Chapitre 54 :

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Joyce n’aimait pas l’Allemagne, c’était un fait. Elle avait fuis dans beaucoup de pays, mais là, chercher un puits dans un pays entier… cela allait finir par perdre ses nerfs. Comment Daniel pouvait-il rester aussi calme alors qu’elle avait très envie de hurler pour évacuer le stress ? L’individu les avait laissés là, et il ne faisait rien de plus. Pour le moment du moins. Cela faisait déjà une semaine qu’ils cherchaient, et ils ne trouvaient malheureusement rien. Et ils n’avaient pas revu l’individu masqué. Ce qui la désespérait car Joyce voulait revoir ses amis, rester avec eux et non faire une quête solitaire, dangereuse avec un voyant pris de crise incontrôlable.

Sur ce point, Joyce reconnaissait être de mauvaise foie. La compagnie de Daniel la réconfortait plus qu’autre chose. Il était très gentil et les deux s’entendaient très bien. Mais elle ne parvenait pas à se détendre avec tout le poids sur ses épaules, et encore une fois, Daniel l’aidait aussi de ce côté même si elle sentait bien que lui aussi angoissait. Pourquoi elle ? Pourquoi ne pouvait-elle pas avoir une vie simple ? Mais on lui avait assez répété qu’elle était Liée pour savoir que c’était la raison. Comme pour tout Liés, comme Laurène, comme Aaron, comme Lucas.

L’adolescente s’étala au côté de Daniel sur le canapé de l’appartement prêté par le gouvernement allemand des dragons.

– On va où aujourd’hui ? Il nous reste combien d’endroits à vérifier ?

– Seulement deux je crois, répondit l’adulte calmement en visualisant les cartes. On a plus qu’à espérer que les dirigeants des ennemis aient dit vrai. Sinon ça va être compliqué.

– Il n’y aucune raison pour qu’il ait dit la vérité en plus, soupira Joyce. Je ne sais pas à quoi s’attendait ce type, mais il y a quelque chose qui me chiffonne.

– Tu devrais arrêter de t’inquiéter pour rien, et concentre toi sur la mission.

– A l’heure qu’il est, je devrais être en train de forger mon lien télépathique avec mon dragon au campus. Et au final je n’ai rien. Ni partage, très peu de lien télépathique. Pourquoi est-ce moi qui suis destinée à cette quête ? Je n’ai pas les armes. Je ne comprends pas pourquoi on m’a choisi alors que je ne suis pas apte à cette quête. Pourquoi ?

– Nous n’avons pas les armes, admit Daniel. Mais on a la volonté aussi. Et c’est très important. Si ton ami Aaron était parti seul, il aurait été tout de suite attrapé. Ça fait des années qu’ils essayent de le capturer. Des années. La quête n’aurait pas été sûre pour lui.

– Tu dis ça parce que tu as été habitué à être seul. Mes amis m’attendent, et je suis pressée de les revoir aussi et je sais que je ne suis pas aussi capable qu’eux donc je flippe.

– Tu n’es pas seule Joyce, et tout ne dépend pas de toi.

Il savait bien que ce n’était pas totalement vrai, mais Daniel voulait tenter de la réconforter. Lui aussi allait mal, mais quelqu’un se devait de prendre le rôle de soutenir l’autre. Il était l’aîné, c’était son devoir de rassurer la plus jeune. Joyce l’était encore. Elle n’avait pas à ressentir ce désespoir et cette frustration. Elle lui avait donné tellement désespoir, tellement de bonnes ondes, il devait lui rendre la pareille. Mais il devait bien avouer que toute cette situation lui mettait la pression aussi.

– Ça va mieux tes visions ? Tu fais moins de crise, non ?

– Ouais, être en contact avec les gens relèguent les visions dans mes rêves. C’est un avantage même s’il faut se lever la nuit pour tout noter.

