Chapitre 12 :

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Ce qu’avait dit Joyce ne cessait d’inquiéter Laurène. Pendant toute la semaine, sa phrase se répétait en boucle dans sa tête. Comment cela pouvait être autrement ? Cette prophétie la concernait, évidemment qu’elle voulait des informations ! D’autant plus si elle débutait bientôt ! La Liée était donc montée jusqu’au sanctuaire, espérant voir la voyante, cependant elle ne s’y trouvait déjà plus. Elle effectuait la tournée des campus d’après M. Gomez, même ceux à l’étranger ! Laurène devait donc prendre son mal en patience. La jeune fille n’avait confié à personne d’autres ses craintes, l’isolant un peu plus dans son comportement à fleur de peaux alors que seuls ses camarades Liés en connaissaient l’origine.

L’adolescente continuait de s’entraîner à l’écart de tout le monde pour ne rien arranger. Le directeur avait jugé bon de commencer les premières tentatives de montage. Il souhaitait la former très vite. Trop vite. Tout s’enchaînait trop vite au goût de Laurène. On ne lui laissait plus le temps de respirer. Le montage en hauteur n’avait rien de compliqué pour Laurène et Ignisaqua étant donné leur lien télépathique les aidant à se coordonner. Le dragon décomptait pour que Laurène saute et elle s’exécutait. L’adolescente avait choisi de faire une confiance sans faille à son partenaire. Puis, si elle mourait, lui aussi ! Apparemment ils devaient accomplir des choses donc pour le moment, le plus important pour la communauté résidait en leur survie à tout les deux. Les deux le savaient pertinemment. Le plus compliqué était de monter sur terre ferme. On ne pouvait prendre aucun risque avec les ailes, trop précieuses et grimper par la queue s’avérait laborieux car ce n’était pas comme le dragon du père de Clara : aucune fente pour poser les pieds. À la fin de la semaine, cela restait encore très compliqué pour la jeune Liée !

Ce fut le vendredi matin que Joyce débarqua dans sa chambre, pleine de joie comme à son habitude ce qui contrastait avec son amie. Laurène avait fini par confier son secret à son amie. Cela la libérait un peu d’un poids toujours trop lourd. Sa camarade s’en était voulue de l’avoir fait paniquer en lui racontant sa rencontre avec la voyante.

– Comment te sens-tu ? questionna cette dernière en s’asseyant à ses côtés.

– Comme d’habitude, murmura Laurène en haussant les épaules. Mais je sais que la semaine prochaine risque d’être un enfer si je ne gagne pas au moins un duel ce week-end !

– Aaron ne peut pas te torturer jusqu’à ce que tu gagnes non plus !

– Oh ne t’inquiète pas que sous ses airs de M. Parfait, il en est totalement capable ! Surtout avec moi.

Joyce rit. Néanmoins elle savait que son amie n’avait pas tort. Aaron se montrait toujours aussi dur et intransigeant avec sa protégée… quoiqu’il lui lançait plus des regards de la mort plutôt que de bienveillance. La Liée n’était absolument pas sa protégée pour lui, juste un défouloir. Laurène pouvait habituellement lire en les gens, cependant son mentor restait un livre fermé pour elle, scellé à double tour. Alors elle tentait de glaner des informations auprès de M. Gomez sur ce qu’il se tramait dans la tête du jeune homme ou ce qui avait pu se passer pour qu’il devienne aussi froid. Sauf qu’Aaron avait malheureusement l’habitude de rester très secret et Sébastien Gomez le respectait. Il attendait qu’Aaron ait pleinement confiance en Laurène au lieu de forcer les choses et la jeune fille s’arrachait les cheveux pour résoudre la situation. Elle ne savait plus comment se comporter pour améliorer tout cela.

– Tu sais, un jour, il faudra que tu parles aux filles. Tu ne peux pas cacher cela éternellement, commença Joyce pensant que la prophétie était le sujet qui l’inquiétait le plus.

Ce qui était vraiment le cas, néanmoins pas celui auquel elle pensait actuellement.

