99.4

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À l’heure de quitter Whistlestorm, j’ai le cœur lourd. Je sais Luna et Roxane entre de bonnes mains et, même si Emmanuelle ne la porte pas dans son cœur, je sens qu’Hazel veillera à leur rétablissement. Adoria a décidé de s’installer au manoir quelque temps. La souffrance de Roxie l’importe plus que ses entraînements et elle est prête à faire le trajet tous les jours jusqu’à l’Académie plutôt que de la laisser seule. Elles peuvent compter l’une sur l’autre, je n’ai rien de plus à faire ici.

Préférant regagner son dortoir étudiant, Emmanuelle a tout de même tenu à me raccompagner jusqu’au quai. Au palanquin gentiment proposé par Lady Orsbalt, nous avons préféré descendre à pied le Rocher. Balade ardue qui nous donne l’occasion de discuter encore un peu.

— J’ai du mal à te reconnaître, confessé-je. Où est passé l’Emmanuelle toujours prête à rendre service et à nous faire confiance ?

Ma sœur soupire, les yeux focalisés sur les marches escarpées.

— Faire confiance, hein ? Comme Roxane a fait confiance à Sancho ? Comme Nolwenn fait confiance à sa soldate de Puertoculto ? Ou comme Adoria, qui balancerait son secret au premier ami qu’elle se fait, si ça ne tenait qu’à elle ? J’ai voulu me fier à Luna et, derrière mon dos, elle a joué cavalier seul, tu vois. On ne peut vraiment compter que sur soi-même, à moins d’être celle qui fixe les règles.

Elle ne m’a pas citée. Je sais pourtant comme elle aurait aimé que je la suive à Elthior. Je la retiens pas la manche.

— Le code de survie que tu avais écrit pour moi, règle numéro quatre…

— L’affect c’est bien, quand ça ne te bouffe pas.

— Peut-être que refouler aussi, ça te bouffe, Sher. Tu n’es pas obligée d’être méthodique et suspicieuse tout le temps. Je te vois venir… Tu vas retourner à l’Académie, essayer de deviner qui là-bas pourrait en avoir après nous. Et ensuite ?

— Je donnerai la liste des noms à Faustine, tiens !

Cette note d’humour nous arrache un sourire complice. Ma sœur, telle que je la connais, ne croit pas en la violence. Je la vois mal autoriser Faust à tabasser qui que ce soit.

— Je suis sérieuse, Emmanuelle. Tu n’es pas tenue de résoudre tous les problèmes qui se présentent. Tu as juste à être la meilleure version de toi-même.

J’appuie le clin d’œil en répétant sa règle première. Un sourire fatigué tremble sur ses lèvres fines.

— Et si la meilleure version de moi-même, c’était celle qui doit tout comprendre et tout solutionner ? Tu m’as déjà vue transformée ? Si je ne me donne pas corps et âme dans une cause juste, j’ai l’impression qu’il ne restera que ça : le sang-froid et la discipline d’un insecte. C’est en moi, c’est un fait. Alors j’ai besoin d’en faire quelque chose d’humain.

Le coin d’une marche s’effrite sous le pas distrait d’Emmanuelle. Avant que j’aie pu réagir, Rosythia a étiré le bras pour lui éviter la chute.

— Merci Rosie, j’ai bien failli y rester.

— Je ne crois pas, dit l’androïde avec un rien de malice. Morte dans une chute d’escalier avant d’avoir démasqué vos ennemis ? Tu aurais préféré déployer tes ailes, Emmanuelle.

Le temps d’une conversation, j’oublie parfois que nous sommes des mutantes, des supra-humaines de combat à peu près increvables. Mais sommes-nous plus supra qu’humaines ? Je ne pense pas. Au-delà de sa logique robotique, alors qu’elle savait Emmanuelle capable de se changer en libellule, Rosythia a choisi de lui épargner cette peine, de respecter ses états d’âme. C’est ce que nous sommes avant tout : des états d’âme.

Pour soigner ceux de ma sœur, je pense à ce qui lui donnerait d’ordinaire du baume au cœur. Une enquête improvisée ? Une découverte inédite ? Un nouveau polar à dévorer ? J’ai justement un livre bien mystérieux dans mon panier.

