1 - Citseko : Il s'est passé quoi au juste ?

8 minutes de lecture

Citseko Fraam

Rang : Argent

Héritier de la famille Fraam au service du clan Evarla

Citseko observa la salle dévastée. Il s'est passé quoi au juste ? Il s'écarta pour laisser passer les surveillants qui escortaient Indilk, Qegh, Tahiya, Neghttris, Matior et Lyert vers l’hôpital. L’héritier d'argent alla rejoindre Meb qui attendait à l'autre bout de la salle commune avec ses amis.

-Alors ? C'était quoi ce bordel ?

Citseko garda un œil sur les surveillants qui sortaient de la salle suivis du reste de sa classe :

-Je ne sais pas exactement. Ils se sont battus.

Dsouphan ricana :

-Bravo, l'info de première main. On aurait pu deviner tout seul.

Citseko l'ignora, attendant les ordres de Meb. Celui-ci réfléchissait à la façon d'agir. Le simple fait d'avoir demandé à son héritier d'argent d'aller chercher les surveillants l'impliquait dans l'histoire et ça, ce n'était pas forcément une bonne nouvelle. Il fut cependant étonné de voir que Elférad et sa bande étaient impliqués.

-Pourquoi ils se font embarquer les héritiers d'argent d'Elférad ?

Citseko répondit :

-Ils se battaient aussi.

-Même Lyert et Neghttris ?

Citseko hocha la tête laissant Meb éberlué :

-Mais il s'est passé quoi, bordel ?

Gondémàr intervint en levant les yeux au ciel :

-Est-ce si important ?

Meb insista :

-On était ensemble en école commune. Ils sont vraiment pas du genre à foutre la merde.

Il se tourna vers Citseko :

-Tu as vu contre qui ils se battaient ?

Là, ça va vraiment le surprendre.

-De ce que j'ai pu voir, il y avait Tahiya, Indilk et Neghttris dans un coin et Lyert, Matior, Qegh de l'autre.

La déclaration eut l'effet escompté :

-T'es en train de dire que Matior, Lyert et Qegh se battaient ? Les uns contre les autres ?

Citseko tempéra :

-Je crois que Qegh et Matior se battaient. Lyert, je suis pas sûr.

L'incompréhension se lisait sur le visage de l’héritier d’or qui resta un instant à fixer la porte où se trouvait le mot panthère comme si cela pouvait lui donner des réponses à ses questions. Citseko attendit patiemment la suite. Il savait que Meb ne pourrait se contenter de ce qu'il savait. Ses amis allèrent s'installer en lui lançant avec impatience :

-Bon, tu viens ?

L'héritier d'or leur fit un geste pour leur signifier qu'il venait avant de dire à Citseko :

-Va à l'hôpital prendre des nouvelles d'Elférad et des siens. Si il y a une embrouille dans la classe, il vaut mieux qu’on ait un max d’infos.

Citseko acquiesça.

-Meb ! Tu te grouilles ?

L'adolescent jeta un regard à ses amis et glissa à Citseko avant de partir :

-Il faut qu'on sache ce qu'il se passe avant qu'il n'y ait d'autres embrouilles, c'est clair ?

L'héritier d'argent acquiesça de nouveau et Meb partit. Citseko se dirigea sans attendre vers l'hôpital. Il faut que je trouve une excuse sur le fait que Meb ne se présente pas lui-même. Il craignait que Elférad ne se vexe de n'avoir qu'un héritier d'argent pour prendre de ses nouvelles. Je pourrais dire qu'il est occupé, qu'il a des devoirs en retard. Il grimaça. Laisse tomber, tu verras bien. Il approcha du bureau d'accueil de l'hôpital :

-Excusez-moi. On vient d'amener un groupe de garçon. J'aurais aimé savoir si je pouvais aller voir comment ils allaient. Ce sont des amis.

L'homme lui pointa l'escalier du pouce :

-Deuxième étage sur la droite. Vous pouvez pas vous tromper, les surveillants campent devant les chambres.

Citseko remercia alors que l'homme ne lui prêtait déjà plus d'attention. Il grimpa les escaliers et vit en effet, les surveillants dans le couloir. Il s'approcha timidement :

-Je voulais voir des amis, si c'est possible ?

L'un des hommes s'approcha :

-C'est possible, mais on va vous fouiller, si cela ne vous dérange pas.

