Adieu, Sasha Braus . . .

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Elle git sur le plancher en bois du dirigeable, dans une mare de sang. Quelques camarades ont déjà commencé à bander sa blessure. Je me précipite vers elle, accompagnée d'Armin et Mikasa, et m'agenouille près d'elle pour vérifier son état.

La balle est venue se loger juste sous son coeur, une zone vitale ! Elle saigne abondamment ! Elle est complètement immobile. Seul son abdomen, se soulevant et s'abaissant lentement au gré de sa respiration, indique qu'elle est encore en vie. Ses yeux noisette, mi-clos, fixent un point invisible.

Je commence par poser ma main sur sa joue encore chaude pour la rassurer, en lui déclarant d'une voix douce :

- Ça va aller, Sasha. Nous allons te soigner. Tiens bon, d'accord ?

Elle ne répond pas. Elle est sans doute déjà trop faible pour le faire. Il n'y a plus une seconde à perdre !

Je me penche sur sa blessure pour l'examiner. La balle est encore logée dans sa chair, mais il ne faut surtout pas l'en ôter avant d'arriver dans un hôpital, sans quoi l'hémorragie s'aggravera. Elle est déjà trop importante : malgré les bandages qui lui ont été appliqués, le sang coule toujours aussi abondamment ! Je m'empare aussitôt de mon mouchoir en tissu blanc, qui ne me quitte jamais, le plie en quatre pour créer une épaisseur et l'applique sur la blessure, en gardant mes mains appuyées dessus pour bloquer l'hémorragie.

La tension est à son comble : tous mes camarades sont nerveux. Certains pestent contre la petite fille qui a tiré sur notre amie, d'autres contre les mahrs en général et les autres restent silencieux, mais le froncement de leurs sourcils trahit leur inquiétude.

De mon côté, je m'efforce de garder mon calme. Il faut une tête froide pour gérer la situation. Tout en continuant de comprimer la plaie, je tourne mon visage vers celui de Sasha. Son regard est toujours perdu dans le vide, mais je remarque que ses pupilles commencent à se dilater !

Gardant l'une de mes mains appuyées sur la blessure de Sasha pour contenir l'hémorragie, je me sers de l'autre pour attraper la main de mon amie et la serrer affectueusement, tout en lui disant :

- Tiens bon, Sasha, nous arriverons bientôt chez nous et tu y receveras les soins adéquats. Je te promets que ça ira, mais il faut que tu sois forte ! Je sais que tu peux le faire, tu nous l'as déjà prouvé . . .

Aucune réponse. Mes belles paroles sont vaines : ses pupilles continuent de se dilater inexorablement et ses paupières se relâchent petit à petit. Mes yeux s'écarquillent d'horreur face à ce terrible spectacle ! Non, je t'en prie . . .

Ses beaux yeux noisette disparaissent derrière ses paupières et tous ses muscles se relâchent. Je sens sa main glisser de la mienne pour aller s'écrouler sur le plancher.

Ne voulant pas y croire, je colle mon oreille à sa poitrine : rien. C'est alors que je me rends à l'évidence : c'est fini pour Sasha . . .

Mes yeux s'embuent de larmes et je me redresse calmement, en déclarant à mes camarades :

- Elle vient de partir . . .

C'est alors qu'Armin et Mikasa éclatent en sanglots ! Ils se ruent sur notre amie pour la secouer désespérément, pleurant et criant son nom, en vain . . .

Mon coeur se serre et je dois aussi serrer mes dents pour ne pas éclater en sanglots à mon tour.

Conny, quant à lui, se relève doucement, sans un mot, et s'éloigne lentement, pas à pas. Je lui demande, d'une voix tremblante d'émotion :

- Où vas-tu, Conny ?

- Je vais leur annoncer la triste nouvelle.

- Attends-moi, je t'accompagne.

Je me relève à mon tour et marche aux côtés de mon petit camarade jusqu'à la pièce voisine. Il ouvre la porte métallique, attirant l'attention de tous ceux qui se trouvent dans la salle. Hansi, Livaï, Jean, Jelena et Sieg se tournent vers nous. Seul Eren ne relève pas la tête, fixant le sol en silence.

Une larme coule sur la joue de Conny, tandis qu'il annonce :

- Sasha a rendu l'âme . . .

Livaï fronce les sourcils, tandis que les yeux de Hansi et Jean s'écarquillent.

- J'ai fait tout mon possible, dis-je, mais ça n'a pas été suffisant. Je suis sincèrement désolée . . .

Je détourne le regard et couvre ma bouche de ma main pour retenir mes sanglots, tandis qu'une larme coule sur ma joue.

La voix d'Eren retentit alors :

- Conny. Tu peux me dire quelles ont été ses dernières paroles ?

- Elle a dit qu'elle avait envie de viande, répond-t-il d'une voix étranglée par ses sanglots retenus.

Mes yeux s'écarquillent à l'entente de cette phrase. Jusqu'au bout, notre chère Patate girl est restée fidèle à elle-même . . .

C'est alors que les ricanements d'Eren retentissent dans la pièce. Je pose mes yeux bleus sur mon frère, secoué par son fou rire. Qu'est-ce qui lui prend ?

Nous le fixons tous avec incrédulité et incompréhension. Comment ? Comment en sommes-nous arrivés là ? Et surtout : comment en suis-je arrivée à ne plus comprendre mon propre petit frère ?

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