Chez nous, on aime se poiler.

Dans notre cirque, on se joue des mots, on fait du trapèze en rond, sans anneaux et sans silence. Le nez rouge, ceux qui ont de la bouteille apostrophent le public.

Moi, derrière, je suis le nouveau. Mon numéro c’est la jongle des mots. Je piste sur l’arène, en chasse à la cour, puis au jardin des calembours.

J’entends des mots inconnus et je rêve leur vie. J’enlève mon chapeau et je parle à travers. Je ne suis pas le couteau le plus aiguisé du tiroir mais je fais mon chemin.

Je capote d’un côté de l’océan, moins de l’autre.

J’inspire et j’adresse la foule. Divulgâcher sera l’issue d’un combat entre un cowboy et un indien, à la machette facile. Gonflé à 220 colts, les cavaliers spiralent les tipis, serrant l’étreinte. Un juron de fumée s’échappe des Comanches, le calumet n’est plus en paix.

Un cheyenne tire sa plume et nous dresse le bilan,

du combat attendu entre Johnny et Mouton-sanglant.

Les feuilles s’envolent, les prairies restent.

Dans leur cou, le vent souffle ses promesses.

Alors que leur chair se fait poule et que leurs doigts se crispent.

Pourront-ils se dévoiler sans gâcher la mise ?

Puis un triste Robert à la crinière rousse lève la main et me reprend.

Divulgâcher sera la chute, interrompant mon numéro de sa page 254.