Citseko se laissa faire, puis le surveillant demanda :

-C'est lesquels que vous voulez voir ?

-Heu... il y avait trois héritiers d'argent. Je pense qu'ils ont dû être mis dans la même chambre.

Le surveillant acquiesça :

-Au bout du couloir.

Citseko s'y dirigea en saluant les différents surveillants au passage. En approchant de la porte, il entendit la voix de Elférad qui hurlait sur ses amis :

-... Vous avez la moindre idée de ce que vous avez fichu ?! Dans quelle situation vous êtes en train de me foutre ! J'ai vraiment l'air d'avoir que ça à faire en ce moment ?! Qu'est-ce qui vous a pris, putain !

Citseko resta derrière la porte, conscient que ce n'était pas le meilleur moment pour entrer. Il entendit les voix des trois héritiers d'argent qui répondaient, bientôt coupé par la voix forte et furieuse de Elférad :

-Vos gueules, putain ! Vos gueules !

De l'autre côté de la porte, Citseko sursauta. Il n'avait jamais entendu Elférad hurler.

-Vous pouvez me dire comment je vais réparer vos conneries ?! Indilk est en droit de réclamer réparation maintenant. On peut laisser tomber l'alliance avec le clan de Qegh. Me regarde pas comme ça Lyert. Je te préviens que tu vas te démerder tout seul pour la récupérer.

Pendant un instant, le silence retomba et Citseko leva le poing pour toquer quand Elférad reprit d'une voix fatiguée :

-Je vous préviens que si je dois faire un duel avec Indilk et qu'il me tue, je me démerderais pour revenir en esprit vous casser les couilles jusqu'à la fin de vos jours. C'est compris ?

Citseko entendit des murmures de la part des héritiers d'argent et décida de se lancer avant qu'Elférad ne trouve autre chose à dire. Il frappa à la porte retenant malgré lui ses coups. Tu frappes pas assez fort, ils vont pas entendre. Pourtant, l’héritier d’or demanda :

-Qui c'est ?

Il se racla la gorge pour répondre :

-Heu... Citseko.

-Entre.

Il obéit. Les trois héritiers d'argent étaient assis sur le même lit, têtes basses. De toute évidence, on n'avait pas encore pris le temps de s'occuper d'eux. Le sang séchait sur leur visage et les hématomes commençaient à apparaître. Neghttris se massait la main, en dissimulant une grimace douloureuse.

-Tu veux quelque chose ?

Citseko s'empressa de reporter son regard sur Elférad et dit en s'inclinant :

-Meb voulait avoir de vos nouvelles. Il voulait être sûr que vous n'aviez rien de grave.

Elférad, les bras croisés, appuyé contre le montant du lit en face de ses amis les désigna du menton :

-Demande-leur.

Intimidé par cet Elférad en colère, Citseko se tourna vers les trois autres qui murmurèrent en chœur :

-Ça va.

Elférad prit un air dégoûté :

-Ils vont bien. Bah oui, ce serait con qu'ils s'en veuillent de me foutre dans la merde.

Neghttris se redressa :

-Elférad...

Un geste sec de la main et il baissa les yeux sans essayer de continuer. Citseko ne savait pas vraiment où se mettre et allait opter pour un replis stratégique quand l'héritier d'or demanda :

-Et comment il va Meb ?

Citseko regretta de ne pas s'être éclipsé de suite :

-Il va bien.

Elférad continua :

-Lyert l'a apparemment vu avec une fille, il y a deux jours.

Citseko hocha la tête.

-Des fiançailles ?

L'héritier d'argent secoua la tête :

-Ce n'est pas arrangé par les parents. Meb décide.

Elférad hocha la tête. Citseko avait bien conscience que ce genre de question servait à savoir si une alliance était en train de se faire entre deux clans. Mais, Elférad était pâle, les yeux cernés et Citseko doutait qu'il ait même enregistré ce qu'il lui avait répondu. Comme tout le monde, il savait que l'héritier d'or avait quitté la chambre de Gzadien pour se réfugier chez Neghttris. Pourtant, la situation n'avait pas eu l'air grave au point de l'affaiblir autant et qu'il perde le contrôle de ses héritiers d'argent. A moins qu'il n'y ait plus que la rupture.

