Chapitre 67

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– Je pourrais essayer de te suivre avec le dragon de Sébastien, proposa Nicolas.

– Tu sais bien que c’est trop dangereux. S’il découvre que tu es aussi le père de Laurène, ça risque de tout compliqué. Je ne veux pas te faire prendre des risques inutiles.

– J’aimerais que tu n’aies pas à prendre des risques.

Luc aussi aurait aimé. Il aurait aussi aimé ne pas à avoir quitter son père si tôt, mais même s’il venait de prouver sa loyauté, il ne pouvait refuser une rencontre avec son dragon. Il ne devait pas manquer une occasion de rallier certains fondateurs des Lignés avec lui. Il avait très tôt compris que ses choix impacteraient le monde… et maintenant le moment où ils devenaient déterminants étaient venus.

Le jeune Dresseur resta un long moment dans les bras de son père. Parfois, il se rendit compte que c’était tout ce qui lui suffisait et une immense tristesse afflua. Et si il ne le revoyait jamais ? Luc se mit à pleurer comme un enfant alors que Nicolas l’étreignait un peu plus fort. Lui non plus ne voulait pas perdre son fils qu’il avait perdu depuis tant d’années. Le Dresseur tendit un téléphone à son fils.

– Tu n’as même pas besoin qu’il se passe quelque chose de grave pour m’envoyer un message ou me téléphoner, d’accord ?

– D’accord… tu me donneras des nouvelles dès que tu en as ? N’est-ce pas ?

– Je te le promets.

Luc hocha la tête au moment où Brasier se posa juste à côté d’eux. Il adressa un dernier remerciement à son père et monta sur le dos du fondateur de la lignée de feu. Nicolas lâcha un soupir quand il regarda son fils s’envoler. Vers quoi s’engageait-il ? Le père de famille redoutait de l’apprendre bien assez tôt.

***

– Hey Laurène, murmura Aaron sa main sur le front de la jeune fille qui glapit. Ça va aller. Respire. Je suis là.

– Mais quelle idée ! fulmina Lucas. Tu n’aurais pas pu trouver un plan moins dangereux ? Si Luc c’était raté tu serais morte.

– L’idée, c’était de leur faire croire qu’Ignisaqua et moi étions mort, et normalement ça a fonctionné, déclara difficilement la jeune fille.

– Ignisaqua est-il toujours vivant ? s’inquiéta le premier ministre qui débarqua à son chevet, plus énervé qu’autre chose.

– Il s’est mis en dormance pour réparer les impactes de sa chute, mais il est vivant. Dans quelques temps il pourra utiliser son énergie pour optimiser mon rétablissement.

– C’était risqué Laurène, tu nous as fait une belle frayeur, affirma son père en lui prenant la main.

– J’avais prévenu, couina la jeune fille. Il y avait peu de risques on avait tout calculé.

– Peu de risque, tu m’étonnes, Luc doit quand même être en train de flipper et se demander s’il ne t’a pas réellement tué oui, ironisa Clara. Tu as d’autres idées suicidaires comme celle-là ? Non parce que si tu crois qu’on va te laisser encore faire…

– Clara, tempéra Lucas en lui prenant la main. Moi aussi je suis en colère contre cette idiote mais je crois que faut lui laisser un peu de temps pour qu’elle aille mieux.

– J’entends !

– Ouais hé bah tu es idiote, lança Valentine en s’asseyant à ses côtés. Mais je comprends. On a tous envie d’épargner la vie des gens que l’on aime.

Le regard de cette dernière dériva sur Anna qui lui offrit un sourire resplendissant avant de lui prendre la main et de déposer un baiser sur la tempe de sa copine.

– Idiote ou non, Laurène doit se reposer maintenant, voilà tout.

« Comment va Ignisaqua ? », se renseigna Aaron auprès de son dragon.

« Il n’est pas conscient. Mais son corps semble se remettre petit à petit. Je veille sur lui de toute manière. Ne t’inquiète pas, je reviendrais quand tu auras besoin de moi. »

« Mon ami, j’ai toujours besoin de toi, tu es mon plus fidèle compagnon et personne ne peut te remplacer. Personne. »

Aquaventus n’avait jamais parlé ouvertement de ses craintes par rapport à l’arrivé du Père, mais Aaron le connaissait depuis bien longtemps pour le comprendre. Il tenait à rappeler à son dragon que rien ne changeait.