J’invite Emmanuelle à bord du bateau, sens comme un haut-le-cœur lorsqu’elle m’emboîte le pas sur le laboratoire-mobile. Après tout, Papa était encore parmi nous la dernière fois qu’elle est montée à bord. Les mots feraient plus de mal que de bien, alors je ne dis rien et déballe le fameux Grimoire des Melendez sous ses yeux émerveillés. Cette archive familiale a traversé six siècles sans jamais parvenir jusqu’au rayon d’une bibliothèque. Quoi de plus à même de faire rayonner une férue d’histoire dans son genre ?

Rosythia lève l’encre puis je prends la barre, de sorte à ce qu’elle puisse délivrer posément nos premières traductions. Panneau solaires déployés dans l’œil d’un énième cyclone, nous contournons le Rocher, direction le Vieux Port, où Emma m’a fait savoir qu’elle aimerait débarquer.

Elle découvre avec plus d’émotion que Nolwenn et moi les légendes étranges rapportées par Porfirio Melendez, tremble face aux croquis terrifiants d’Alfonso, puis écarquille les yeux devant les photographies capturées par Delmara – à une exception près : le cliché du diable-blanc que j’ai pris soin de détacher. Pourquoi ? Je ne sais pas bien moi-même ce qu’il convient d’en déduire. Je ne voudrais pas qu’Emma en tire des conclusions hâtives avant qu’Eugénie ait pu confirmer ce que je suspecte, à savoir que le génome de Faustine n’a peut-être pas un seul chromosome humain.

— Et la suite ? réclame Emmanuelle, une fois parvenue au même point que nous.

Au même moment, j’accoste dans le Vieux Port sous le soleil couchant. Rosythia vient m’aider à garer le bateau le long d’un des pontons laissés libres pour les visiteurs.

— Nous ne l’avons pas encore traduite, répond-elle.

— Qu’est-ce qu’on attend ? Tu peux le faire rien qu’en lisant, n’est-ce pas Rosie ?

— Je peux, Emmanuelle. Mais est-ce que j’en ai envie ? Je ne suis pas un traducteur automatique. La transcription de ces archives est devenue une véritable activité familiale et je préfère que nous y réfléchissions ensemble, avec Cerise et Nolwenn. Je pourrai t’envoyer les textes traduits, si tu le souhaites.

Mon amie robotique réussit là où je ne fais qu’essayer : elle a refusé une tâche confiée par habitude, sans égard et sans s’inquiéter de froisser. Trop surprise par ce « non » argumenté, Emmanuelle approuve le compromis sans négocier.

— Je viendrai à la villa un de ces jours et nous nous y pencherons ensemble, ajoute-t-elle.

Cette promesse de la voir, sous peu, rentrer à la maison sème en moi les graines d’une joie trop tôt fauchée. Je n’ose pas lui dire que je n’y serais peut-être plus, de peur d’étouffer son entrain fraîchement ravivé. Peut-être accepterait-elle de me suivre, appâtée par l’appel du mystère. Peut-être pourrions-nous vivre ensemble une aventure à la hauteur de celles dont elle rêvait enfant.

— Sher, est-ce qu…

— On devrait arrêter de construire des prisons.

— Pardon ?

— Cette île. On n’a qu’à y envoyer tous les tueurs et les violeurs qui méprisent la loi: ils verront ce que c’est, la loi de la jungle !

Ma sœur… telle que je la connais… ne…

— Qui êtes-vous et qu’avez-vous fait d’Emmanuelle ?

— Eh bien, peut-être qu’elle est restée sur la plage et qu’elle bronze, bien tranquillement, avec la Cerise qui ne la jugeait pas. Sérieux, si cet enfer sur terre existe, c’est peut-être pour une raison.

L’enfer sur terre… Comment lui annoncer qu’il fait partie de moi ? J’aurais dû savoir qu’elle ne comprendrait pas, que la beauté de cette terre sauvage protégée par sa propre flore lui échapperait. Que nos chemins divergeaient… depuis trop longtemps déjà.

