toi, rien ne semble sûr. Un vrai tigre tu es face à un opposant. Véritable machine à déchiqueter la chair. À vrai dire, heureusement que j’y suis allé en premier. Guerrier que tu es, tu aurais sacrifié ta vie dans cet affrontement. Entêté comme un taureau. Sans pitié, tel un requin. Oppressant tes ennemis d’un simple regard. Un massacre, tu aurais provoqué, jusqu’à ce que ton existence t’échappe.

Survivre ne t’importe peu si la mission n’est pas réussie. Logique que je partageais auparavant. Et pourtant, heureusement que je n’ai pas suivi ce principe. Je n’aurais jamais pu découvrir sinon ce que je vais te dévoiler. Oh, ne t’impatiente pas, laisse-moi te présenter tout ça.

Ultérieurement, je te disais que nous étions envoyés abattre ce terrible tyran. Généralement, lorsque l’on évoque son pays, quels mots te viennent ? Désespoir. Usurpateur. Néant. Terreur. Enfer. Rarement décrit en bien, comme tu le constates. Rarement désiré. Il est vrai qu’il possède une sale réputation.

Bien qu’il reste une grande nation, il est surtout connu pour son atrocité. Les habitants vivraient dans l’angoisse. Effrayés par ce terrible despote. Délaissés par un roi qui ne les considère pas. Enfermés s’ils se plaignent. Supprimés s’ils se révoltent. Punis à chaque faux geste. Oh, qui voudrait résider dans un tel endroit. Toutefois, impossible pour eux de s’enfuir. En effet, ce pays est une prison gigantesque. Quels fous oseraient détaler ? Une répercussion pire que la mort pour eux et leurs familles les attendrait.

À force d’entendre de si terribles choses, nous y avons cru. Nous, des assassins pourtant clairvoyants. Dis-moi, nous ne sommes pas naïfs ? Toujours, nous essayons d’avoir un avis objectif. Un jugement construit sur notre propre retour d’expérience. Rappelle-toi bien !

Et pour ce cas, qu’avons-nous fait ? Comment avons-nous pu alors estimer ce pays ? Écouter seulement notre ancien roi n’est pas ce que je considère comme une opinion impartiale. Voilà ce que j’en pense. Roi de Ziptar, nous aurais-tu trompés ? Attends, il ne pourrait pas agir de la sorte ? Si, en effet.

Comment est-ce possible, tu dois te demander ? Est-ce possible que ton souverain soit un simple humain ? Tout comme eux, il ment. Tout comme eux, il manipule. Et nous, pauvres victimes, nous n’avons rien vu. Le seigneur nous a caressé dans le sens du poil, pour nous avoir à son service. Et pourtant, nous sommes restés méfiants. Toutefois, nous avons cru à ses douces et terribles paroles. Toutefois, nous nous sommes laissé berner.

Rappelle-toi être allé à Midzart créer ton propre jugement ? En effet, je ne crois pas.

Je pourrais encore t’énoncer tout ce que nous avons entendu, sans vérification au préalable de notre part. Effroi muraillé. Sordide pays. Enfer déguisé en paisibles villes. Royaume maudit. Atrocités comme rythmes de vie. Inhabitables sans en perdre la raison. Territoire hostile où résident des démons dansants. Une terre brulante où périssent les vivants. Et en tête de cet enfer, Woest. Le tyran fou. Éliminant tout opposant à son régime.

N’en pensais-tu pas moins ? N’est-ce pas ce qu’on nous a raconté tant de fois ? Etrange qu’un tel pays existe.

Midzart n’est pas un royaume corrompu comme il nous l’a été décrit. Il ne ressemble à rien de ça. Partout, le bonheur se voit respirer. En traversant les rues, les gens sourient. Nulle peur. Sans violence. Égalité entre les hommes et les femmes.

Quelle nation peut permettre ça ? Une utopie, oui ? Et elle se situe dans notre monde. Tu remarqueras comme Midzart demeure incroyable. Une cité qui brille par sa prestance. Villes n’existant initialement que dans nos rêves. Imagine tous tes désirs réunis en un seul endroit. Et bien, il s’agit de Midzart. Ne doute pas de moi quand je t’écris ça.

Derrière ses remparts, tout le monde vit heureux. Rien de néfaste. Alors que certains tentent de s’enrichir, ce pays cherche lui uniquement le bonheur. Sache qu’il n’a pas de défauts.

Des enfants non éduqués ? Ah ça reste improbable ici, avec les systèmes pédagogiques et les écoles mis en place. Nul marmot ne sort sans connaissance en lecture et écriture.