– Ah c’est pour ça tu faisais autant de bruits cette nuit !

– Je t’ai réveillée ?

– Oui !

– Désolé…

– Ce n’est pas grave, assura Joyce avec un sourire. Je suis contente en tout cas que tu puisses mieux t’épanouir sans les visions qui te bousculent. Tu as bonne mine donc je suppose que tu vas mieux. Il faudra juste te trouver du temps de sommeil et tout sera parfait pour toi.

– Être avec des gens c’est bénéfique à la vie d’ermite. Au moins j’ai de la chance de vivre avec quelqu’un de compréhensive et sympa. Tu es toujours de bons conseils.

Joyce le remercia avec un petit sourire. L’adolescente n’était pas sûre d’apprécier de le laisser avec les autres au campus plus tard. Plus par possessivité que par peur pour lui, mais cela y contribuait aussi. Joyce n’avait pas l’habitude de s’attacher aux gens, elle attribuait l’attachement à des erreurs qu’elle ne devait pas commettre, mais qu’elle avait déjà commises plus d’une fois. Laurène en toute amitié, Lucas… En quelque sorte Daniel maintenant. Elle passait toutes ses journées avec lui, c’était normal, c’était le risque. Mais aucun des deux ne pouvaient se le permettre. Pas maintenant. Ils avaient des choses à effectuer avant. Des choses plus importantes pour la vie de tout le monde. Pour leurs vies aussi s’ils réussissaient à survivre.

Cependant elle doutait. Joyce craignait de tout perdre. Elle ne voulait pas tout perdre, elle voulait une vie normale, au-delà de cette prophétie.

« Je crois avoir trouvé quelque chose qui pourrait correspondre au fameux puits. Rejoins-moi. »

Joyce écarquilla les yeux en sursautant. Elle comprenait mieux pourquoi Laurène se comportait de la sorte au début. Joyce avait débloqué le partage depuis très peu, elle n’était pas encore habituée à cette correspondance intime avec son dragon. Elle avait l’impression de n’être plus jamais seule dans sa tête, ce qui n’était pas faux, mais elle avait un sentiment d’insécurité. Comme une difficulté à savoir si elle restait vraiment elle ou le mélange d’elle et son dragon. Alors que rien ne changeait vraiment.

Il n’empêche qu’elle ne perdit pas le nord et attrapa le bras de Daniel pour l’entraîner avec elle en lui expliquant que Aquadicum semblait avoir trouvé un endroit intéressant. Cependant, Daniel l’arrêta.

– Joyce, on ne peut pas foncer tête baissée. Il faut qu’on s’organise avant. Puis… même si c’est vrai, qu’est-ce qu’on fera après ?

– Je… je ne sais pas, admit la jeune fille honteuse. Mais ça fait trop longtemps que l’on cherche ! J’en ai marre et je suis fatiguée. Je veux juste retrouver le camps…

– Je comprends… mais que comptes-tu faire lorsque l’on va libérer la fille du Père ?

– On pourrait rentrer au campus et je serai là pour te protéger des adultes. Ou… ou on pourrait ne pas revenir aussi. Se trouver un endroit confortable et vivre comme on l’entend.

Daniel appréciait l’optimiste et l’espoir dans la voix de Joyce. Il n’empêche qu’il ne parvenait pas à partager son état d’esprit actuellement.

Néanmoins Joyce se tempéra et ils allèrent chercher des armes pour se défendre au cas où. Joyce n’était pas certaine que cela change quelque chose s’ils se faisaient attaquer, mais bon ! Daniel tentait d’allonger le temps d’attente avant de partir. Mais Joyce était bien déterminée à se débarrasser de cette tâche, mais s’il l’aurait pu, Daniel l’aurait repoussé indéfiniment, ou aurait attendu d’avoir pu contacter de l’aide.

– Qu’est-ce qui ne va pas ? demanda Joyce qui voyait bien que son ami n’était pas dans son état normal.

