Chapitre 45

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Deux mois après l’attaque, presque un mois après la fuite de Joyce et du Voyant, Laurène se retrouvait toujours seule, enfermée dans une cellule du ministère à Paris. La Liée se tenait assise sur le matelas, contre le mur, l’esprit embrumé. Laurène en était sûre, on l’avait droguée, complètement à son insu. Laurène le savait car elle avait dormi à poing fermé. Un sommeil lourd, reposant et sans rêve. Ce dernier faisait tilte car cela faisait des semaines que la jeune fille dormait mal, très mal. Souvent, elle ne parvenait pas à dormir à cause de la fraîcheur, mais surtout car tous ses démons venaient la hanter dans son sommeil. La souffrance et la culpabilité revenaient au galop. Elle s’habituait à revivre les jours les plus douloureux de torture qui faisaient trembler son corps tout entier. Mais désormais, elle rêvait aussi de sa fuite, de la petite fille, des personnes qu’elle avait dû tuer pour Clara qui n’était toujours pas sortie d’affaire, les personnes qu’elle avait tué en s’enfuyant. Laurène ne parvenait plus à se défaire de tout cela. Cela prendrait du temps. Bien évidemment, qu’elle devait tenir, se rassurer, avancer. Mais tout s’ajoutait, s’empilait sur la conscience de la jeune fille. Cela la hanterait. Tout le restant de sa vie.

Laurène n’avait vu qu’Aaron et M. Gomez depuis le début de sa détention. Lucas restait au chevet de Clara tout le temps, Anna travaillait avec les Soigneurs de Paris surmenés suite à la bataille et Valentine était concentrée dans sa formation. Elle ne voyait pas de monde, ce qui lui donnait vraiment l’impression d’être coupable. L’enfermement la rendait particulièrement nerveuse : doutaient-ils d’elle ? Pourtant elle avait aidé à sauver Clara. Que devait-elle accomplir pour prouver sa bonne foie ?

Les enjeux devenaient vraiment importants. Et elle allait bientôt comparaître devant une coure d’assise, risquant la peine de mort dont elle ne savait pasl’existence… cette menace ne la touchait même pas. Pas parce qu’elle savait qu’ils n’oseraient pas, mais surtout parce qu’elle avait vécu des punitions bien plus traumatisantes, bien plus marquantes. Laurène pouvait se sauver. Elle n’avait pas peur d’eux. Si la situation dégénérait, Ignisaqua serait là pour la sauver.

L’adolescente ne se leva pas en entendant la porte s’ouvrir. Elle réagit lorsqu’elle reconnut ses parents. Ils paraissaient aller mieux sans pour autant être au meilleur de leur forme. Le garde qui les surveillait lança un regard noir à Laurène et ses parents. L’élue oubliait qu’on ne la considérait pas comme quelqu’un de compétant ici. Cela la faisait rire intérieurement : une chose qui ne lui avait pas manqué ! Le gardien ouvrit la cellules et ses parents s’y engouffrèrent. Le garde referma la grille et repartit. Laurène se jeta dans les bras de sa mère, son père les rejoignit caressant le crâne de sa fille.

– Dans quelle situation nous t’avons mise, déplora Christine en pleurant.

Laurène pleura avec elle, mais pas de tristesse, mais parce qu’elle sentait qu’elle pouvait évacuer, lâcher prise, c’était le moment pour. Elle trempa le t-shirt vert de sa mère. Christine ne voulait pas lâcher sa fille, elle n’avait pas eu le temps de la serrer proprement dans ses bras depuis son retour… l’ancienne Soigneuse ne souhaitait même pas imaginer ce que les ennemis avaient pu faire à sa fille !

– Chérie, murmura-t-elle en caressant les cheveux de Laurène. Je suis tellement désolée ! Tellement désolée…

Christine s’étranglait avec ses propres larmes. La femme serrait de toute ses forces son unique fille contre elle. Elle ne parvenait pas à penser à autre chose que sa petite fille, blessée par les ennemis. Nicolas plaça une main dans le dos de Christine alors qu’il se rajoutait à l’étreinte.