Santé ? Tous les médecins vivent au service du peuple. Respectés et reconnus par tous.

Ordre public ? Impossible de ne pas se sentir protégé. Sécurité réside derrière ses remparts. J’en ai d’ailleurs fait les frais. Oh, quand on y pense, c’est moi qui ai troublé cette ville. Un sale étranger venu perturber ce bel équilibre.

Respect ? Sache que les gens ne connaissent pas le mot « insulte » ici. Pas de blessure par de vilaines paroles pour ces gens.

Richesse ? Oublie ça ! Femmes et hommes ne s’occupent pas de cette futilité. Ils vivent en s’entraidant les uns et autres. Tous œuvrent chacun passionnément à une tâche. Échanges de service restant la monnaie de cette ville. Échanges de service permettant de créer une égalité parfaite. Niais, trouves-tu ? Pour manger du pain, demandes juste au boulanger. Ou besoin de travaux pour ta maison ? Une requête au maçon et il arrive. Rien pour empêcher ce fonctionnement tant que tout le monde exécute quelque chose pour le bien commun.

À part ça, quoi d’autre ? Commerce ? Heureusement que le royaume s’autosuffit, impossible de parler aux nations voisines jalouses.

Environnement ? Vies humaines, animales et végétales sont toutes respectées. Égalité, même entre interespèces.

Revenons à un autre sujet. Nourriture ? Oui, point important. Tout le monde mange à sa faim. Rien de gâché dans ce monde.

Et la religion ? Machine infernale responsable généralement de conflits ? Ici, chacun prie celui qu’il veut. Sans jugement. Sans rivalité. Il existe une véritable paix mystique entre ces murs.

Oh, et j’allais oublier. Nous n’avons aucune attaque, ni vol, ni viol. Les femmes ne craignent pas de se faire harceler le soir dans la rue. En effet, nos hommes sont bien trop respectueux. Comme leur roi Woest, d’ailleurs.

Oui, je reste persuadé que tu rêves de découvrir cet endroit. Tu n’en reviendrais pas. Et en plus d’être une ville pacifique, elle demeure forte. Surpuissante ! Ultrarésistante ! Des attaques contre elle, il y en a eu. Des blessés Midzartien, jamais. Ennemis se retrouvent bloqués contre les remparts sans jamais l’effriter. L’on dit que certains abandonnent juste en apercevant sa splendeur. Armés jusqu’aux dents, ils lâcheraient les épées et boucliers instinctivement. Voir la blancheur des murs immaculée les empêcherait de lancer l’assaut. Il est vrai que même nous, en arrivant nous étions impressionnés. Les forteresses blêmes de Midzart. La ville claire censée cacher un monde ténébreux.

En tout cas, voilà ce que dissimule ce monde. Relaté dans ses moindres détails. Étonné ? Sûrement, vu que tu ne peux encore l'admirer de tes yeux. Toutefois, pourquoi n’avoir jamais entendu parler de tout cela ?

Évidemment, la vérité reste masquée. Les régions comme Ziptar ne souhaitent pas que l’on connaisse cet Eldorado. Et du coup, comment ont-ils réagi ?

Midzart s’est attribué une mauvaise réputation par les différents pays. On peut en déduire facilement d’où elle vient. Incurable jalousie possède les autres rois. Ne croyons pas les dires de notre ancien dirigeant. Sans pitié, il est. Gare à ses mots empoisonnés. Arrêtons les frais aujourd’hui. Résistons ! Démêlons le vrai du faux ! Ensemble, nous enlacerons la vérité ! Tu verras bien.

Un pays où les gens vivent heureux fait peur. Savoir que certains font mieux que toi. Avoir un tel concurrent à sa frontière. Une nation meilleure sur tous les aspects. Regarder chez ton voisin te fait prendre conscience des défauts de ta propriété. Alors au lieu de régler leurs problèmes, ils préfèrent en trouver chez lui. Sornettes et diffamations. Toute méthode est bonne à prendre afin de se sentir supérieure. Et trainer le nom de Midzart dans la boue fut leur plan. Facile comme proie, non ? Attends, je n’ai pas fini.

Une nouvelle révélation m’a encore plus choqué. Fratricide ! Ils sont allés plus loin que je le pensais. La torture du roi de Nyhept par le tyran fou reste aussi un pieux mensonge. En falsifiant sa destruction, ils ont attisé la colère des populations sur Midzart. Rien de plus facile. Ils profitent pour anéantir un peuple et en accuser un autre. Le meurtre de son propre sang sur lui pour simplement croître. Comment ont-ils pu procéder ainsi ? Roi traitre, faux frère !