– Je sais ! Mais si je leur dis, elles vont s’inquiéter pour moi durant une durée indéterminée ! Je ne veux pas leur faire peur à chaque fois qu’un événement dramatique me concernant se produit. Je ne veux pas non plus que toutes nos conversations tournent autour de cela non plus. Je ne veux juste pas qu’elles… qu’elles me voient comme un boulet à aider.

– Laurène. Nous sommes tes amis. C’est normal que l’on s’inquiète et c’est normal qu’on veuille t’aider. Mais si tu expliques la situation aux autres, peut-être qu’elles te comprendront mieux, et elles seront là pour te soutenir. Je le vois bien, vos amitiés sont solides, assura Joyce en appuyant sa main sur l’épaule de son amie. Et tu n’es pas un boulet. Meuf, tu communiques déjà avec ton dragon. Genre… personne ne fait cela après une semaine d’apparentage.

– Tu as raison… je suis si paumée en ce moment. Je ne sais plus comment je dois réagir à chaque nouvelle. Je ne suis pas habituée à cette société, à ce fonctionnement. Je la connais à peine… et me voilà être la personne qui va je ne sais même pas quoi faire ! Je me demande tout les jours pourquoi je suis si importante que cela. Et, je n’ai le droit à aucune réponse.

– C’est certain que ces bâtards ne t’aident pas pour te sentir bien ici, concéda Joyce. Mais tout ira mieux dans quelques semaines, tu comprendras mieux qui tu es, et tu pourras continuer à te construire comme nous tous.

– Et si je n’arrive pas à m’intégrer ? Et s’ils ne me révèlent jamais les informations ?

– Tu ne peux pas baser ta vie sur des « si » Laurène. Je suppose que les adultes te diront tout le temps venu. Sois patiente, et cela devrait aller.

– Je ne sais pas…

– Tu n’es pas seule, donc cela ira.

Laurène remercia Joyce. C’était une aubaine d’avoir trouvé une amie à l’écoute et de bon conseil, l’adolescente en avait conscience. Cette dernière la serra dans ses bras avant de rejoindre Lucas et Henry qui l’attendaient pour partir. Le dernier restait assez discret, presque invisible. Laurène ne remarquait à peine sa présence. Cela lui faisait peur ! Toutefois il ne paraissait pas méchant. Laurène n’éprouvait pas grand-chose à son égard car elle ne le côtoyait pas durant la journée donc elle ne pouvait pas encore se forger son avis sur lui même si elle restait un peu méfiante. Aaron s’était permis de le faire alors qu’il ne lui parlait pas plus qu’elle. Ses regards en disaient long et Laurène compatissait pour le nouveau venu. Se mettre le puissant et imposant Aaron à dos sans avoir rien fait… Pas de chance pour Henry ! Lucas lui avait demandé si elle pouvait essayer de calmer Aaron, néanmoins sa jumelle lui assurait qu’elle ne possédait aucune influence sur l’aîné et que quoiqu’elle dise, il ne changerait pas. Résultat, Henry était terrorisé quand Aaron se trouvait dans les parages.

Lorsque Laurène sortit de son quartier, elle chercha une de ses amies. Elle repéra Clara qui débarrassait une table, sûrement pour aider le personnel. La Dresseuse avait toujours été gentille. La Liée souffla et s’approcha de sa meilleure amie. Son corps transpirait d’anxiété, elle ne parvenait pas à s’empêcher de se tordre les doigts, de mordiller sa lèvre instinctivement. Malgré tout la jeune fille prit son courage à deux mains : Joyce avait raison, elle ne pouvait pas continuer à leur mentir.

– Tu as quelques minutes pour parler ?

– Non. Je vais être en retard… peut-être plus tard, proposa Clara sans entrain et sans un regard. À ce midi !

La blonde s’éclipsa rapidement, laissant son amie décontenancée. Évidemment qu’elle s’était prise des stops dans la vie, mais pas de sa meilleure amie. D’autant plus qu’elle faisait déjà le même coup aux autres. Si elle s’inquiétait pour elle, Laurène se posait des questions sur son amie. Elle la reconnaissait à peine. Que se passait-il dans sa tête ?

