Nuit 5
Clair
Il n’est pas de nuit sans ombre,
Sans tes pas qui courent les rues aussi pleines que ma mémoire
S’en retournant dans nos abysses, les souterrains qui nous virent naître,
Vers nos joyeux geôliers, tenanciers de garderie, les couleurs fausses de leurs sourires.
Fané le temps de cet âge pâle, exempt de crime, avide d’exemples et tout au rire,
Séchés les liens qui nous menaient, toi dans le pur, moi dans l’obscur, et à nos maîtres.
Clair j’étais, à tes côtés, bercé de mille rêves et espoirs
Quand, solitaire, je vire au sombre.
L’âme porte une couleur qu’on ne voit pas avec les yeux…
Que vois-tu par les tiens, aussi loin qu’ils te traînent ?
Entre nous les ténèbres
Resplendissent, purentines, dans mes feux éclatants.
Je marche à ta rencontre, sans faire cas des cadavres, poussé par un peut-être,
Un désir aussi cierme que l’étaient nos esprits avant de se troubler, une fois cognés au monde
Et nos dons les plus nobles érigés en potence. Il n’est pas une seconde
Où je ne lutte, reclus, le même relent gruseu imprimé aux rétines, à promettre,
Jurer par tous les dieux, tous les morts, tous les temps,
À nouveau être zèbre.
Tu étais l’ombre, en absence de laquelle mon clair n’existe pas ;
Je cherche partout la bile qui ravive mon éclat.
À bas le jonce
Des petits vilains familiers. À bas l’inotral
Des gens trop sages, qui noient dans leur parfum l’ennui mortel
À bas le cierme dévalé de tout soupçon, plus que légendes pour l’œil mûri.
Sus aux nuances du bien, du beau, du propre, autant de teintes dont l’on nourrit
Les âmes bêtes et les cœurs niais. Ce sont les autres que tu appelles :
Les vils, abjects, suppôts du mal.
Que l’on m’annonce.
Parmi eux, j’irai à la purge, jusqu’à toi. Que tu me fouilles, que tu me sondes,
Que, trituré, je meures pendu à tes croyances et qu’à l’aube des adieux, par toi,
L’ultime clair scintille.
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