Jour 2 : Tissage

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 Retour de marché, j'ai fait un stock de laine. Un gros stock... Le marchand m'a regardé comme si j'étais une extraterrestre ou bien il devait avoir peur que je la revende et que je lui fasse concurrence. J'en ai rempli mon chariot de courses et un immense cabas qui me fait plier sous son poids.

 J'arrive dans mon atelier, enfin.Une pièce lumineuse, remplie d'étagères qui croulent sous le poids des laines, fils et tissus, une machine à coudre ancienne que je tiens de ma grand-mère, un coin avec un fauteuil douillet, et, au centre, mon métier à tisser. Grand, solide, patiné par les années et les utilisations, toujours prêt à faire naître le moindre de mes projets. J'ai le sourire juste en entrant dans cette pièce dans laquelle que j'ai pas pu mettre les pieds depuis quelques jours.  

 Une semaine que je n'ai pas pu sentir le bois sous mes doigts, la laine douce qui caresse ma peau, le soleil sur mon visage pendant que je travaille... J'allume Spotify, je lance une de mes playlist. Je suis d'humeur "Années 80" ce matin. Je m'installe sur ma chaise, entonne à tue-tête "Les démons de minuit" (Qui ça ? Qui ça?), choisis la pelote avec laquelle je vais commencer la couverture pour bébé que j'ai promis à une amie qui attend son premier et me lance.

 Tisser, c'est mon métier et mon loisir. Je revends mes créations et ça marche plutôt bien. Je crée des vêtements avec certains de mes tissages, des plaids et des couvertures de bébé avec la laine, et on m'a même déjà commandé une couverture pour un chien. Cela m'a donné envie d'en faire une pour mon chat qui a adoré. Du coup, je pense créer une gamme spéciale animaux.

 Tout doucement, la laine se transforme sous mes doigts. Le jaune pâle rend si bien au soleil, comme un tapis de pensées ou de pivoines. Les chansons s'enchaînent et je sens que je n'ai bientôt plus de voix, mais je m'en moque, je ne suis jamais aussi bien que devant mon métier à tisser. Je plains ceux qui détestent leur job. Ils gagnent sûrement plus d'argent que moi, mais ils finissent par faire un burn-out ou pire. Personnellement, j'ai appris à me contenter de ce que j'ai en me faisant des petits plaisirs de temps en temps.

 Le tissage me rapporte un salaire décent. Et comme je suis habile de mes mains, je fabrique mes vêtements et ma déco. Au final, j'y gagne et j'ai un environnement bohème coloré dans lequel je me sens bien. Mon potager me fournit en légumes toute l'année, ça me permet de faire des économies, et mes poules me donnent des oeufs chaque matin. Dans le village, on me regarde un peu bizarrement, à cause de mon style et de mon mode de vie, mais je m'en moque comme de mes premiers chaussons.

 Tisser me rend heureuse, m'occuper de mon jardin me relaxe, créer des choses m'aide à canaliser ma créativité et vivre dans un univers coloré m'aide à supporter la grisaille de certains jours trop lourds depuis le décès de mon mari. C'est lui qui m'avait offert mon premier métier à tisser...

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