– Elle nous snobe en ce moment, grogna Valentine en arrivant derrière Laurène. Je pensais qu’au moins elle te parlerait à toi !

– Peut-être que quelque chose ne va pas et qu’elle ne veut juste pas nous en parler. Ce n’est pas grave ! On arrivera à lui parler, tempéra Anna.

– En l’occurrence c’est moi qui voulait lui parler de quelque chose… bon, j’attendrai que nous soyons toutes réunies, cela sera sûrement beaucoup plus simple.

– Cela va être compliqué tu sais, elle mange de moins en moins avec nous, fit remarquer la Persévérante.

Laurène savait tout cela, et cela la dépitait. Rien que l’idée que Clara l’abandonne la terrifiait. Depuis le temps qu’elle la connaissait, elle ne pouvait pas se passer de sa présence dans sa vie. Encore moins en cette période où tout soutient lui semblait bienvenue. Au-delà de cela, elle se demandait surtout pourquoi son amie agissait de la sorte. Un véritable mystère.

La Liée encouragea ses deux amies qui s’apprêtaient à aller en cours. Valentine accompagna Anna jusqu’à l’infirmerie, devant contrôler une blessure à son bras droit. Un réel prétexte pour aussi passer plus de temps avec Anna, ne déplaisant pas des moindres aux deux. Cela faisait sourire Laurène. Au moins, la situation était enfin débloquée !

« Bon, je dois bien avouer que tu avais raison. »

« Attends ? Tu survoles actuellement le campus pour stalker mes amies ? »

« Je te rappelle qu’après ton duel matinal avec Aaron, on est censé continuer de s’entraîner au montage sur sol. »

Laurène grimaça ! Pas la meilleure des activités selon elle. Elle y récoltait une multitude de bleus même si récompensée quelques fois par des tours en l’air, sur Ignisaqua. Laurène vérifia si son poignard était bien accroché à son pantalon avant de partir. Elle ne se battait qu’avec lui, ne possédant pas d’autres armes. Aaron ne lui en avait pas fourni de nouveau préférant déjà qu’elle se concentre à manier à la perfection une arme avant de passer à plusieurs. L’adolescente inspecta si l’entaille qu’Aaron lui avait faite hier ne s’était pas infectée puis elle sortit. La jeune fille ne s’habituait toujours pas au froid mordant du nord. Elle ne sortait qu’avec un gros sweat-shirt car une doudoune n’étant franchement pas pratique pour se mouvoir. Il n’empêchait qu’elle avait toujours froid. Son camarade n’étant pas encore prêt, Laurène s’échauffa doucement. Elle détendit ses muscles et cela lui permit de se réchauffer alors qu’elle était à deux doigts de grelotter.

– T’as fini de sauter comme une idiote ? déclara Aaron derrière elle.

– Je suis frileuse c’est tout. Tout le monde ne peut pas être aussi parfait que toi. Puis je m’étire. Cela serait idiot de me blesser. Quoi que cela limiterait nos interactions. Cela te plaira, n’est-ce pas ?

– J’en serai ravi, bougonna-t-il.

Aaron lui lança un regard noir avant de se mettre en position. Laurène s’excusa intérieurement pour l’avoir énervé dès le matin. Pas pour lui mais pour elle. Elle allait terriblement morfler aujourd’hui. Le pire ? Elle avait totalement vu juste. Il ressemblait à une prédateur dont son seul instinct était de tuer sa proie mais elle n’avouerait jamais à personne qu’il lui faisait terriblement peur dans cet état. Lejeune homme avait entaillé plus profondément sa première blessure et ses bras saignaient pas mal de petites entailles un peu partout. Bien évidemment Laurène reçut aussi ses commentaires très désagréables, alors déjà à fleur de peau, cela la rendit aussi énervée qu’il l’était. Résultat ? Elle fonça dans le tas sans se soucier d’être blessée et de le blesser.

