Justement parlons de cette engeance que sont les derniers vainqueurs de la course de chevaux. Ah qu’il était beau mon marché, mon cher marché mais c’était avant l’arrivée de ces gibiers de potence. J’aimais y aller au petit matin vers cinq heures, on y trouvait de tout. Il y avait ce boulanger avec ses panfortes et ses miches (de pains) mais par-dessus tout j’aimais être servi par la boulangère. Ah ses pâtisseries au goût de beurre rance et aux fruits confits à la couleur verdâtre, tout un poème…

Maintenant tout était aseptisé, on pouvait même se voir par terre à tel point que les jeunes filles n’osaient plus déambuler en robe, que des braies. Mama Mia… Il régnait une atroce odeur de propre, rien que d’y penser j’en suis malade et en plus les rares commerces alimentaires qui avaient survécu ne vendaient plus que des produis au goût de semelle mâchée de mauvaise qualité. Même les mouches n’osaient plus pénétrer dans ce lien sordide et pondre leurs œufs en toute quiétude dans la nourriture plus ou moins (heureusement plutôt plus que moins) avariée. Mais là n’est pas le pire, car il ne reste plus rien d’autre. Ah si, je me trompe, le fleuriste. L’ancien a eu un malencontreux accident : alors qu’il nettoyait son mousquet, il s’est tiré deux balles dans la nuque à bout portant (l’index droit s’est tétanisé au moment de la mort et le deuxième coup est parti tout seul. Un accident stupide et le fait qu’il était gaucher est évidemment un élément sans importance. Pour le nouveau, peut-on appeler ça un fleuriste ? J’étais fan de ses fleurs fanées et de ses plantes toxiques voire vénéneuses, maintenant on ne trouve plus que des arbres morts carbonnisés. Beurk. Il parait que c’est à cause des personnes allergiques au pollen. Pollen mon cul, oui !

Pour revenir à notre malbouffe, devinez ce qu’il reste : des marchants de volailles et de gibiers. Et quand je dis volailles et gibiers, c’est un bien grand mot. Engraissés à la farine soi-disant de seigle et avec un espace vital de boisselée de terre pour cent animaux. Franchement, entre nous, je ne vois qu’une seule solution et de préférence lorsqu’il y a une forte influence afin de purifier tout ça : un nettoyage par le vide comme on dit du côté de chez nous. On pense à la même chose, n’est-ce pas ? C’est tout de même la cinquième saison…