L'interview Ryan Gosling
Hector s’installe dans le fauteuil très confortable mis à sa disposition. Il a l’habitude de ce genre d’exercice et il ne se sent pas du tout nerveux. Les personnes qui l’interview tombent toutes sous son charme dévastateur. Combien de journalistes a-t-il mis dans son lit après à peine quinze minutes de questions réponses. ? Combien de journalistes l’ont invité à diner ou boire un verre comme s’ils étaient amis de longue date juste pour continuer à échanger avec lui ?
Il n’y peut rien, il est beau, intelligent et excessivement charmeur.
La journaliste arrive, elle est charmante, grande, brune, des yeux bleus-verts, des petites lunettes rondes et un corps enjôleur. Hector se fait une joie de charmer cette adorable jeune femme. Malgré tout, en la regardant il se dit qu’elle lui dit quelque chose, que cette femme lui parle, mais il ne voit pas d’où. Pas grave, ça lui reviendra peut-être.
« Bonjour, nous allons commencer tout de suite.
— Bonjour. Bien madame ! »
Il aime bien quand la femme prend les choses en main, et il se dit que si elle veut aller vite c’est qu’elle a surement une idée derrière la tête.
« Vous êtes un peu le Ryan Gosling Français, on vous prend pour votre physique, mais pas pour votre jeu d’acteur, comment le vivez-vous ? »
Oula, une question agressive, mais il l’a eu souvent cette question, il sait comment y répondre et avec charme en plus.
« Moi ? Je le vis bien. Il y a pire comme comparaison et puis au vu de ma carrière et de la sienne aucun de nous n’a à rougir. Être beau ne devrait pas être un handicap, qu’en pensez-vous ? »
Il lui jette son petit sourire ravageur. Elle ne lui répond pas, elle le regarde, lui envoie un sourire glacial et ses yeux se replongent sur ses fiches.
« Je vois, ça va donc être ce petit jeu-là… »
Cette réflexion de la journaliste parait bien étrange aux oreilles d’Hector, mais il ne se pose pas plus de questions que ça. Il continue à la regarder avec son regard de braise en étant sûr de son charme. Elle finit par poser ses notes parterre tout en se redressant sur son siège.
« Comment s’appelle le père de Obiwan Kenobi ? »
Hector est surpris par cette question, Star Wars n’a aucun rapport avec sa filmographie.
« Euh, je ne sais pas, je ne suis pas un inconditionnel de Star Wars.
— C’était pourtant facile, Obizéro, mais passons à la question suivante. Si l’œuf est arrivé avant la poule, qui a pondu l’œuf ? »
Hector est de plus en plus décontenancé, il conserve son sourire, mais il n’arrive plus à répondre avec charme.
« Euh le coq… Non, non attendez, une poule quand-même, euh, une pré-poule ?
— Je note, je note. On poursuit, qu’est ce qui est bleu et qui pousse au fond du bois ? »
Hector commence à perdre son sourire, il commence même à perdre un peu patience. Il n’est pas là pour ce genre de questions, il est là pour se mettre en avant et pas pour passer pour un con. Il commence à se dire qu’il va retourner l’interview et faire passer cette journaliste pour une conne.
« Vous pensez que c’est du journalisme ce que vous faites ? Qu’est ce que ce que ces questions ? Vous vous croyez chez Hanouna ?
— D’accord, vous ne semblez pas avoir la réponse à cette question non plus. Ce n’est pas grave. Poursuivez cette phrase, si un chat vous griffe les mollets, un chien vous ???? »
Hector n’y comprend plus rien, où veut-elle en venir ? Comment son comportement va-t-il être interprété s’il s’énerve ? S’il n’arrive pas à rentrer dans ce jeu pour le moins étrange…
« Un chien vous mord les fesses ? »
Hector tente, mais il n’arrive pas à le faire avec le sourire. Il bafouille, n’a pas le bon ton, cherche ses mots… Il ne se trouve plus charmant et encore moins drôle.
« Peut-être, c’est vous qui le dites. Bon, une autre plus proche des gens, pain au chocolat ou chocolatine ?
— Pain au chocolat, sans hésitation.
— D’accord, vous vous mettez tout le sud-ouest de la France à dos en disant ça vous le savez ?
— Mais non, ils m’aiment plus que le pain au chocolat ! »
Ça y est, il a retrouvé son charme, et il ajoute un petit clin d’œil à la fin de sa phrase.
« Est-il plus rapide de manger un melon ou 250 raisins ? »
Mais revoilà une question complètement tordue… Il ne perd pas son calme, il faut qu’il reste sur la lignée de la question précédente :
« Un melon je pense.
— Tiens donc, un melon… D’accord, d’accord. Et pensez vous que la diagonale des fous est un hommage déguisé au fou de l’échiquier ?
— Vous vous rendez-compte que vos questions n’ont aucun sens ? et que votre interview n’a aucune construction ?
— On est bien d’accord, un peu comme vos films. Vous voyez qu’il ne suffit pas d’être belle ? Ne répondez-pas, ça n’était pas une vraie question. Bonne soirée Monsieur ».
Elle se lève et s’en va. Hector ne la reconnait toujours pas, mais s’il la revoit un jour, il se souviendra d’elle maintenant, il en est certain.
Annotations
Versions