Ce qui étrangement, ne se révéla pas une mauvaise idée. Elle assena un coup de pied en pleine tête du jeune homme, le faisant chanceler et elle le mit à terre d’une balayette avant de tenter de le maintenir au sol. Elle ne commit pas l’erreur de sortir son poignard avant de l’avoir réellement neutralisé. Cependant, il était bien plus fort, plus lourd qu’elle et la balança sans ménagement sur le côté. Laurène ne se préoccupa pas de sa douleur à la mâchoire et se releva en hâte, sur ses gardes. Son mentor se jeta sur elle littéralement. Elle tenta d’esquiver mais se retrouva déséquilibrée. Aaron tomba à terre et la tête de Laurène frappa son torse. Il grimaça mais empoignait déjà les cheveux de la Liée. La jeune fille poussa un hurlement de douleur qui, elle espérait, n’attirerait pas l’attention… cependant, beaucoup de personnes observaient depuis qu’ils avaient commencé. Surtout des filles obnubilées par la puissance d’Aaron, ce qui n’étonnait franchement pas la brune. Distraite par ses pensées, elle se retrouva un couteau près de la gorge.

L’adolescente jura, il s’agissait assurément de son meilleur duel pour le moment sauf qu’elle refusait de perdre juste parce qu’elle s’était déconcentrée dix secondes. Alors elle saisit le poignard fermement par la lame sans se soucier de sa douleur grandissante à la main et du sang qui coulait. Cela surprit Aaron qui détendit sa poigne et permit à Laurène de tirer le couteau vers elle. Son arme blanche se retrouva au sol mais il utilisa toute sa force pour se dégager de l’emprise de Laurène, la propulsant dans les airs. La chute fut lourde et désagréable, cette dernière ressentit une vive douleur au coccyx dès qu’elle se releva. Elle l’ignora, se focalisant sur son adversaire, toujours en était de nuire. L’adolescente sortit son poignard prête à enfin en finir. Elle infligea quelques coupures à son adversaire mais elle se retrouva clouée au sol, la lame pointée sur son cœur. La Liée n’osait plus bouger par peur d’être blessée en réagissant. Laurène cogna son poing contre le sol, frustrée. Le goût de déception dans la bouche. Elle paraissait si proche mais si loin à la fois de l’emporter…

– Ne soit pas aussi énervée. Tu t’es tout de même bien améliorée, affirma Aaron en se maintenant en position. Puis, ne te mets pas en tête que tu pourras me battre. Je suis plus fort que tout les Dresseurs et Persévérants du campus. Tu ne peux pas me battre, du moins pas pour le moment. J’ai de l’expérience, tu n’en as pas. Tu as encore beaucoup de choses à apprendre avant d’avoir toute l’artillerie en mains pour y parvenir.

– Un jour, je parviendrais à te battre, grommela Laurène en se levant sans la main qu’il lui tendait.

Son attitude était puérile, elle en avait trop bien consciente, sauf qu’elle ne réussissait pas à enfermer sa déception… l’adolescente avait été si proche ! La jeune fille avait beau s’améliorer, elle savait pertinemment que Mme. Amaro ainsi que les autres adultes ne se satisferaient pas de son niveau actuel.

Les deux jeunes gens commencèrent à ranger leurs armes afin de retourner à l’intérieur. Laurène sentait son camarade fébrile, et son tension. Depuis quelques jours Aaron était ailleurs, mais aujourd’hui encore plus, quelque chose le tracassait, elle le remarquait.

– Pourquoi ma pique t’a mis autant en colère ? Tu sais bien que je t’en fais tout le temps, fit Laurène, presque navrée.

– Ce n’était pas la pique, assura Aaron.

– Alors pourquoi tu agis bizarrement en ce moment ?

– Cela ne te regarde pas ! s’écrit Aaron en envoyant son poing.

Malgré la surprise Laurène para. Les traits du jeune homme déformés par la colère, encore pire que lors de leur dispute. L’attitude du Liée étonna franchement la jeune fille car même s’il ne s’entendait pas, il n’avait jamais été violent avec elle, en tout cas, pas depuis leur première rencontre ainsi que leur duel.