— Désolée, Ouch. J’ai pas envie d’être la rabat-joie de la famille, mais j’ai la rage que Luna nous ait caché autant de choses. Je suis contente qu’on ait retrouvé Roxane, mais je ne peux pas me réjouir en sachant ce qu’elle a fait. Toutes les deux, pourquoi ont-elles joué les bourreaux ? Ce n’est pas notre rôle. Ce n’est pas bien.

— Tout est une question d’angle, Sher. Aucune de nous ne sait ce qu’elle aurait fait à la place de Roxane. Quant à Luna… Tu imagines vraiment que Monsieur Hirata aurait comparu devant un tribunal ? La connaissant, elle a voulu nous rendre service.

Comme nous l’apprend Rosythia, les médias ont déjà titré « L’accident fatal de la villa connectée ». L’hypothèse d’un meurtre n’est évoquée nulle part. Les seules interrogations portent sur la chute annoncée des actions d’Hiratek et les entreprises d’électroménager concurrentes s’en donnent à cœur-joie pour dénoncer les dangers des appareils intelligents. Entre cela et la terreur croissante de Fate, Elthior n’est pas prête de dormir sur ses deux oreilles.

— J’aimerais voir la ville, dit Rosythia. Si on m’y a déjà emmenée, je n’en ai aucun souvenir.

— Ça tombe bien. Cerise, j’aimerais te demander un service. J’ai une dette à régler, dans un endroit que tu détesteras, c’est sûr ! Tu m’accompagnes ?

S’il s’agit du dernier voyage que nous pourrons faire ensemble, je ne peux qu’accéder à sa demande.


Sher l'avait deviné : à peine passée la porte, le salon de beauté me hérisse les poils. Senteurs artificielles à tous les coins de pièce, holoplantes dans leurs pots vides de terre, chaleur chlorée : c’en est trop pour mes sens.

— Bonjour, bienvenue au Palais des Merveilles, récite la réceptionniste. Vous avez rend… Oh ! Emmanuelle Iunger ! Si je m’attendais à te revoir ici !

Ma sœur fait les présentations et la fameuse Alice, en blouse d'esthéticienne, nous convie à boire un thé dans une pièce à l’écart. La situation se précise au fil de la conversation : cette femme, à la tête d’un vaste réseau d’espionnage, a mis ma sœur sur la piste de Roxane. Elle demande sans tarder de ses nouvelles, nous exprime son soulagement de la savoir sortie du Temple de Vénus, puis change subitement de ton.

— J’imagine que tu es venue payer ta dette, Emmanuelle.

— Tu imagines aussi que je n’ai pas cet argent, rétorque-t-elle, les yeux alors braqués sur moi. Montre-lui, Cerise.

Je n’ai été avertie de rien. Que devrais-je montrer à celle qui monnaie les informations ? Le Grimoire des Melendez ? Il n’est pas ma propriété, je ne me sens pas le droit d’en divulguer le contenu à une inconnue. Devant mon regard incrédule, Emmanuelle persévère.

— Alice a avancé pour moi une somme d’argent que je ne peux pas lui rembourser. Mais ce n’est pas nécessaire, car rien n’est plus précieux pour elle qu’un secret. Elle connaît déjà le mien, alors… peut-être que le tien fera l’affaire.

Que les tensions croissantes dans l’Archipel donnent à ma sœur des idées de justice aussi extrêmes que dangereuses, c’est une chose. Qu’elle me demande de dévoiler ma vraie mature à cette femme, elle qui exigeait il y a quelques semaines que nous gardions coûte que coûte le secret de nos métamorphoses, ça me dépasse.

Elle a beau répéter qu’Alice s’est montrée digne de confiance, qu’elle n’a pas hésité à s’impliquer pour Roxane, qu’elle connaît de toute façon l’existence de nos mutations, je ne peux pas croire qu’Emmanuelle me demande un tel service. Mon teint vert et mes branchages n’ont rien pour me déplaire. Ai-je pour autant envie d’en faire l’étalage, ici et maintenant ? Pas du tout. Mais, si je ne solde pas sa dette, qui sait ce qu’Emma trouvera comme alternative… Je ne la reconnais plus, perdue dans son aigreur. Je devine. Par-delà notre île et ses livres adorés, le vrai monde a mis à mal ses idéaux, terni sa vision des autres et l’optimisme qui l’animait, autrefois, dans nos quêtes enfantines.