– J’ai eu des visions sur ces moments tu sais.

La jeune fille s’immobilisa, les yeux baissés au sol. Des visions ne présageaient jamais vraiment rien de bon. Elle les redoutait autant que Laurène en était avide. L’adolescente pressa la main du voyant qui la broya à son tour.

– Quel genre de vision ?

– Le genre qui ne se termine pas bien, regretta le jeune voyant.

– Je suppose que ce ne serait pas éthique de m’en parler…

– Si je ne t’en parle pas, tu sais très bien de quoi ça relève.

– De nous ?

– De toi, soupira le voyant. Joyce… Joyce, partons. Partons ensemble. Renonce à cette quête. Faisons ce que tu as dit : trouver un endroit confortable, rien que pour nous deux. Mais n’allons pas là-bas.

La jeune Liée se sentit paralysée et incapable de parler. Rien ne sortait de sa bouche. Elle allait mourir. C’était ce que Daniel rechignait à lui dire, elle le lisait dans ses yeux, elle y décelait la tristesse. Il lui proposait une autre alternative… mais elle ne pouvait pas laisser tomber ses amis ! Ceci signifierait laisser tomber le monde entier… la jeune fille s’agrippa à la veste de son ami et pleura silencieusement sur son épaule.

– Joyce…

La voix de Daniel se brisa, car il savait qu’il faudrait beaucoup pour que la jeune fille renonce à ses devoirs. Il savait à quel point elle se montrait courageuse et il regrettait amèrement que ce ne soit pas récompensé. Il se sentait surtout en colère que la société conditionne autant leurs citoyens.

– On doit le faire, décida Joyce. Et après on pourra s’enfuir ensemble.

Elle savait bien qu’elle n’aurait pas l’occasion… Daniel aurait tellement voulu lui dire, pour la persuader de ne pas faire ça, de s’enfuir loin, loin de tout cela. Il était prêt à fuir avec elle. Même si les codes des voyants l’en empêchaient.

Une fois qu’ils furent suffisamment éloignés de la ville, ils retrouvèrent Aquadicum qui attendait avec un agent allemand de la communauté.

– Hatten ihr ein Guten Nacht ?

– Gute, Danke, répondit Joyce qui avait quelques notions d’allemand. Wir haben ein Platz, dass wir sehen wollen.

– Ihr geben die Informationen. OK ?

– OK !

Joyce aida Daniel à monter même s’il n’avait plus trop de problème à force. Elle salua le Dresseur allemand et Aquacidum s’envola dans les airs. Plus ils s’approchaient, plus Joyce se sentait mal sans savoir pourquoi. Elle ne croyait pas aux forces des pressentiments, mais elle se sentait mal sans l’expliquer. Comme si la situation allait être compliquée. Elle préféra ne rien dire à Daniel, il aurait insisté pour retourner à la maison que leur prêtait le gouvernement de la communauté allemande. Elle-même aurait préféré faire marche arrière !

Aquacidum se posa devant un puits en pleine forêt. Il y avait assez d’espaces pour se poser près du puits, la forêt semblait entourée littéralement le puits. Daniel et Joyce se posèrent, scrutant les alentours, en quête d’un quelconque danger. Heureusement, Aquadicum resta près d’eux.

– Il va encore falloir descendre vérifier dans le puits ? soupira Joyce en tirant un corde de son sac. J’espère que celle-là sera assez grande contrairement à la dernière.

– Tu es descendue la dernière fois, je m’y colle, assura Daniel. Accroche-la bien.

– Promis. Bon courage à toi !

Joyce enchaîna les nœuds les uns sur les autres pour être sûre qu’ils ne se défassent pas, puis elle fit tomber le reste de la corde au fond. Elle souhaita un bon courage à Daniel qui débuta la descente en rappel. Joyce sortit une épée, montant la garde au cas où quelqu’un se pointerait, heureusement, il y avait aussi Aquadicum pour surveiller. Joyce se posa contre le puits et observa au loin, tendit son ouïe pour faire attention aux bruits.

