Chapitre 57 :

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L’individu masqué attendait dans une voiture, fixant le bâtiment du dirigeant. Il l’avait prévenu, vraiment prévenu, donc il tiendrait sa parole. Il ne laisserait pas impuni la capture de la fille du Père. On ouvrit la portière de la voiture, un deuxième individu masqué s’assit au fauteuil passager. Il enleva son masque et le premier individu l’imita.

– Damien t’a bien passé le message, constata le premier.

– Oui, puis, je m’en suis douté quand j’ai entendu les nouvelles du premier ministre. Je te connais trop pour savoir que tu allais faire ça. Et je te l’ai toujours dit, je t’accompagne quoi qu’il arrive. Pour le meilleur comme pour le pire.

– Je l’avais prévenu, mais apparemment il ne m’en pense pas capable.

– Tu es capable de faire ça.

– Je sais, et c’est ce que je vais lui montrer. Posons les bombes avant. On va leur faire comprendre qu’ils n’auraient jamais dû essayer de nous duper. Qu’ils n’auront jamais un contrôle sur nous. Qu’ils finiront par perdre.

– Nous avons toujours de l’avance.

– Je sais. Et ils doivent le comprendre. S’ils se jouent de nous, on se joue d’eux. Notre attaque les frappera aussi fort mentalement que physiquement. Ils auront très mal. Très, très mal.

Il démarra la voiture après avoir remis les masques. Ils s’arrêtèrent devant le centre commercial de la ville principale des ennemis. Ils pénétrèrent sans problème et placèrent plusieurs bombes à différents niveaux. Elles ne laisseraient aucune chance. Aucune. Le deuxième individu masqué s’occuperait d’appuyer sur le bouton, un acte très simple au conséquence qui s’avérerait meurtrière. Les deux n’avaient pas spécialement hâte de voir ce spectable, mais ils ne pouvaient plus reculer maintenant. Ils devaient terminer ce qu’ils avaient commencé. Le premier individu masqué ressentait tout de même de la satisfaction, après tant d’années à attendre une vengeance, pour lui et ses parents, il la tenait enfin. Oui, il pourrait venger ses parents. Et il comptait bien saisir cette seule occasion pour le faire.

Les bombes étant bien dissimulées, ils s’en allèrent et s’arrêtèrent devant le bureau du chef. Lorsqu’ils arrivèrent devant, il n’y avait personne. Logique, puisque le soleil se levait à peine. Le premier individu s’affala sur le siège du chef des ennemis alors que le deuxième resta coller derrière la porte au cas où le senior prendrait la fuite.

– Et on va faire quoi après ? Tu ne peux pas aller au campus, je te rappelle.

– Je ne peux pas aller au campus sans ce déguisement tu veux dire. Honnêtement, je ne sais pas… on a bientôt fini ce que l’on devait faire. On s’approche de la fin.

– Comment ça va finir pour nous ? Dans quel camp ? Comment ?

– Je ne sais pas, concéda le premier individu. Mais je me vois dans aucun des deux camp. Je me vois plutôt éloigné de ce monde. Mais je resterais en contact avec toi, après temps d’années, je ne peux pas renoncer à ta présence.

– Moi non plus. Mais si je pars… il n’y aurait plus personnes. Qui pourrait les former ? Je m’étonnerais qu’Aaron veuille encore après tout ça se donner la peine de soutenir les prochains.

– On verra bien. Il existe d’autres professeurs Liés puisqu’il y a plusieurs campus… Je suis convaincu qu’ils réussiront à trouver un remplaçant, personne n’est irremplaçable pour un système tu sais. A part les trois grands de la prophétie.

– Tu les a tous suivis en plus… tu penses qu’ils sont prêts ?

– Personne ne l’est vraiment, mais j’ai confiance en eux. Ils ne sont pas inexpérimentés.

Sans qu’il puisse ajouter quoique ce soit, la porte s’ouvrit. Comme prévu, le vieil homme eut un mouvement de recul. Le deuxième individu l’attrapa et le tira dans la salle. La personne agée parut déroutée mais aussi effrayée.

– Qu’est-ce que… qu’est-ce… encore vous ! Que me voulez-vous ?

– Tu vas mourir ce soir, annonça calmement l’individu en retirant son masque. Vous m’avez menti, et je vous ai promis des représailles. Vous pensiez que j’aurais oublié ? Je n’oublie jamais.

– Je ne pensais pas que tu en serais capable. Pourquoi fais-tu ça ? Tu étais bien avec nous, dans notre camp.

– Je n’ai jamais été dans votre camp, susurra l’individu en créant une boule d’eau à la grande stupeur du chef des ennemis. Vous pensiez quoi ? Que j’étais comme vous tous ? Je ne l’ai jamais été. Et c’est pour cette raison que mon choix de camp a été très rapide, car je savais que si vous découvriez ma vraie nature, vous m’auriez tué.

– C’est faux.

– C’est vrai, insista l’individu. C’est vrai car vous avez tué une Liée il y a vingt-deux ans du nom de Clothilde et vous avez élevé son fils pour faire de lui un bon petit soldat que vous aimez torturer alors qu’il est Dresseur. Ce manque d’estime veut tout dire, et le fait que vous ayez même torturé l’élue en dit long.