– J’irais bien, assura la jeune fille en reculant. Tout va mieux, déjà.

– Laurène, tu es sous une menace de mort, souffla son père incrédule.

– Papa, tout le mal que j’ai fait, c’est chez les ennemis, déclara sombrement la Liée. Je ne risque pas grand-chose à part être placée sous surveillance vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ne craignez pas pour moi, ça n’en vaut pas la peine.

Les deux adultes n’osèrent pas dire autre chose mais ils s’inquiétèrent pour leur fille, peur qu’elle ne soit plus bien consciente des choses, des risques, de la réalité… L’adolescente tenta de faire bonne figure pour les rassurer. Elle s’assura aussi que ses cicatrices ne soient pas visibles même si elle savait qu’ils en avaient déjà vu une. Sauf que Laurène voulait passer un moment avec ses proches sans songer à des mauvais souvenirs.

– Je… je suis désolée, prononça Laurène avant de lever les yeux vers eux. J’ai été trop dur avec vous. Je n’aurai pas dû m’énerver comme je l’ai fait. J’ai surréagi.

– On aurait dû se douter que tu allais mal le prendre. C’est normal. Puis, on n’a pas fait les meilleurs choix non plus. On vous a terriblement mis en danger, Lucas et toi.

– Les choses auraient dû se passer autrement…

– Vous avez été torturés, Clara me l’a dit avant d’être blessée. Si certains ne comprends pas, moi, je comprends que vous n’aviez plus envie de revenir dans la communauté. Ça ne donne pas du tout envie, c’est des moments souvenirs à réfréner. C’est compliqué.

Laurène s’était assise sur le matelas au côté de sa mère. Son père se mit à genou, lui pressant la main. Il se devait de contenir toute la colère qu’il ressentait, contre les ennemis, contre la communauté, contre lui-même. C’était la première fois que Laurène parlait de la torture qu’elle avait pu subir.

– Ils t’ont fait du mal ? N’est-ce pas ? demanda-t-il comme confirmation.

– Oui, souffla Laurène en détournant le regard pour ne pas voir la souffrance sur le visage de son père. Mais ça aurait pu être pire. Je suis l’élue, donc j’ai eu plus de chance et j’étais privilégiée.

C’était vrai, Laurène le savait. Mais lorsqu’elle disait cela, c’était le souvenir de violence qui avait failli la tuer qui revenait à son esprit. Celui où Luc avait pris en main la situation. Elle était persuadée à ce moment là, qu’elle allait passer l’arme à gauche. Bien évidemment, cet événement resterait un secret entre Luc et elle, sauf si on la poussait à avouer lors du procès. Elle ne s’en voulait même pas de leur mentir en voyant le mince soulagement dans le regard de ses parents.

– Comment va Clara ? Et Lucas ?

– On a dû verser du somnifère pour qu’il dorme, regretta Christine en jouant avec les cheveux de sa fille. Ça fait deux mois qu’il n’est pas sorti de la chambre de Clara. Deux mois qu’il attend. Il doit se reposer.

– Je m’en veux de ne pas être là pour le soutenir et soutenir les filles. Je devrais être avec elles !

– Aaron reste là pour ton frère, lui assura son père. Et il sait que tu aurais été là. Vous êtes soudés. Ils aimeraient pouvoir passer te voir, mais ça leur a été interdit. Il va falloir attendre le procès…

– Quand à Clara, elle ne s’est toujours pas réveillée. On ne sait pas quand mais j’ai l’impression qu’elle va bientôt se réveiller… si elle se réveille, elle sera revenue de loin. Très loin.

Laurène l’espérait, car elle ne pouvait pas continuer sans Clara, et Lucas encore moins. Son amie ne méritait pas de mourir.