« Et tu me laisserais rester avec Ignisaqua si je le voulais ? »

« Tu es mon dragon, mon partenaire, mon égal. Je n’ai pas à t’imposer quoique ce soit. Si tu veux rester avec Ignisaqua, tu restes avec Ignisaqua. », déclara Aaron hésitant à poursuivre. « Tu l’aimes bien… Ignisaqua ? Est-ce réciproque au moins ? N’as-tu pas peur qu’il meure ? N’as-tu pas peur de souffrir ? »

« Ton inquiétude me touche, vraiment. Mais tu risques de mourir et Laurène aussi, pourtant ça ne vous a pas empêché de vous mettre ensemble. Nous avions mis ça au clair bien avant. Nous nous connaissions bien avant que je t’ai choisi et qu’il ait choisi Laurène. Ne t’en fais pas pour moi, Aaron. »

Le jeune homme hocha la tête alors qu’il caressait les cheveux de Laurène. Cette dernière le regardait et il voyait bien que même si elle ne risquait rien, son regard était absent.

– Et du coup… que se passera-t-il maintenant ? fit Lucas.

– Ils vont attaquer les campus. Ils se centreront surtout sur le nôtre. Qu’est-ce qu’on va faire ? Je ne peux pas rester ici, j’irai, mais pour les autres campus ?

– Déjà on vient avec toi, affirma Clara. Et ne nous persuade pas du contraire, nous avons déjà vécu une attaque, on sait ce que c’est et nous avons déjà gagné.

– Tu as failli mourir.

– Ouais, c’est vrai, mais il est hors de question que je te laisse seule là-bas. Tu es forte, mais pas imbattable Laurène.

– Clara a raison, assura Valentine. C’est de l’armée entière qu’il va falloir.

Laurène se redressa, les poings serrés. Le moment qu’elle avait tant redouté, auparavant pour elle même approchait, mais elle avait désormais beaucoup plus peur pour ses amies qui n’avaient rien demandé, pour ses frères aussi, pour Aaron. Elle espérait que le subterfuge soit passé comme une lettre à la poste, que Luc aille bien. Elle sentit la tête d’Aaron sur son épaule, elle serra plus fort sa main avant de se blottir contre lui. Il faisait partie des personnes les plus en danger, et Laurène se demandait comme elle pouvait bien le rassurer alors qu’elle-même sentait toute la peur et la panique en elle.

– Qu’importe ce qui va se passer, pense que c’est pour le monde qu’on fait cela, conseilla Aaron.

– Je n’ai pas peur de mourir, souffla la jeune fille en larme. Mais si quelqu’un meure, je ne me le pardonnerais jamais.

– Si je dois mourir c’est comme ça, même si je ne voudrais pas t’abandonner maintenant.

– Ne dis pas ça OK, croassa Laurène levant désespérément la main devant lui. Ne dis pas ça.

Le jeune homme n’avait plus les mots alors il embrassa la jeune fille avec une passion qu’elle lui connaissait que dans l’intimité. Laurène se perdit de toute son âme dedans, se raccrochant à la peau d’Aaron qu’elle touchait, au goût de ses lèvres, à son odeur qu’elle respirait. Elle espérait que ce ne soit pas une des dernières fois.

***

Brasier déposa Luc à l’entrée d’un bâtiment très étrange. Le jeune homme avait un peu perdu l’orientation et ignorait totalement où est-ce qu’il se trouvait. Etait-il même encore en France ? Après réflexion, le Dresseur ne voulait plus savoir.

– Comment te sens-tu ? Est-ce que ça va aller ? demanda Brasier..

– Je vais bien, répondit le jeune homme d’une voix flottante. Quelles sont les nouvelles ? Par rapport aux fondateurs et à l’Imposteur ?

– Corail et Saumure étaient là pour m’aider à supporter Fournaise. Elle était persuadée que tu n’étais pas capable de t’en sortir. Même le Dieu Suprême s’est fâché avec elle pour te remettre en cause aussi facilement.