– C’était le bon choix à faire, assura le deuxième individu toujours collé à la porte pour s’assurer que le vieil homme ne s’enfuit pas. Ils ne t’auraient jamais protégé, c’est tout le contraire.

– Je le sais, et c’est pour ne pas être blindée par les règles de la communauté que j’ai fait cela. Car désormais, je peux faire ce qui me semble juste, que ce soit injuste pour chacun des deux camps.

– Si vous nous aviez donné le secret des Liés, peut-être que vous nous laisseriez plus de choix sur votre futur.

– Et intensifier une guerre en faisant s’entre-tuer les Liés ? Brillante idée pour élever encore plus haut la supériorité des Dresseurs que vous voulez et qui n’a pas lieu d’être. Heureusement que vous n’êtes qu’une minorité, car les Liés, comme les Guérisseurs, comme les Formatés méritent mieux, beaucoup mieux. Et la communauté commence à le comprendre doucement. Et bientôt, nous allons précipiter les choses.

– Laisser les postes les plus hauts placés à des personnes qui ne sont pas légitimes est une énorme erreur. Cette décision donnerait surtout trop de puissance aux Liés au vue de vos capacités. Imaginez l’élue première ministre ? Croyez-vous vraiment qu’elle a les épaules ?

– A partir du moment où elle a vécu des choses marquantes, et qu’elle connaît tous les rouages des deux mondes, oui. Je pense qu’elle en serait capable. Mieux que vous en tout cas. Vous êtes tellement obsédés par connaître la raison de l’existence des Liés que vous faites peurs à ceux qui sont dans vos rangs.

– Il n’y a aucun autre Liés dans nos rangs ! Je ne sais pas d’où tu sors et ce qu’on fait tes parents, mais il n’y a pas d’autres personnes comme toi.

– Je peux t’assurer qu’il y en a plein et qu’ils se cachent car ils ont peur de vous. Et vous le savez, car vous en tuer ceux qui atteignent la majorité chaque année. Vous avez un carnet des charges de ceux qui ont disparu et ceux dont vous suspectez l’existence. Mais vous refusez de le dire car les gens ne trouveraient pas cela normales que vous ne connaissez pas l’essence d’un Lié.

– Un jour, on le saura ! hurla de rage l’homme. Un jour, vos manigances se retourneront contre vous ! Ce n’est pas naturel ! Et vous le payerez, le Dieu Suprême vous le feras payer !

– L’Imposteur ne nous fera payer de rien car c’est naturel, contredit le deuxième individu qui commençait à s’agacer de ce manque de respect. Et un jour, toutes ses personnes opprimées par votre société autoritaire se vengeront. Est-ce que tu comptes le faire ?

L’autre individu hocha la tête et s’avança devant le chef des ennemis, un sourire machiavélique, et satisfait à la bouche. Il prenait cette vengeance comme une victoire. Une victoire contre ces personnes abjectes qu’ils voulaient voir souffrir pour tout ce qu’ils avaient fait. Pour ce qu’ils avaient fait à ses parents.

– Vous voulez savoir la particularité d’un Lié ? C’est de d’abord être né Dresseur. Un enfant, Dresseur, s’il voit un dragon sans être prévenu, deviendra un Lié. C’est un morceau de nous qui se brise pour en révéler une plus puissante qui permet tout le partage, parce que les dieux ont décidé que ces personnes ôtées d’informations auraient une importance particulière. Rien de plus.

– Je ne vous crois pas.

– Pourtant c’est la vérité. La vérité est toujours dure à entendre mais elle est réelle. Aussi réelle que ce couteau qui va vous trancher la gorge.

Il n’attendit pas plus longtemps pour exécuter sa menace et le laissa tomber par terre sans faire attention au sang qui coulait le long de ses mains. Il jeta un regard à son compatriote et les deux bougèrent le corps pour l’installer sur le fauteuil avant de s’en aller comme si de rien était. Comme s’ils ne venaient pas du tout de tuer quelqu’un d’important. Or, c’était le cas. Et ils risquaient d’empirer la guerre.

Ils attendirent dans la voiture devant le centre commerciale, et ce fut après des heures à regarder les gens affluer dans le bâtiment, qu’à midi, là où il y avait le plus de monde, le deuxième individu appuya sur le bouton. Toutes les bombes explosèrent au même moment, les murs s’effondrèrent, le toit aussi, tout s’écroula, avec des centaines et des centaines de personnes dedans. Des cris, des hurlements, des gens qui sortaient en courant couvert de sang. L’horreur. Le premier individu appuya sur la pédale pour partir. Ils avaient fait ce qu’ils avaient à faire ici, ils n’avaient plus qu’à partir. Partir loin. Après de longues heures de routes, ils retrouvèrent la maison du premier individu. Cette maison dans laquelle il avait grandi avec ses parents avant qu’ils ne se fassent assassiner.

– Que va-t-on faire maintenant ?

– Je n’en ai pas la moindre idée.