Ses parents restèrent jusqu’au milieu d’après-midi, Christine devant reprendre sa garde. Laurène se retrouva à nouveau seule, mais un peu plus apaisée. Cela lui avait fait du bien de mettre à plat les choses avec ses parents. Pour le reste des explications, elle attendrait que son frère soit prêt.

M. Gomez passa lui apporter le repas. Laurène s’excusa encore une fois auprès de lui, se sentant terriblement coupable pour l’état de Clara. Sébastien lui répondait à chaque fois que c’était le destin, non sa faute, et que Clara n’était pas encore morte donc il y avait de l’espoir. M. Gomez ne connaissait pas l’avancement des instructions ainsi que du procès. Il savait juste qu’ils attendaient une évolution de Clara pour fixer une date. La Dresseuse était une témoin suffisamment importante pour faire reculer le procès.

Après avoir fini son repas en se demandant comment Luc allait car il n’était pas dans son compartiment de cellule, Laurène se replaça sur le matelas. Est-ce que son ami la tenait encore pour responsable de ce qui était arrivé ? Pouvait-il lui pardonner un jour ? L’idée que Luc la hait jusqu’à la fin de ses jours la chagrinait.

Il devait être sûrement vers vingt-deux heures que la porte s’ouvrit. Il avait l’habitude de venir tard, sans être aperçu des gardes. Il alluma la lumière qu’ils avaient éteins pour qu’elle dorme.

– Tu m’as drogué, annonça Laurène en grommelant presque, le fixant dans les yeux alors qu’il grimaça. Tu ne pensais quand même pas que je n’allais pas remarquer ?

– Je pensais que tu serais trop fatiguée pour remarquer.

– Tu m’as drogué ! Sérieusement quoi ! Je n’y reviens pas. Tu m’as drogué.

– Et je ne m’excuserai pas, affirma Aaron se tenant au barreau. Je peux entrer ? Ou alors tu vas m’enflammer dès que ta main sera assez proche ?

– Tu sais que je n’ai pas besoin d’être proche pour te brûler, si je le voulais.

– Je sais surtout que tu ne le ferais pas.

Le jeune homme s’introduisit dans la cellule dans la cellule en prenant soin de refermer la porte pour que les gardes s’affolent pas si jamais ils avaient l’idée d’entrer. Il rejoignit son amie et se laissa tomber à ses côtés contre le mur.

– Tu sais bien que je te ferai jamais de mal, n’est-ce pas ?

La jeune fille s’étranglait avec ses propres sanglots. Elle se demandait depuis quand elle en venait à douter de ce que ses amis pensaient d’elle… Laurène avait peur qu’Aaron la craigne. Pourtant il releva doucement son menton avec une main pour ma regarder dans les yeux.

– Évidemment que je le sais, Laurène. Ce n’est pas moi qui vais douter de toi. Pas moi.

Ils restèrent un moment silencieux. Laurène regardait Aaron qui fixait le sol. Puis il tourna la tête vers elle, inquiet.

– Tu ne dors quasiment plus Lau.

– Je sais.

– Ce n’est pas bon. Après tout ce que tu as traversé, tu dois te reposer. Tu le mérites. Alors même si ce n’est pas très honnête, je ne m’excuserai pas pour cela.

– Parce que tu comptes t’excuser pour quelque chose ?

– Oui. Je m’excuse de ne pas t’avoir empêché de partir, pour ne pas t’avoir protégé. J’aurai dû faire quelques choses, t’empêcher de te rendre. Empêcher qu’ils te fassent tant de mal.

– Tu n’as absolument rien à te reprocher, répliqua sèchement Laurène. Tu as fait ce que tu m’as promis, veiller sur mon frère. Tu as fait même plus ! Tu es venu me chercher et je savais bien que tu viendrais. Et ça, je ne te l’ai pas demandé.

– Comment pouvais-tu en être si sûre ?

– Parce que tu es le président de mon fan club et que je suis géniale ! blagua Laurène en lui faisant un clin d’œil. C’est juste que… je savais que tu ne m’abandonnerais pas. Pas après tout ce qu’on avait vécu. Et justement, tu n’as pas à t’en vouloir. Ça devait arriver, c’est la vie.

