#3 Julian
Assis et endormi sur le canapé, Julian avait la tête penchée à un angle droit, comme s'il regardait le plafond. Sa compagne était partie depuis plus de 24 heures, dont 3 passées à dormir. Les gémissements de Marc le réveillèrent, et malgré les 27 ans de ce dernier, il avait la tête posée sur les genoux de son ami. Julian bondit du canapé en criant : « Déborah ! » Dans un bruit sourd, Marc roula du canapé et tomba sur le parquet.
« Maman, laisse-moi dormir... », murmura-t-il en se grattant le torse, allongé sur le parquet, vêtu d'un débardeur blanc. Pendant ce temps, Julian, qui s'était levé précipitamment, se tenait la tête à côté de lui.
« Ow ! Désolé, mon pote, mais là, il faut qu'on prenne le premier vol pour New York. En plus, je viens d'avoir une idée. Mais quel idiot je fais ! J'aurais dû y penser avant ! » s'exclama Julian.
« Mmmh, de quoi tu parles ? » répondit Marc, encore à moitié endormi.
Julian enjamba délicatement Marc et se précipita vers l'ordinateur. « Tant pis si la demande en mariage ne se passe pas comme prévu. Par contre, on peut partir à New York sans qu'elle le sache et lui faire la surprise le jour de nos dix ans », dit-il tout en recherchant les prochains vols pour New York. « On n'a pas passé un an et demi à tout préparer pour annuler. Tant pis pour Paris, mais la demande, il faut la faire. » Il prit deux billets et revint vers Marc en utilisant son pied pour le piquer dans le bas du dos, lui disant : « Allez, debout mec. »
« Mmmh », grogna Marc.
« Bon, si tu ne veux pas venir, je t'embarque », dit Julian en plaçant le bras de Marc autour de son cou. Mais celui-ci s'accrocha de l'autre main au canapé et lui répondit encore dans les vapes : « C'est bon, c'est bon, je peux me lever tout seul. »
Une fois debout, Marc s'étira en baillant bruyamment, tel un ours dans son débardeur blanc. Julian prit sa veste de costume posée sur le bord du canapé et la tendit à Marc en lui faisant remarquer : « Depuis quand mets-tu un débardeur sous ton costume ? »
« Je ne vais pas cacher ces beaux petits bébés », répondit-il en prenant son biceps dans sa main.
« Et c'est comme ça que tu comptes sortir du célibat ? Tu sais qu'au mieux, tu attires des coups d'un soir si tu dragues avec ça », répliqua Julian.
Marc demanda alors : « Qu'est-ce que tu en sais ? »
Julian répliqua : « Très bien. Combien de coups d'un soir as-tu eus ces six derniers mois ? Et combien de vraies relations as-tu eues ? »
Marc baissa les yeux sans dire un mot, et Julian l'invita à s'asseoir, s'asseyant à ses côtés. « Marc, tu es mon meilleur ami... Mais là, je ne te reconnais plus. Tu dors sur le parquet. Tu as des coups d'un soir. Tu joues les durs. Il faut bien un jour que tu assumes d'être veuf. Tu crois que c'est ce que George aurait voulu s'il était encore parmi nous ? »
Marc grogna en réponse : « Ugh ! Tu es gonflé de ramener Georges dans la conversation, tu ne crois pas ? » Il pris un temps avant de regarder Julian avec des yeux rouges, se retenant de pleurer. « Depuis que je t'aide à préparer votre mariage à Orah et toi, je ne fais que penser qu'à lui. Et je sais que je t'ai dit que ça irait. Mais le jour où on s'est marié Georges et moi, tu sais que... Que... que c'est moi qui aurait dû partir. » Il s'accrocha et plongea sa tête sur le costume en soie bleu de Julian qui était perdu.
Comment n'avait-il pas vue la douleur de son ami ? Tellement préoccupé aux préparations du mariage qu'il en avait presque oublié ce 13 Juin. Il revoit dans sa mémoire le car, arrêté par un arbre et Marc dans son costume parfaitement taillé empalé tout en large par l'une des branche qui avait traversée la vitre. L'âme était partie mais pas le sourire, ce qui rendait la scène encore plus macabre Le chauffeur avait la tête endormie pour l'éternité sur le volant. Marc avait des bout de verre dont un au visage, qui lui as fait cette cicatrice partant de l'oeil droit - encore fonctionnel - et coupant le nez jusqu'à la joue gauche. Julian avait les deux jambes cassés et, par chance, il n'a pas ressenti de douleur et Orah, la plus chanceuse - si l'on puit dire - été inconscient et s'en est sortie avec une cicatrice le long de l'avant bras droit jusqu'a la première phalange de l'index.
Pendant que Julian se remémorait tous cela sans dire un mot, en gardant Marc dans ses bras, son ami pleurait à pleines larmes, mouillant visiblement son costume. Marc s'était rétabli de lui-même, ou presque et dit en s'essuyant avec son avant-bras et un léger sourire : « Désolé mec, je me suis un peu trop lâché...
- Tu vas mieux maintenant ? » Répliqué Julian sans savoir quoi dire d'autre. Ce à quoi Marc répondit en voulant se montrer rétabli :
« Oui. Prépare-toi. Et va faire cette putain de demande en mariage avant que je te convainque de ne pas le faire. Et tu sais que je suis convaincant.
- Il n'y a pas meilleur que toi pour ça.» Répondit-il en se levant. « C'est parti pour demander en mariage la femme de ma vie! »
Et ils partirent en direction de la chambre afin de changer d'avoir des tenues plus propres et de préparer leurs affaires.
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