– Et c’est une bonne chose pour nous ?

– Si le Dieu Suprême te considère comme un allié, oui c’est une bonne chose. Vraiment une bonne chose. Il t’attend, dépêche-toi. J’ai préparé Corail et Saumure pour t’aider si jamais cela se passe mal. Normalement, cela devrait aller.

– Merci.

Il sortit le portable de sa poche et envoya un premier message à son père afin de l’assurer qu’il venait déjà d’atterrir en un seul morceaux. Il attendit la réponse de son père avant d’entrée et elle parvint rapidement.

Je suis soulagé de savoir que le trajet c’est bien passé. Fais attention à toi. Et dès que tu peux renvoies moi un message.

Luc se mit à sourire. Son père l’avait attendu. Il ne savait pas combien de temps ça avait duré mais il avait attendu un message de Luc. Le jeune homme prit son courage à deux mains et entra dans le sorte d’immense hangar devant lui. Le Dresseur se sentait un peu intimidé cependant il souffla : techniquement si tout c’était bien passé, ils pensaient qu’il ne les avait pas trahis. Donc il n’avait pas à faire une expression coupable. Luc prit son courage à deux mains puis débarqua dans l’étrange bâtiment. On y retrouvait encore une fois les fondateurs des Lignées avec l’Imposteur. Le jeune Maguy trouva le courage de soutenir le regard de son dragon. Fournaise lui lança un regard meurtrier, toujours prête à défendre son maître. Le jeune homme croisait les doigts pour que les autres soient plus influençables.

– Bonjour Luc, je suis ravie de te voir parmi nous.

– Le plaisir est partagé.

– Il semblerait donc que tu ais réfléchi à ma proposition…

La lumière s’éteignit subitement. Sur ses gardes, Luc dégaina déjà ses poignards mais son partenaire lui assura que c’était inutile. Un jet de lumière l’éblouie puis il se rendit compte qu’il se dirigeait vers le mur : une projection. Ils voulaient projeter quelque chose.

– Vous avez des vidéos à me montrer… comment faites-vous pour filmer ? s’étonna le jeune homme un peu moins serein.

– Toute une population me vénère je te rappelle. Ils sont prêts à tout pour moi, pour que je m’élève enfin comme je le mérite. Alors filmer pour eux, c’est comme la moindre des choses. Ces personnes-là, seraient prêtes, voire honorées de se sacrifier pour moi, pour que j’obtienne la reconnaissance et le pouvoir. Ne t’inquiète pas mon ami, lorsque nous gagnerons cette guerre, ils n’auront d’autres choix que de faire de toi un roi, et tu pourras rendre ton père intouchable.

Fais attention, il cherchera à te manipuler en utilisant les pires éléments possibles, lui avait mis en garde son père. Et il avait parfaitement raison. L’Imposteur jouait sur cette joie de revoir son père, de vivre avec lui, d’apprendre à le connaître. Et l’effet fonctionnait un peu car Luc sentait moins de culpabilité à régner, cependant l’avertissement de son père lui revint en tête. S’il y avait bien une seule personne qu’il ne souhaitait pas décevoir, c’était bien lui. Le gouvernement pouvait le désigner comme traître de la nation s’il le voulait, ses anciens chefs pouvaient le traquer jusqu’à sa mort pour sa trahison. Il s’en fichait d’eux. Tous ce qui lui comptait était son père, sa présence, son attention et la fierté. Luc savait déjà que son père ne le considérait pas du tout comme quelqu’un de faible, même, il lui disait continuellement qu’il avait été fort et qu’il était fier de lui. Néanmoins Luc aurait tellement voulu qu’il le voit achever quelque chose de bien, qu’il soit fier pour quelque chose dont Luc avait réalisé alors qu’ils s’étaient rencontrés.

Le jeune homme sortit de ses pensées lorsqu’il entendit de sons dont il se demandait d’où et de quoi ils provenaient.