Oui, j’ai tellement pleuré face au constat de cette injustice ! Ils n’ont aucune pitié pour elle. Toutes les nations contre une seule. Quelle bande de lâches ! Un combat déloyal.

Et le pire c’est que l'on croit ces histoires. Traité comme un enfer sur Terre. Une ville où les gens meurent en respirant. Enfermés et torturés. Sans espoir. Un repère d’inhumains.

Non, arrêtons de relayer ces informations ! Horreurs, trop d’horreur ont été prononcées. Oh, quelle injustice pour cette fabuleuse ville !

Midzart faisait de l’ombre aux autres. Midzart devait alors être détruit. Et surtout garder une réputation de pays diabolique. Un destin tragique réservé à ce noble seigneur. Tuer physiquement et mentalement la tête de cette royauté. Il ne faut plus croire à ces mystifications. La nation de Midzart n’est pas ce que l’on dit. Il s'agit simplement des répercussions d’une hautaine jalousie. Sans ces mensonges, tout le monde irait là-bas.

Et voilà toute la vérité.

Comment suis-je arrivé à ce constat, te demandes-tu ? En effet, ne devrais-je pas être prisonnier à l’heure où je t’écris ? Torturé jusqu’à espérer que la mort me prenne. Auparavant, je n’aurais jamais pensé que cela puisse exister. Vraisemblablement, je m’étais trompé.

Assassin que je suis, encore en vie. Nulle exécution pour ma personne. Toujours respirant le même air que toi.

Arrêté, j’ai bien été. Gardé derrière des barreaux, attendant mon heure. Et une chose incroyable se produit après ma capture. Woest m’a reçu comme un ami. Oui, quelle surprise d’être recueilli ainsi ! Un assassin, tel que nous, invité à venir discuter avec son ennemi. En principe, une tentative de meurtre aurait été punie sévèrement. Surtout que j’ai éliminé plusieurs de ses hommes. Toutefois, il souhaitait tout de même s’entretenir avec moi.

Avant, j’aurais pris ça pour de la manipulation. Impossible que ce tyran fou soit si bon ! Mais, j’ai eu le droit de forger mon opinion. Émancipé de mes chaînes. Libre de mes mouvements. À l’assaut de la ville pour découvrir tout ce que je t’ai décrit précédemment. Comme il me l’a annoncé, ce paradis existe bien. Oh, quel incroyable pays il dirige ! Midzart rayonne par sa beauté. Partir d’ici reste une folie.

Après ce constat, je retournai voir le roi. Gagnant ma confiance, je lui pliai le genou. Nul doute que ce geste le convint. Il m’accepta comme l’un des siens. En contrepartie, il me suffisait de lui rendre un service. Deux fois rien. Éliminer quelqu’un. Simple, non ? Fallait juste demander.

Et me voilà désormais membre de sa garde rapprochée. Midzart n’est pas un mensonge, je t’assure. Midzart est le futur. Et devenir citoyen de ce monde est un honneur. Servir ce pays est mon rêve dorénavant. Je suis fier de ma décision.

Et je souhaite te persuader aussi de me rejoindre. Toutefois, pourquoi accepterais-tu ? Et c’est une réaction tout à fait normale.

La vérité est que j’ai déjà démarché Woest sur ce sujet. Aujourd’hui, le seigneur de Midzart nous offre une seconde chance à tous les deux. Insistant auprès de lui, il m’a écouté concernant ma requête. Sauver aussi mon ami d’un royaume menteur. Sauver mon ami d’un roi se prétendant pour un saint. Et surtout retrouver mon ami au sein du même clan. L’alliance proposée demeure une opportunité incroyable.

En effet, tu verras ce royaume est magique. Fabuleux. Longtemps, j’avais des doutes sur Ziptar. Après ces révélations, tout semblait fluide pour moi.

Midzart deviendra l’avenir du monde. Bien évidemment, ce n’est pas une décision facile. Ennemis deviennent amis. Alliés deviennent adversaires. Un choix difficile aussi pour moi. Pas de retour en arrière possible derrière. La fin de notre appartenance à l’ordre des assassins Ziptien est bien sûr à prévoir.

Ai-je commis une erreur en me ralliant à Midzart ? Non. Terrible idée. Éteindre notre vie passée est la meilleure chose qui puisse nous arriver. N’en doute point.

