le jour où j'ai vrillé

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Vous connaissez ces histoires de divorces et de recombinaisons.
Ma mère a un goût fort discutable en combinaison - en robe aussi je dois bien l'admettre -.

Après mon père, très rock-and-roll, à la main leste et aux humeurs, dirons-nous, variables, elle a décidé de s'accoquiner avec un être pourvu de quatre pustules qui ressemblaient beaucoup à leur géniteur : très affectueux, accueillants et tout à fait près à partager leur père et ma mére.
... Et moi, bien entendu, mais plutôt en petits morceaux.
Ce furent neuf années formidables d'apprentissage sur l'art de la guerre, la ruse et le mensonge.
J'ai découvert que j'avais en moi des abîmes de rage et de peurs.

Je côtoyais toujours mon père. Pour lequel je ressentais un chicouf qui ne se démentit jamais ; chic je le vois, ouf je rentre, mais bof chez les affreux.
Quand mère changea de combinaison, pour la troisième fois, je laissais sans regret la famille Pustules. Mais j'emportais avec moi un acide particulièrement corrosif.

Bref ! Un défi n'est pas un livre. Et des Cosette, il y en a partout.

La première année, les pustules et moi avons fait connaissance au bord de l'océan, à Trébeurden. Maman s'est-elle demandé si nous nous entendrions tous ? Je ne crois pas : lorsqu'une combinaison lui va, c'est tout ce qui compte.
Après tout, les enfants finissent toujours par trouver un terrain de jeux... Moi en l'occurence...
À sa charge elle savait me consoler :

« Je ne peux pas te câliner autant que je le voudrais, ça déclencherait des jalousies, ils n'ont plus leur maman, tu comprends ? Mais tu sais que je t'aime... »

Oui maman. Je serai cette enfant qui leur permettra d'exprimer toute leur peine et leur sentiment d'abandon, après tout je suis une grande fille.

Donc, dés la première semaine de cohabitation, j'ai bien compris que je devrais me farcir un purgatoire peut-être mérité, puisque j'avais été complice de l'évasion de ma mère lorsque nous renonçâmes aux années rock-and-roll.

Alors, j'occupais mon temps, seule, le plus souvent possible et, tant qu'à faire, loin des membres de cette aimable famille dont l'imagination débordante, trouva, au fil du temps, toutes sortes de moyens d'embellir ma vie et un tas de joyeux surnoms.

J'ai marché des heures le long de cet océan que je découvrais. C'était beau, paisible, ronronnant, frais, caressant d'écumes et la plage déroulait son sable pour moi seule.
Clivage où réalité, les autres n'étaient pas là.

Lors d'une de ces promenades contemplatives, j'ai ressenti une chose étrange : tout à coup, je n'étais plus seule dans mon esprit, une autre présence, une autre pensée. Ni bonjour, ni surprise, les enfants s'émerveillent mais ne s'étonnent pas facilement. Nous avons discuté :

« T'es le Père-Noël !
— Tu peux le croire, si tu veux, j'ai toutes sortes de noms. je suis venu te voir parce que j'ai quelque chose à te dire.
— Ah ? Pourquoi tu viens me dire à moi ?
— Tu n'es pas la seule : tout le monde reçoit un message.
— C'est pas vrai, maman ne m'a rien dit...
— C'est parce qu'elle a oublié, tout le monde oublie. Je ne peux pas rester, Je dois partir maintenant. Je suis venu te dire : ne vous faites pas de mal.
— Mais tu vas où ? Tu veux pas rester ? »

Il n'était plus là, et j'étais seule dans ma petite tête d'enfant de cinq ans. Tellement, effroyablement seule. Alors j'ai effacé pour gommer la douleur. Pendant vingt ans.
Et puis lors d'un autre épisode de solitude profonde, pendant une séance psy - les pustules c'est contagieux, il faut nettoyer- , je me suis rappelée de lui - ça semblait masculin - , j'ai revécu ce souvenir avec intensité et ça m'a bouleversée longtemps.
On va dire qu'avant de me le rappeler, j'ai dû me faire tout le mal possible et sans doute à quelques-autres, sans le vouloir.

Je me demande souvent si des gens - à part les schizo - se souviennent.
Et rationnellement je me dis, que c'est sans doute l'ami imaginaire qui a eu l'existence la plus courte de toute l'histoire de "l'humanenfance".

Mais ce qui me trouble encore c'est cet échange trop décalé entre mes questions d'enfant et les réponses.

Ne vous faites pas de mal...
Plus j'avance dans l'âge plus c'est difficile. Mais c'est ma ligne. Vrille ou pas, le conseil demeure le seul qui donne du sens à ma vie.

Les écrivaillons sont parfois impudiques, tant pis c'est plus important pour moi de vous le dire :
ne vous faites pas de mal.


Autobiographiedéfi
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Lancé par Drak_D

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Le jour où j'ai vrilléChapitre24 messages | 5 mois

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