— Très bien.

J’ôte le foulard qui me protège le cou. C’est la dernière fois. Le dernier service. Le dernier ploiement de tête docile. Dès que mon vert éclate et que mes branches s’étendent, je suis la jungle. Sauvage, humide. Je cours sur les tapisseries, mes épines plantées dans leurs fleurs de papier. Je grimpe jusqu’au plafond, englobe le lustre vacillant, m’enroule au pied de la table. Mes feuilles s’allongent, recouvrent le napperon et renversent les tasses encore fumantes.

Les yeux ronds comme des pastèques, Alice me regarde changer son salon en caverne végétale. Mes lianes rampent jusqu’à son siège, dansent tels des serpents en s’élevant jusqu’à sa hauteur puis une fleur se forme, pétales entrouverts – ma menace colorée prête à lui gober le visage si elle daignait ouvrir la bouche. Elle ferme les yeux et incline le visage. Le message est passé.

Je peux rétracter la plante, remballer la jungle. Face à moi, trois visages effarés essayent tant bien que mal de digérer ma puissance. Au yeux d’Alice, ce spectacle dépassait l’entendement. Pour Emmanuelle, déjà horrifiée par ma photosynthèse, me voir plus plante que femme tenait de l’épouvante. Et surtout, je te comprends à sa mine plus circonspecte que tremblante : elle a reconnu la fleur d’éther. Elle ne peut plus l’effacer, voir autre chose en moi que le prolongement du monstre végétal. La plus effarée de toute se révèle néanmoins Rosythia. Je sens une colère sourde derrière sa bouche rectiligne. Elle seule m’inquiète vraiment.

— Rosie, est-ce que tout va…

— On s’en va.

Joignant le geste à la parole, l’androïde m’attrape par le bras et me traîne hors du salon, hors du Palais des Merveilles, hors du dédale de rues bosselées qui nous sépare du Vieux Port, puis hors de l’île même.

— Désolée, souffle-t-elle une fois sur le bateau. Mais je ne pouvais pas… Je n’aurais même pas dû te laisser faire ça. Pourquoi as-tu…

— Tout va bien. C’était ma façon à moi de dire « merde ».

Ma main sur son épaule se veut rassurante, mais Rosythia reste tendue, plus que ses os de métal ne l’imposent. D’un mouvement de menton à peine perceptible, elle m’indique « derrière toi », alors je me retourne.

Sourire aussi large qu’une banane et blanc immaculé, Faustine me scrute avec les yeux mi-clos.

— Salut sœurette.

— Tu as mauvaise mine. Qu’est-ce qui t’es arrivé ? On t’attendait à Whistlestorm.

— On m’a butée, mais ça va mieux.

L’humour tordu de Faustine m’offre un vrai vent de nostalgie. Au-dessus du bateau, les premières étoiles scintillent derrière les nuages. Pendant que la nuit enveloppe la côte d’un calme plat, nous nous appuyons au garde-corps. Elle prétend avoir reconnu le laboratoire-mobile, sans savoir dire pourquoi elle est montée.

— Dis Faustine, en vérité, pourquoi tu ne nous a pas rejointes au manoir ?

— Trop de raisons. D’abord, Luna a dit l’autre fois que Lady Orsbalt était comme un flocon de neige. Moi la neige, j’en n’ai jamais vu mais j’suis à peu près sûre que ça fait le même bruit que les os qui craquent. J’ai pensé à ça, en venant, et j’me suis dit que j’étais sûrement pas faite pour me tenir dans la même pièce qu’une duchesse.

— Ah bon ? Hazel Orsbalt t’intimide ?

Si Faustine savait qui est vraiment la jeune lady, elle se ferait moins de mouron. Mais, j’ignore pourquoi, l’intuition me souffle qu’il vaut mieux taire les meurtres d’Hazel, au risque que cela suscite son admiration.