Oh, Camille, j’espère que ces mots t’atteindront. Tout droit vers ton cœur et ton esprit. Réveille-toi avec moi. Et rejoins-moi !

Le roi de Midzart te réclamera simplement aussi un geste de loyauté. Avec cette action, tu deviendras un véritable citoyen. Moi, il m’a demandé de supprimer un opposant à son régime. Éliminer une vulgaire cible. En plus, un homme faible. Nulle chance d’échouer. L’assassinat resta facile. Un jour suffit pour détruire cette proie. Impuissante face à nos techniques de combats.

Poignard ensanglanté, je revins auprès de mon futur roi. Oh, tu aurais vu son regard fier. Un seigneur qui me donna sa bénédiction. Roi si bon et généreux. Ziptar appartient au passé désormais.

Imagines-tu ? Protecteurs de Midzart, nous ? Tuer pour la gloire de cette nation. Assassins au service de notre maître, initialement notre proie. Rares sont ces occasions.

J’aimerais que tu viennes nous rendre visite. Au moins, me retrouver un instant pour discuter de vive voix. Une audience devant lui te sera accordée. Roi que tu constateras bon comme mes dires.

Arrivée dans la ville, ton opinion changera. Impossible que tu ne sois pas subjugué par sa beauté. Sans aucun doute, la vérité t’illuminera aussi. Toute la vérité… Et elle est si libératrice.

Lieu de rendez-vous, la porte Nord

L’heure de rendez-vous, dans trois jours, midi.

Écoute au moins ce qu’il a à te dire. M’entretenir avec lui fut la clef pour moi. Écoute-le jusqu’au bout. Ne laisse pas tes préjugées te guider.

Ton destin réside entre tes mains. Avec cette fois-ci, toutes les cartes sur la table. Il saura t’éclairer sur notre monde, son royaume et nos véritables ennemis.

Mon ami, il te faut saisir cette chance. Et la saisir maintenant. Voilà ce que je te recommande.

Oh, en cas de désaccord, tu ne seras point exécuté. Il me l’a promis. Refuser te sera toujours possible. T’en aller, sans répercussions, après l’audience sera une option. Oh, j’espère que cette proposition te convaincra.

Néanmoins, tu dois te demander encore, comment savoir s’il s’agit de moi ? Voler mes mots serait d’une facilité. Imiter mon écriture de même. Simplement me torturer afin de me forcer à t’envoyer cette lettre. Avec les méthodes d’aujourd’hui, rien d’impossible. Généralement, on peut arriver à ses fins avec un supplice bien exécuté. Effrayant, non ?

Un autre point. Notre compagnon à plume, Rapière, pourrait être aussi manipulé. Entêté et fidèle comme il l’est, seul notre commandement fonctionnerait. Détourner ce messager est donc irréalisable.

Et pour ce qu’il s’agit de moi ? Rappelle-toi uniquement de ce souvenir secret que nous partageons. Nous étions jeunes. Insouciants des horreurs de la vie. Et elle est arrivée. Ravissante, dans sa robe bleue. Enivré par son parfum, tu fus consumé par son charme. Fou d’elle, tu aurais pu décrocher la lune. Oh, quel malheur d’apprendre qu’elle m’affectionnait ! Impossible pour toi de la conquérir.

Secret terrible tu as gardé, au fond de toi. Amoureux d’une fille dont tu n’obtiendrais jamais la moindre caresse. Désireux de conserver notre relation, je l’ai rejeté. Improbable pour moi de te trahir. Et en même temps, j’ai senti ta tragique jalousie. Un sentiment avec lequel tu t’es battu en constatant mon sacrifice.

Camille, tu m’as demandé de garder ce secret honteux. Amitié préservée malgré cette rivalité. Maintenant, tu sais que je suis le seul maître de mes mots.

Il te reste trois jours avant le rendez-vous. L’attente sera longue. L’attente sera douloureuse. Et je me trouverai là près du roi, rêvant de ta venue. Je respecterai quoiqu’il arrive ta décision, mais je désire qu’elle suive ma voie.

Ennemis demain ? Terrible fatalité pour nous.

À très vite, j’espère. Il faut vraiment que tu me rejoignes, mon ami. Midzart est notre destinée. Et nous marcherions à nouveau côte à côte. Un simple choix qui changera ton existence.

Rassure-toi, tu ne seras pas déçu. Impatient que tu découvres toutes ces merveilles avec moi.

En espérant que ta réponse soit positive,

Longue vie à toi, quel que soit ta décision,

Urielu

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