– Je suis en bas !

– Tu vois quelques choses.

– Y a un passage. Je vais avancer pour voir. Si tu as un problème, tu m’appelles.

– Toi aussi si jamais y a un problème !

– Ça ira, t’inquiète !

Après quelques minutes à attendre dans le froid, à guetter, Joyce se pencha pour voir si Daniel était revenu. Mais il n’y avait toujours rien. Elle se posa, et pensa aux autres. Elle espérait que Laurène ait pu prendre ses repères à nouveaux aux campus, que tout aille bien pour les autres, entre Lucas et Clara, entre Valentine et Anna. Entre tout le monde, même le type qui semblait dangereux qu’elle avait vu. Joyce soupira, elle souhaitait tellement en avoir fini avec ça et être libre à nouveau.

– Tu peux me passer la cisaille ?

– C’est là ? Tu l’as vu ? Comment va-t-elle ?

– Oui, mais faut que tu me passes de quoi sortir la dragonne de là. Je dois casser les barreaux, je ne sais pas comment. Mais y a des chaînes avec des cadenas… la dragonne somnole, elle semble en piteuse état mais ça fait des siècles qu’elle y est… je suppose que ça doit être normale !

La jeune Liée crut son ami sur parole, pas assez coller sur les dragons pour elle-même comprendre si l’état de cette dernière était inquiétant ou non. Joyce chercha dans son sac la cisaille en espérant qu’elle fasse l’affaire.

– Écarte toi je fais tomber !

Et elle lâcha. Elle entendit le bruit quand l’outil retomba violemment au sol. Daniel la remercia mais Joyce n’eut pas le temps de répondre qu’elle se baissa pour éviter une flèche. Elle hurla afin de prévenir Daniel et para un coup avant d’asséner son épée plein ventre de son agresseur. Néanmoins elle vit d’autres personnes arriver et sentit la panique monter en elle. Comment pouvait-elle gérer tout cela ?

Daniel remonta vite et dû se rattraper au puits quand un homme coupa la corde. Joyce l’assomma et aida Daniel à remonter. L’adolescente était déjà blessée à la jambe et aux bras, mais elle tentait de tenir bon. Mais une bande de personne affluait : on les avait vendu. Ou alors les ennemis n’avaient pas tenu leur parole. Le voyant aurait été tenté de se replier dans le puits mais ça n’aurait rien changé ! Ils combattaient dos à dos, sachant très bien qu’ils n’arriveraient jamais à bout de leur ennemi malgré l’aide d’Aquadicum qui se chargeait de noyer le plus grand nombre de personne qu’il pouvait !

Soudain, un grand dragon sortit du puits. Les pierres se fissurèrent et la dragonne déploya ses ailes. Cependant, à peine eut-elle le temps de savourer l’air libre depuis si longtemps qu’un filet la projeta au sol. Elle était trop faible pour détruire le filet, trop faible pour se débattre. Joyce hurla de désespoir en se précipitant vers elle. Elle commençait à couper les mailles. Malheureusement, un ennemi l’avait repéré et elle n’eut le temps que d’entendre Daniel crier son nom avant de sombrer.

***

L’individu masqué débarqua trop tard avec un de ses acolytes. Tout ce qu’ils virent ne fut que des traces d’une bataille rapide. Des traces de sang sur l’herbe et les pierres constituants le puits. L’inconnu serra les poings de rage. Il était arrivé trop tard. Il avait échoué !

Il hurla de rage et leva son bras. Les émotions prédominaient facilement le maniement et les conséquences du partage. Son geste d’humeur entraîna une vague d’eau si puissante que des arbres furent abattues sur plusieurs kilomètres !

– Comment allons-nous les retrouver désormais ? demanda la deuxième personne.