— Ensuite, reprend Faust, j’ai pensé à Luna. À tous ses thés à la con. Aux excuses qu’elle trouvait pour m’inviter à jouer à la dinette. J’sais pas pourquoi j’ai jamais réussi à l’envoyer bouler. Peut-être parce que c’est la seule à qui j’filais pas les chocottes. Et de l’imaginer plus ravagée que si j’lui avais tapé dessus… j’sais pas, ça me fait quelque chose. J’avais pas envie de la voir.

— Adoria dit pourtant que tu aurais pu la soigner, avec ton mucus.

— Adoria et moi, on nage à contre-courant.

— Ça veut dire quoi ça ?

— Ça veut dire que nous deux, on peut revenir en arrière. Pas les autres.

C’est alors que Rosythia déclame de son timbre le plus robotique :

tur.nut. Turritopsis nutricula. On l’appelle aussi “la méduse immortelle”.

Avec le sérieux de tous les articles scientifiques que son cerveau a glané, Rosythia nous explique donc comment, leur ADN couplé à celui de la fameuse méduse, mes deux sœurs seraient en mesure de se régénérer. Leur mucus cicatrisant accélère ce processus. Sur n’importe qui d’autre, il n’a pas plus d’effet que la meilleure crème cicatrisante du marché.

— Alors, quand tu as dit qu’on t’avait butée, il fallait le comprendre littéralement ?

— Bonne question. Mais je crois que c’est l’inverse. Quelqu’un a fait très attention à me garder entière. Ça avait quelque chose… d’amical.

Cette fois, même Rosythia échoue à interpréter le charabia de Faust. Alors qu’elle dégaine tous les modules de traduction imaginables, je lui montre la photographie subtilement détachée du vieux grimoire. Celle du diable-blanc.

— Je voulais te la montrer en premier. On les appelait diables-blancs.

Ma sœur fronce les sourcils puis détourne les yeux.

— D’où ça sort ?

— C’est le peuple de l’Île aux Fleurs.

Quelque chose la déroute et elle cherche du regard une échappatoire. Impossible : ici même l’horizon nous rappelle que nos racines se trouvent par-delà la mer.

— Faustine, insisté-je. Je sais que tu ne te sens pas souvent à ta place. Peut-être que c’est pour ça. Est-ce que tu voudrais… partir là-bas avec moi ?

Ses pupilles se sont enfin posées – sur moi, et me dévisagent avec une sorte de dédain. Je lui aurais proposé de s’envoler pour une planète inconnue qu’elle ne me toiserait pas d’un air aussi sceptique. C’est pourtant posée et tout en politesse qu’elle décline :

— Non merci. Il y a des choses que moi seule peut accomplir, ici. Donc j’ai ma place. Et t’as sûrement la tienne, d’ailleurs. T’apaises les gens, c’est pas rien. Moi je sais pas calmer quelqu’un autrement qu’en l’assommant.

Est-ce que ce serait un compliment ? Ce n’est pas le genre de Faustine et l’étonnement est tel que, prise de court, je n’ai pas le temps de la remercier. Elle s’est déjà détournée, comme par peur de gâcher ses belles paroles dans la foulée. Je ne peux pas espérer plus qu’un salut de la main et un petit sourire avant qu’elle ne quitte le navire, à sa façon, par dessus bord.


Le retour est pluvieux et la mer mauvaise. Rosythia a beau excellé à la barre, nous ne sommes pas trop de deux pour manœuvrer dans la tempête, esquiver les rochers avant qu’ils fendent la coque, et mes lianes robustes sont d’un secours précieux pour inverser le cap.

La villa dort déjà lorsque nous rentrons, à minuit passé. Du moins, c’est ce qu’il me semble, jusqu’à ce que j’entende des chuchotements affolés et des pleurs contenus dans la chambre de Nolwenn. Je dois me faire des idées… Les paroles d’Emmanuelle me trottent pourtant en tête et je colle une oreille au battant. Rosythia m’imite et entend, mieux que moi, les mots de Dolorès, aussitôt rapportés sur son prompteur pectoral :

Il ne faut rien leur dire, Nolwenn. Si elles l’apprennent, c’est fini.

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