– J’aurai dû mieux faire…

– Aaron Mackenzie, il suffit ! s’écria Laurène ce qui fit frissonner Aaron d’entendre son nom complet de la bouche de la jeune fille. Arrête de culpabiliser, je suis vivante et toujours là pour t’embêter. Tu as fais ce que tu avais à faire avec brio car tu es M. Parfait. Tout va mieux maintenant.

– Ils t’ont fait du mal…

– Certes, concéda Laurène déstabilisée par cette constatation. Cependant je vais mieux que n’importe qui. Regarde où en est Clara… oui, je ne peux le nier que j’ai été maltraitée, les marques le prouvent. Mais c’est moins pire que tu ne pourrais imaginer.

– J’ai arrêté d’imaginer tellement que je m’en rendais malade. Et toutes tes cicatrices confirment…

– Une fois, j’ai vraiment cru que j’allais mourir. Genre vraiment, seul Ignisaqua m’a permis de rester en vie.. et… et j’ai pensé aux filles, à mon frère, à toi… je pensais que je ne vous reverrais jamais, avoua Laurène les larmes aux yeux. Et je t’avoue ça car tu es la personne à qui je peux le dire sans avoir peur de sa réaction.

– Tu ne peux pas savoir à quel point ça fait mal d’entendre ça, lui assura Aaron en lui prenant la main. Mais si cela te permet de te sentir mieux, je peux supporter. Tu n’as pas besoin de supporter encore plus.

Laurène le regarda et elle osa poser sa tête sur l’épaule d’Aaron. Elle se sentait beaucoup mieux lorsqu’il était à ses côtés. Ce dernier gêné resta stoïque presque tendu avant de s’affaisser, esquissant un sourire Il leva sa main pour caresser le crâne de Laurène, fermant les yeux. Il aurait tellement voulu faire plus pour elle, faire mieux. Laurène n’avait pas besoin d’être protégée, le Lié l’avait bien remarqué, néanmoins il pouvait la soutenir.

– J’ai peur, chuchota doucement Laurène, tel un murmure quasi inaudible.

– De ?

– Du regard des gens. Quand tout sera clarifié et même avant, le monde va s’attarder sur mes cicatrices. Vos regards… Rien qu’en voyant qu’une seule…. Un panel d’émotions. Aaron… vous êtes loin de les avoir toutes vues ! Que vont penser les gens ?! Oh regardez ! C’est l’élue, elle ressemble à un monstre et c’est une incapable.

– Je ne sais pas… mais tu ne ressembles pas à un monstre. Tu es beaucoup plus que ça. Certes, ils te regarderont peut-être avec choc, pitié, tristesse… mais faut que tu t’accroches Laurène, on s’en fout de leurs regards. Ils ne sont personne pour te juger.

– Je ne sais pas… si je suis capable. Ces marques me rappellent des mauvais souvenirs, et tout le monde me les rappellent. Je voudrais juste… pouvoir oublier le mieux possible ! Je ne veux plus repenser à ces moments, je ne peux plus !

– Tu sauras tenir le coup, affirma le Lié doucement en lui prenant la main. Tu es forte. Tu es plus forte que n’importe qui.

Il avait raison, mais la Liée ne se sentait pas comme telle, toujours comme une intruse, une pas douée, quelqu’un qui ne pouvait rien accomplir. La Liée aurait bien voulu lui demander des nouvelles de Luc mais Aaron se tendait toujours en entendant son nom. Laurène ne voulait vraiment pas se prendre la tête, encore moins avec Aaron. Les deux avaient appris à se côtoyer, évitant les disputes, ils avaient appris à s’apprécier, puis ils étaient tombés amoureux. Mais ce dernier point, aucun des deux osaient aborder le sujet, comme s’il n’existait pas. Ils se montraient naturellement proche et cette attitude leur suffisait pour le moment.