– Je crains qu’on ne le puisse pas. Ils sont perdus.

***

Daniel appelait une nouvelle fois Joyce mais la jeune fille était toujours inconsciente. On lui avait bandé les yeux alors il ignorait où est-ce que les ennemis les avaient conduis. Cependant, il savait qu’ils se situaient dans un espace assez large pour accueillir la pauvre fille du Père qui gisait, toujours emprisonnée dans son filet. Les ennemis l’avaient drogué donc il n’y avait aucun moyen de communiqué avec elle pour le moment. Peut-être… peut-être aurait-elle une idée pour les sortir tous les trois de là ? Il n’avait plus qu’à espérer !

Le jeune voyant soupira et se roula en boule contre un mur hétérogène. Une pierre se démarquant appuya contre son dos. Daniel était perdu. De toutes ses visions, il n’avait jamais encore aperçu ce chemin-là ! Jamais ! Il comprit que la capacité des voyants avaient sûrement des limites.

Soudain, on le tira sans ménagement. Il se retrouva traîné sur le sol dur et froid. Il poussa un gémissement de douleur mais on le força à se lever. Daniel avait mal à la tête, il avait peur, pourtant il tourna la tête à se rompre le cou afin d’observer ce qu’il comptait faire de la jeune Liée assoupie : deux paires de claques pour la réveiller.

Joyce haleta avant d’ouvrir lentement les yeux. Elle resta paralysée face à Daniel, empoignée par deux ennemis. Ces derniers l’immobilisèrent grâce à des menottes suspendues au plafond ainsi qu’une autre fixée au sol.

– Laissez le tranquille ! hurla faiblement Joyce. Vous en avez assez fait ! Laissez-le….

Un des deux hommes la fit taire d’une main sur la bouche. L’adolescente se débattit mais ne pouvait rien faire face au gabarit de son ravisseur ! L’autre resta au côté de Daniel, un couteau à la main. Néanmoins le voyant ne frémit pas.

– Dites-nous tout ce que vous savez, et on vous laissera la vie sauve, déclara-t-il, regardant Joyce.

– On ne vous dira rien ! cracha le voyant. Si vous ne nous assurez pas de libérer le dragon, on ne dira rien !

– Nous ne libérerons pas le dragon, assura l’homme en appuyant son arme contre la gorge du jeune homme. Mais on peut épargner vos vies, si seulement vous daignez parler.

Le voyant resta muet. L’homme s’approcha plus de lui. Il leva son arme et Joyce hurla en le voyant s’approcher du visage de Daniel. Elle se tut quand ce dernier hurla de douleur.

– Il paraît que les yeux d’un voyant sont très importants, commenta l’homme qui observait le globe oculaire qu’il tenait entre ses mains. Peut-être aurais-je la bienveillance de te laisser l’autre si jamais tu as l’intelligence de nous répondre.

Daniel ne répondit rien. La douleur au niveau du visage l’empêchait d’ouvrir la bouche pour ne sortir de serait-ce qu’un mot. L’homme bascula lentement la tête du voyant en arrière.

– Arrêtez ! hurla la jeune fille. Arrêtez !

L’individu qui la tenait se tourna face à elle, la regardant d’un œil menaçant.

– Et pourquoi arrêterait-on ?

« Joyce, tu ne peux pas faire ça. »

« Et pourquoi pas ? Si on ne dit rien, on va mourir et c’est tout. Et si je meure, tu meurs aussi je te signale !», s’agaça Joyce.

Il y eut un moment de flottement. La jeune fille repensa à tous ses doutes sur la quête, à la proposition de Daniel… elle ne voulait pas perdre sa vie à cause d’une prophétie édictée depuis des siècles. Elle voulait vivre ! Joyce regrettait amèrement de ne pas avoir accepté la proposition du voyant.

« Fais comme tu le sens. », décida finalement Aquadicum.