« Tu as réveillé ronchon Aaron à ce que je vois. »

Laurène leva les yeux au ciel mais son dragon avait déjà changé de place. Il était rapide. Elle n’avait pas eu besoin du commentaire d’Ignisaqua pour le comprendre.

« Je crois qu’il était déjà énervé avant même si je pense que ma pique a dû faire déborder le vase…»

« Il est sur les nerfs. Aquaventus son dragon, me l’a dit mais il ne m’a pas révélé pourquoi. »

« Logique si Aaron apprenait que je sais quelque chose, il me trancherait la gorge ! »

« Aquaventus est d’accord avec toi… d’ailleurs il t’aime bien. »

« Aquaventus ? »

« Oui, qui d’autre veux-tu? La voyante ? Mon ami apprécie ta réflexion et ta perspicacité qui apparemment agace fortement Aaron. Je dois avouer qu’il n’est pas le seul à gratifier ses traits de caractère. »

« Merci Ignisaqua. »

Au moins, à défaut d’être appréciée par l’humain, le dragon de la paire l’appréciait. Laurène se contenterait de cela, s’était déjà bien au final.

– Dégagez d’ici ! hurla Aaron en brandissant son poignard.

Laurène sursauta. Vif retour à la réalité mais l’image d’Aaron transperçant des personnes du regard avec une arme à la main avait de quoi terrifier. Surtout quand on connaissait son aptitude pour le combat. Laurène se retourna lentement pour savoir la raison d’une telle perte de contrôle qu’elle ne lui avait jamais vu : ses parents. Du moins, elle en déduisit leurs identités grâce aux similitudes. Aaron ressemblait beaucoup à son père mais avait les cheveux de sa mère. Quant aux yeux… sûrement une histoire de gènes récessifs. Puis la Liée se rappela d’une chose : dès qu’on évoquait la famille, le jeune homme se braquait. D’où sa réaction disproportionnée : il vouait une haine profonde envers eux pour x raison. L’adolescente sentait donc que cette rencontre ne ressortirait rien de bon.

– Voyons mon garçon, calme-toi ! fit le directeur la voix tremblante de peur.

Évidemment qu’il avait peur ! Il avait réussi à créer un soldat surpuissant !

Laurène se surprit à tendre le bras pour le retenir lorsqu’il s’avança, un couteau dans l’autre main. Si elle avait été un minimum censée, la Liée aurait dû s’éclipser, ne pas faire attention à cela car cela ne la concernait absolument pas. Néanmoins, à la vue du ressentiment qui contrôlait Aaron, elle ne percevait qu’une issue possible à ce drame familiale : un événement grave. Son camarade ne se ressemblait même plus tellement sa haine débordait, explosait.

« Je t’envoie de l’aide. »

Les gens prenaient cela pour un spectacle ce qui agaça Laurène car pas du tout. Quelques minutes plus tard, laissant le temps à tout les autres de hurler et d’ameuter du monde, une lourde brique tomba au côté de Laurène. Si elle avait bougé d’un centimètre, elle se l’aurait prise en pleine tête. Ignisaqua visait au centimètre près, c’était incroyable sauf que l’adolescente n’eut pas le temps de s’extasier de cela. La colère montante d’Aaron pétrifiait tout le monde, même le directeur qui minaudait pour se sortir de cette situation. Heureusement, Laurène avait affaire à ce type d’Aaron présent. À contrecœur, elle prit la brique qui la fit vaciller vers l’avant. Elle hésita un instant, mais personne ne réagissait. Aaron lui en voudrait énormément et cette fois il aurait de vrai raison de la détester. Néanmoins elle ne pouvait pas le laisser tuer quelqu’un, que ce soit pour lui ou pour la personne visée.

– Mon grand, calme-toi voyons, tenta le directeur.

Le Lié ne lui adressa même pas un regard alors qu’il s’avançait vers ses parents.

– Tu devrais rentrer dans le bâtiment, déclara Laurène. Ils vont partir et cela…

– Ferme-là, Laurène. Et dégage, cracha-t-il en pointant le poignard derrière lui sans la regarder.