-Dis, Citseko.

L’héritier d’argent releva la tête :

-Oui ?

Le regard dans le vague, Elférad demanda :

-Tu pourrais me rendre un service ?

Ses trois amis se redressèrent soudainement. Citseko lui-même restait bouche-bée. Il ne viendrait jamais à l'idée d'un héritier d'or de demander un service à un héritier d'argent qui n'était pas le sien. Lyert tenta d'une petite voix :

-Elférad, on...

-Non.

Neghttris insista, allant jusqu'à se lever pour lui faire face :

-Je sais que t'es en colère, mais tu ne peux pas inclure un étranger...

Elférad lui jeta un regard noir qui le fit reculer :

-Citseko se maîtrise toujours et on peut lui faire confiance.

Matior glissa :

-Ouais, jusqu'à ce qu'il rapporte tout à Meb.

Citseko en profita pour glisser :

-Je suis désolé, mais quoique ce soit comme service, je n'en ferais pas secret à mon héritier d'or.

Elférad dit aussitôt :

-Pas besoin. Tu pourras tout lui dire.

Neghttris tenta encore :

-Elférad !

Son ami l'ignora :

-Je veux que tu ailles parler à Indilk. Je ne crois pas qu'il est quoique ce soit contre toi, si ?

Citseko secoua la tête :

-On s'est à peine parlé.

-Eh ben, c'est l'occasion.

Alors qu'il allait continuer, Neghttris proposa :

-On peut faire appel à un espion.

Elférad lui répliqua, exaspéré :

-Je n'ai pas l'argent pour ça.

Lyert intervint :

-On peut t'en prêter, nous.

Neghttris reprit :

-Ce n'est vraiment pas prudent. Réfléchis. Si ce n'est pas Citseko, c'est peut-être Meb qui nous créera des problèmes.

Citseko n'en voulu pas au garçon de mettre ainsi en doute l'intégrité de son héritier d'or. Après tout, il ne pouvait qu'imaginer à quel point ils étaient blessés de voir Elférad se confier à quelqu'un d'extérieur à leur clan. Neghttris lui jeta d'ailleurs un regard glacé que Citseko prit de plein fouet. Il tenta :

-Ils ont raison pourtant, Elférad. Ils t'aideront mieux et... tu devrais peut-être d’abord laisser la colère retomber, dormir un peu...

L'héritier d'or le coupa :

-Je veux que tu parles à Indilk. Je me fiche de savoir comment, je me fiche du temps que ça prendra, mais je veux savoir c'est quoi son problème.

Citseko avait bien remarqué qu'il y avait une certaine tension entre les deux héritiers d'or et il avait entendu raconter un nombre incalculable de fois la façon dont Indilk avait fait voler Elférad dans le couloir. Il faut croire qu'on n’est jamais là quand il se passe des trucs. Citseko évita le regard des trois héritiers d'argent en répondant :

-D'accord. Je vais essayer.

Et avant de sortir :

-Mais si je n'y arrive pas ?

Elférad haussa les épaules :

-Il faudra que je me contente de ces trois abrutis.

Citseko s'inclina en quittant la pièce. Il resta debout au milieu du couloir à réfléchir à ce qu'il venait de se passer. Indilk devait être dans une des chambres, seul et Citseko se sentit désolé pour lui. Bon, vu son caractère, s'il est seul, c'est qu'il l'a voulu. Il s'approcha d'un des surveillants :

-Excusez-moi, je peux voir le garçon qui s'est battu avec ces trois là ?

La femme lui indiqua la porte :

-Et pas de grabuge, hein ?

Il eut un demi-sourire :

-Promis.

Un infirmier sortait lorsqu'il voulu entrer. L’héritier d’argent le remercia quand il s'effaça pour lui laisser le passage. En s'approchant d'Indilk, il eut un moment d'hésitation en apercevant la jeune fille assise près de l'adolescent. Il s'inclina en déclarant :

-Je suis désolé de vous déranger. Je voulais juste voir si vous alliez bien.

La fille pouffa :

-Il est dans ta classe ?

Indilk soupira en lui montrant sa main. L'adolescente reprit le vernis qu'elle avait posé à l'entrée de l'héritier d'argent :

-Ça va, ça va.

Comme Indilk ne lui avait pas même lancé un regard, Citseko ignora comment continuer.

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