Lui aussi craignait aussi de mourir. Un dragon pouvait vivre une éternité s’il n’était pas lié à un humain. Une éternité ! Il ne souhaitait pas écourter son existence pour une prophétie en plus.

– Laissez le, répéta Joyce qui fixait le visage ensanglanté de Daniel. Et ne faites pas de mal à la fille du Père.

– Où sont les autres ? exigea un des hommes.

– Pour l’Imposteur je n’en sais rien. Je ne connais que deux des élus, pas les trois, grogna Joyce. La dragonne est censée rejoindre Aaron. Peut-être sont-ils déjà liés, je n’en sais rien ! Mais… Ignisaqua. Ignisaqua…

Des larmes roulèrent sur les joues de Joyce qui serra les dents quand l’ennemi lui tira les cheveux.

– Quoi, Ignisaqua ? Qu’est-il ?

– C’est le fils de la Mère, haleta la jeune fille. Si vous le tuez, ou tuez Laurène, vous supprimez définitivement la Mère !

L’homme la relâcha satisfait. Elle s’étala par terre et s’efforça à ramper jusqu’à Daniel que l’autre avait lâché. La jeune fille se hissa sur ses jambes pour prendre le visage du voyant entre ses mains.

– Ton visage, murmura la jeune fille en caressant doucement en-dessous de l’œil qui était enlevé.

– Tu les as vendus pour moi, souffla le voyant.

– Je ne les laisserai pas te faire de mal, murmura Joyce qui le serra dans ses bras.

Les hommes appelaient déjà leurs collègues. Une dizaine de blouse blanche apparût et un des hommes libéra Daniel qui s’effondra dans les bras de Joyce. Le dirigeant des ennemis débarqua dans la salle et les toisa du regard. Ils attendaient ses ordres.

– Occupez-vous des deux et relâchez-les dans la nature. Ils ne nous seront plus utiles maintenant. Nous allons faire une annonce pour bien leur faire comprendre que la fille du Père est avec nous, déclara d’une voix portante l’homme. Et on va organiser un plan afin de supprimer Laurène Maguy de ce globe terrestre. Cette jeune fille, si faible soit-elle, nous a causés suffisamment d’ennuis pour le moment !

Le sang de Joyce se glaça en entendant ses paroles. Elle raffermit son emprise sur Daniel pour être entraînée avec lui. Laurène. Elle avait vendu Laurène pour Daniel. Elle avait vendu son ami pour Daniel. Pourrait-elle lui pardonner un jour si elles se revoyaient ? Serait-elle encore vivante pour que Joyce puisse la revoir ? Daniel résista un moment pour tenir tête au dirigeant.

– Ne faites rien à cette dragon ! Rien !

– C’est ce que nous verrons, susurra-t-il, un sourire mauvais collé à ses lèvres. Soignez-les puis balancez-les moins dans la nature ! Je ne veux plus les voir ou avoir affaire à eux.

Daniel prit la main de Joyce et ils se laissèrent entraîner avec les blouses blanches.

– Ça va aller, assura-t-il à Joyce. On pourra aller où on veut après ça. On pourra vivre en paix loin de tout ça.

La jeune Liée hocha la tête et reposa sa tête sur l’épaule du jeune homme qui venait de s’asseoir. Joyce ne savait pas si elle avait fait le bon choix, cependant elle se sentit plus soulagée, plus légère que jamais que tout soi terminé, quelque soit l’issue.

Le dirigeant des ennemis fit quelques pas autour de la dragonne, examina les écailles que le filet avait arraché à la pauvre bête. La fille du Père se trouvait toujours immobile, inconsciente, droguée totalement.

– Que fait-on Monsieur ? demanda le chef d’une équipe qui venait d’entrée dans la salle.

– Amusez-vous avec, ricana l’homme. Nous allons voir si le lien est forgé et si son propriétaire tentera de la sauver et d’aller la chercher.

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