La tempête s'est déchaînée la nuit dernière. La dernière de ce genre date d'il y a bien vingt ans. Avec ma femme et mes enfants, on s'est réfugiés à la cave en mode "jeu de survie" pour éviter les angoisses inutiles. Les petits ont adoré faire "comme si", alors que madame et moi essayions de cacher nos inquiétudes.

 Là, je fais le tour de la maison pour voir les dégâts et ils sont nombreux. Arbustes déracinés dont un qui a brisé une fenêtre, un volet arraché, un vélux fissuré par la mitre de cheminée qui s'est fait la malle et plusieurs tuiles qui se sont envolées et qui ont écrasé les belles fleurs que mes bouts de chou ont planté avec leur maman il y a quelques jours à peine, sous un soleil radieux.

 Heureusement, j'ai des tuiles dans mon garage. Un ami qui m'avait conseillé de toujours en avoir en cas de pépin. Je lui en dois une ! Je sors mon échelle, prends ce qu'il me faut dans un sac à dos et monte sur le toit pour les mettre en place. L'échelle tangue un peu et je me fais de belles frayeurs parfois en glissant sur le toit, mais en une heure, j'ai pu reboucher le gruyère au-dessus de nos têtes.

 En posant le pied à terre, Sandrine se précipite vers moi, en colère. "Espèce de crétin imprudent !! Tu aurais pu te tuer !!! Tu pouvais pas appeler des professionnels ?" J'aime quand elle est en colère... Je l'embrasse tendrement et lui murmure à l'oreille : "Je voulais juste être ton héros..."