Arrivés dans le salon, ils trouvèrent Damien, Nicolas Maguy et un autre jeune homme sur le canapé. Les deux semblaient préoccupés. Les deux amis s’échangèrent un regard avant de s’asseoir à leur tour. Évidemment, toutes les personnes qu’ils étaient parvenus à recrutées ne se trouvaient pas là, mais si ceux-là c’était pointé, c’était qu’il y avait des problèmes en vue.

– Aaron a fait une crise hier, soupira M. Maguy. Il est actuellement très surveillé par les Soigneurs. Le lien avec la fille du Père le touche.

– Si ça le touche autant, c’est qu’ils doivent faire du mal à cette pauvre dragonne, marmonna le premier individu. On devrait essayer de la libérer.

– Cette partie de la prophétie concerne certaines personnes, argua calmement son acolyte.

– Alors que peut-on bien faire ?

– Pourquoi pas venir ? Ils savent déjà qui je suis, déclara Damien. Ils ont besoin de protection et on peut leur en fournir. C’est le mieux que l’on puisse faire.

– Je suis d’accord avec lui. Il faudra juste ne pas révéler ton identité et celle de Dylan pour ne pas avoir de problème, mais ça paraît assez… juste.

Néanmoins l’individu ne savait quoi penser. Jusqu’alors, tout ce qu’il devait faire lui avait été clair. Cependant, ils venaient de rencontrer un point délicat et s’ils ne prenaient pas la bonne décision… ça pourrait tout changer.

– Pars en avant, affirma-t-il à son acolyte. Je préfère qu’ils ne sachent pas que tu fais partie de l’organisation. Il risquerait de me lier à toi.

– Oui, c’est ce que je me disais.

Alors qu’ils sortirent, leurs dragons se posant tout le long de la rue, l’individu repéra une flèche qui lui frôla l’oreille et alla se planter sur la porte de la maison. Le Lié forma une barrière d’eau. Le liquide amortit les flèches qui tombèrent au sol directement. Le père des jumeaux avait déjà sorti des poignards au cas où tout comme Damien et Dylan. Un homme s’avança suivi de tout une troupe de personne. L’individu ferma un peu plus son poing dans l’espoir de former de la glace, malheureusement il n’était pas assez puissant pour ça. Seuls Aaron et Laurène le pouvaient.

L’homme ferma les yeux le temps de traverser l’eau puis le Lié lâchant son effort, comprenant que ça ne servirait plus à rien.

– Je suis le nouveau chef, annonça-t-il distinctement. Et des amis nous ont bien aidé à savoir qui vous étiez. Vous n’auriez pas dû nous menacer de la sorte. Vous n’êtes qu’une petite association, et vous allez très vite vous soumettre à notre volonté.

Le Lié ne put s’empêcher de ricaner. Petite ? Il avait rassemblé tous les Soigneurs et Formatés qu’ils avaient pu sauvé. Il avait rassemblé tous les Liés se cachant parmi eux et qui craignaient d’être découverts. Soit un peu plus de mille personnes qui viendrait les aider si jamais la situation s’aggravait.

– Qui sont vos amis ?

– Oh, tu les connais très bien.

Il entendit un juron derrière lui. Jamais il n’aurait pu penser que Joyce et Daniel les trahissent à ce point ! Révéler que l’organisation existait… évidemment qu’il comptait se faire entendre un jour, mais pas de cette manière.

– Je peux les retrouver et les faire s’expliquer, proposa discrètement Dylan.

– Ils n’en valent pas la peine pour le moment. On les retrouvera après la fin de la prophétie.

La troupe allait attraper cependant ils se ravisèrent lorsqu’ils regardèrent derrière le petit groupe. Chacun se précipita vers leurs dragons pour monter. Pendant ce moment là, une petite vingtaine de personnes, dans les airs, sur leurs dragons se tenaient près à attaquer. Ce fut les ennemis qui chargèrent en premier alors les Liés répliquèrent. Ca devient vite un chaos, entre haies qui s’enflammaient, trottoirs qui se fissuraient à en former des crevasses, des branches d’arbres s’envolaient à cause de tempêtes. Les Liés faisaient une diversion pour les permettre de s’enfuir. Cependant les ennemis n’avaient pas forcément dit leur dernier mot. Pourtant ils savaient que face à autant de Liés, il n’y avait que battre en retrait.

Néanmoins, ils se devaient bien de marquer l’organisation. L’individu se retourna un moment et poussa un cri, pris au dépourvu. Il tentait de convaincre son dragon de retourner en arrière mais ce dernier refusait. Il fut donc impuissant quand un dragon cracha du feu tout le long de la maison. Avec un hurlement, une énorme vague d’eau balaya les flammes.

Mais le mal était déjà fait. Une partie de la maison était effondrée, les fenêtres brisées, le toit brûlé et troué. Les larmes perlaient sur les joues de l’individu. Cette maison était le seul souvenir de ses parents. Le seul ! De rage, il tenta de noyer tous les ennemis comme il le pouvait avant d’être trop éloigné pour les atteindre.

Finalement, un retour au campus semblait nécessaire.

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