Il n’impressionna pas vraiment Laurène, elle avait connu pire à son arrivée. Honnêtement, ce n’était pas pour elle qu’il fallait s’inquiéter ! Alors qu’il sautait pour attaquer son père, Laurène le cogna avec la brique le plus doucement qu’elle put. Assez fort pour l’assommer mais heureusement trop faible pour lui ouvrir la tête. La jeune fille laissa tomber la brique à ses pieds, choquée de ce qu’elle venait de faire. Comment avait-elle réussi à faire cela ? Pourquoi avait-elle dû en arriver là ? Les parents d’Aaron la regardèrent, entre soulagement et horreur. Aaron n’était pas conscient. Cela inquiéta Laurène qui s’agenouilla près de lui. Elle ne voulait pas le tuer. Ce n’était pas son but.

– Mais que viens-tu de faire ? hurla le directeur, prêt à partir très loin des problèmes qu’il pourrait obtenir.

– Je l’ai juste assommé, espéra Laurène peu convaincue elle-même. Vous préfériez un drame familiale et deux meurtres sur votre campus peut-être ?

Tout compte fait, le vieil homme trouva pour une fois qu’elle avait raison. Il préféra toutefois fuir de ce carnage alors que beaucoup d’élèves rassemblés observèrent la scène avec des vagues de murmures incessantes qui perturbaient plus Laurène qu’autre chose. Bien entendu, le directeur ne se proposa pas afin d’aider Laurène à traîner le Lié jusqu’à l’infirmerie. Mais l’adolescente fut encore plus scandalisée que les parents d’Aaron ne soient pas morts d’inquiétude pour leur fils ! Ils ne semblaient presque rien ressentir pour lui, mais c’était ses parents ! Que s’était-il donc passé pour que ce soit comme cela ? Laurène n’osait imaginer mais ils avaient dû blesser énormément Aaron pour qu’il réagisse ainsi. Bien qu’il soit paranoïaque, la Liée comprenait bien que sa réaction cachait de la souffrance.

L’adolescente ne pouvait le porter sans le traîner au sol, n’ayant pas assez de force pour. Heureusement pour elle, Valentine qui allait en cours n’hésita pas à l’aider. Lorsqu’elle vit que les deux adultes les suivaient, elle s’arrêta brusquement et leur lança un regard assassin.

– Ne faites pas comme si vous vous souciez de lui alors que vous ne vous aimez clairement pas, cracha la Liée. Je ne sais pas ce que vous lui avez fait, mais partez. Partez et ne revenez plus jamais le voir sans son autorisation.

Ils restèrent stoïques puis bougèrent quand la jeune fille continua de leur aboyer dessus. Valentine et Laurène essayaient d’emmener Aaron le plus vite possible. Autant pour que le Lié soit soigné que pour leurs bras qui commençaient à lâcher sous son poids. Elles eurent de la chance que des Soigneurs prennent leurs relais dès leur arrivée. Anna, alertée débarqua affolée.

– Mais que s’est-il passé ?

– C’est ce que je me demandais aussi, renchérit Valentine. J’ai entendu quelques phrases mais j’ai du mal à y croire. Leau… tu l’as quand même pas frappé avec une brique ?!

– Heu… si, minauda Laurène en rougissant.

– Quoi ?!

– Mais il allait tuer ses parents et personne ne faisait rien ! Quelqu’un devait le faire. Enfin, pas le frapper avec une brique évidemment, mais l’empêcher de tuer ses parents !

À décrire, c’était étrange ce qui s’accordait parfaitement avec la situation. Ses amies restèrent dubitatives même si elles crurent leur amie. L’adolescente aurait aimé volontiers expliquer clairement la situation, sauf qu’elle-même ne savait pas des éléments.

Valentine dut se presser pour aller à son cours et Anna accompagna Laurène jusqu’au lit dans lequel se trouvait Aaron. La rousse la laissa pour continuer sa formation. La Liée se retrouva donc seule à attendre que son camarade qu’elle venait de blesser délibérément ce réveil.

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