– Pourquoi ne m’as-tu pas dit que tu faisais partie des trois ? questionna Laurène souhaitant que les discussions autour d’elle cesse.

– Tu es une petite génie, tu n’as pas eu besoin que je te le confirme, déclara sarcastiquement Aaron. C’est juste que l’avouer, c’est rendre le truc réel tu vois ? Je voulais repousser au plus tard le moment d’affronter la réalité. Je ne suis pas le plus important et c’est rassurant. Mais te savoir dans une telle position ne me rassure pas du tout.

– Peut-être que ça ira, tenta Laurène même si elle n’y croyait guère. Je ne les laisserai pas te toucher un cheveux. Je te le promets.

– On ne peut pas faire ce genre de promesse… tu le sais.

– Je sais. Mais je le fais quand même. Il est hors de questions que je vous perdre encore une fois !

Que je te perde encore une fois. Aaron entrelaça leurs doigts. Ils allaient encore connaître beaucoup de bouleversement, mais ils pouvaient les surmonter ensemble. Il n’était plus seul. Elle n’était plus seule. Ils étaient réunis.

– Alors si tu penses pouvoir tenir une promesse, promets moi de rester en vie.

– Seulement si toi aussi tu me promets de rester en vie.

– Tu es chiante !

– Quoi ?! Attends c’est toi qui dit ça ? Dixit le chiant qui me retourne mes promesses !

– Parce que je veux que tu restes en vie, avec moi !

Aaron ferma les yeux, les joues cramoisies par sa gaffe. Bien sûr que ce n’était pas vraiment un secret et Laurène n’était pas idiote non plus… pourtant il aurait bien voulu ne pas s’étendre sur le sujet, il ne voulait pas rendre leur relation tendue ou étrange.

– Je veux dire, tu as intérêt à rester avec nous, bafouilla le Lié pour se justifier.

– Moi aussi je veux rester avec toi, assura Laurène en ignorant la correction du jeune homme. Et pour y parvenir, il faut que tu restes en vie toi aussi. Comme tous les autres.

Aaron resta jusqu’à ce que les premiers rayons du soleil s’infiltrent dans la salle. La Liée n’osait pas réveiller son compère assoupi sur son épaule. L’adolescente chuchota pour le réveiller sans le brusquer. Laurène le trouvait mignon quand il dormait, elle aurait pu le regarder quelques temps. Le jeune homme grogna encore puis papillonna des yeux.

– Je suis désolée, fit Laurène en grimaçant. Sara va sûrement câbler en apprenant que tu as passé la nuit ici. Mais je voulais te laisser dormir…

– Non. Nous ne sommes plus ensemble depuis quelques mois maintenant. Donc elle ne va pas venir en furie. Ne t’inquiète pas.

Il semblait avoir envie d’ajouter quelque chose mais ne le fit pas. Aaron avait encore l’impression d’en avoir trop dit. Laurène aurait attendu volontiers qu’il crache le morceau, mais il ne pourrait plus venir la voir s’il se faisait chopper.

– Je ne suis pas désolée… cette fille peut-être qu’elle est gentille, mais c’est aussi une profiteuse… elle était juste avec toi car tu es Aaron Mackenzie, le plus puissant de tous les Liés.

– C’est vrai, je le sais… au moins elle m’a fait sortir de la solitude, puis, ce n’est plus tout à fait vrai.

– Quoi ?

– Laurène Maguy, tu ne t’en rends pas compte mais désormais, c’est toi la Liée la plus puissante. Du monde, et de toutes époques confondues.

– Merci.

Il chassa les larmes qui longeaient les joues de la jeune fille avec ses pouces. Aaron lui sourit et lui embrassa le front avant de se lever. Laurène sentit ses lèvres s’étendre. Elle faillit tendre la main pour lui supplier de rester avec elle, sauf que ce n’était pas correct. La Liée savait bien qu’il ne pouvait pas rester !

Avant qu’il s’éloigne définitivement, une déferlante de questions revient à l’esprit de la jeune fille, comme d’habitude ! Elle s’éclaircit la voix avant qu’Aaron ne passe la porte de la cellule.

– Mme. Amaro ne veut pas me voir ? J’aurai pensé qu’elle serait venue m’engueuler !

– Laurène… je…

Aaron ne trouvait pas les mots. La cheffe des Liés avait été sa professeure depuis si longtemps… et voilà qu’elle n’était plus là. Plus jamais. Lorsqu’il se tourna vers son amie, cette dernière n’eut pas besoin de mots pour comprendre.

L’adolescente encaissa la nouvelle. Elle n’appréciait pas Mme. Amaro, mais pas au point de rester insensible face à sa mort. Elle l’avait formé, la maîtrise exceptionnelle de Laurène pour le partage, c’était grâce à Mme. Amaro qui la poussait dans ses retranchements. Même si l’adulte avait été horrible dans ses méthodes, elles avaient vraiment été bénéfiques. Laurène fit quelques enjambés avant d’enlacer Aaron. Elle sécha rapide ses larmes avant de sentir le jeune homme la serrer un peu plus fort.

Aaron lui pressa une main avant de s’écarter. Il se mordit les joues en pensant à Luc. Il détestait le Dresseur et il n’arrivait pas à comprendre comment Laurène pouvait s’entêter à vouloir lui sauver la peau ! Ou alors peut-être avait-il juste peur qu’il l’éloigne de lui…

– Ton ami va bien, annonça-t-il non sans une pointe de jalousie. Au début il s’est montré un peu violent et a blessé deux gardes. Heureusement pour lui et les autres, ils s’est calmé.

– Merci, comment…

– Tu t’es toujours souciée beaucoup des autres donc je savais que tu voudrais de ses nouvelles même si je n’aime pas qu’il soit près de toi. Il ne te porte pas dans son corps, pourtant tu tiens à lui.

– Je tiens à toi, corrigea Laurène en serrant sa main. Et je ne veux pas que tu penses que Luc passe avant toi et les autres. Certes, on est ami, mais vous comptez énormément pour moi.

– Désolé, fit Aaron en s’appuyant contre les barreaux. Je sais que tu ne l’avantageras pas, tu l’as prouvé. Mais je ne fais pas confiance à ce type. Pas à un ennemi qui n’a aucune pitié à tuer nos semblables.

Laurène sourit, M. Parfait n’était pas si parfait au final. Aaron était jaloux, il le savait, Laurène le savait aussi. Entendant les premiers bruits, elle laissa Aaron s’en aller. Il se cacha quand la porte s’ouvrit et se faufila en toutes discrétion, il pourra se reposer vraiment. Laurène s’assit : elle n’avait pas fait de cauchemars et pourtant elle avait dormi la nuit dernière, sans avoir été droguée en plus. Juste la présence de son ami semblait être la solution.

« Toujours en train de m’ignorer ? Igni… je t’ai promis que je ne te poserai plus de question. Je t’en prie, réponds-moi ! »

Mais elle se heurta à un mur, pourtant Ignisaqua n’était pas mort, elle le sentait. Alors pourquoi s’obstinait-il à l’ignorer comme cela ? Laurène lui avait posé des questions sur la prophétie et le pouvoir de lumière, sans insister en cas de non réponse. Cela avait heurté un mur, depuis la Liée s’était excusée maintes et maintes fois, promis de ne pas recommencer et ne recommençant pas. Il l’ignorait toujours et elle ne pouvait donc pas s’occuper dans sa cellule. Contrainte à l’ennuie en attend un jour, d’enfin sortir.

« Bientôt. Ma mère a des choses à faire, mais je reviendrais vers toi bientôt, Laurène.»

Sa mère ? Laurène ferma les yeux. L’adolescente pensait saisir ce qu’il souhaitait dire mais elle ne voulait pas y croire ! Sinon… ça signifierait que son dragon lui mentait depuis le début et qu’elle ne pouvait pas réellement lui faire confiance.

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