Il comprit très vite ce que l’Imposteur souhaitait montrer : le journal télévisé de la communauté. Luc ne l’avait jamais vu puisque sa famille adoptive faisait partie des ennemis mais il en connaissait l’existence, et il sentit une boule dans sa gorge quand le présentateur commença son monologue, pour annoncer la mort de Laurène. Tout le poids sur ses épaules l’accabla encore plus, il ne réussit pas à se détourner de la vue du corps de la jeune fille. Il jeta un coup d’œil à l’Imposteur, il semblait satisfait, surtout en voyant le corps d’Ignisaqua dégringoler au sol.

– On peut définitivement te dire bienvenue avec nous. Nous allons faire de grandes choses ensemble, assura l’Imposteur. Quoi que je n’en ai jamais douté. Fondateurs, vous êtes sous sa direction à présent. Luc, tu es le commandant des fondateurs désormais, seuls à tes ordres ils doivent obéir.

Le Dresseur resta interdit face à cette annonce. Même en tant que commandant, il ne pouvait pas demander aux fondateurs de s’attaquer directement à l’Imposteur. Ils refuseraient toujours ! Néanmoins, il pouvait toujours les manœuvrer afin de faciliter la chute de l’Imposteur.

– Il pense que tu es dans leur camps, reprit l’Imposteur presque dans un rire. Retourne donc au campus accompagné par Brasier. Au moins, ce sera plus facile de les neutraliser et tu pourras nous donner des informations régulières sur eux.

Le jeune homme se contraignit à hocher la tête et sortit. Il grimpa vite sur Brasier qui finit par se poser un peu plus loin pour lui permettre de passer un appel à son père. Toujours aussi rapide, ce dernier décroche dès la première sonnerie. Luc se sentit sourire, oui, il ne voulait vraiment pas décevoir son père. Il espérait que rien ne gâche la relation qu’ils étaient en train de se créer, car elle était plus fusionnelle qu’on pouvait attendre d’une relation père/fils.

– Tu peux souffler, Laurène va bien.

Et Luc se sentit se détendre directement. Il n’avait pas tué sa sœur ! Cette possibilité le hantait depuis le départ : ôter la vie de la personne la plus importante dans sa vie, une des seules à l’avoir compris.

– Je reviens. L’Imposteur pense que je suis plus utile avec vous. Je suis soulagé de devoir revenir, j’avais peur de ne pas vous revoir avant l’échéance.

– Je suis content que tu puisses revenir. Luc… est-ce que ça va ? Que t’a-t-il dit ?

– Peu de chose, mais suffisamment pour me sentir mal. Je t’expliquerais quand je serai de retour. Je veux juste pouvoir te retrouver au plus vite.

– Je ne bouge pas mon fils, je t’attends. Toujours.

***

– Tu es sûr que c’est ici ? demanda Dylan à Damien.

– Bah, c’est l’adresse qu’ils m’ont indiqué.

Dylan était blanc comme un linge, il avait pris des antidouleurs suite à l’amputation de sa jambe, cependant ils ne faisait pas effet tout le temps ! Damien l’avait déposé avec douceur dans le fauteuil roulant avant d’aller rejoindre le point de rendez-vous de certains membres de l’organisation. Damien était resté avec Dylan dès qu’il l’avait retrouvé, les deux jeunes hommes avaient passé les fêtes avec le début de la rééducation du l’ancien Dresseur ennemi. Dylan se sentait incroyablement chanceux d’avoir Damien avec lui. Il tendit sa main pour caresser le bras de ce dernier, le sentant tendu suite à cette réunion express.

La porte s’ouvrit devant eux, l’individu masqué avec M. Gneiss qui lui-même devait entamer une rééducation de son bras perdu. Ils les firent entrer dans la maison et ils s’installèrent sur le sofa. Les deux jeunes hommes les tenaient souvent au courant de tout ce qui se passait et qu’ils pouvaient savoir. Le jour où ils leur avaient appris qu’Aaron était seul avec l’Imposteur, l’inconnu s’était fortement énervé, comme jamais auparavant. A leur connaissance, il ne connaissait pas le Lié personnellement, donc ils ne comprenaient pas cette perte de contrôle soudain. Lui toujours calme, extrêmement ferme, qui ne paraissait pas du tout être le style de personne à se laisser aller aux émotions.

– Ils vont attaquer, déclara nerveusement Damien.

– Mais ne dis pas ça sans explication ! s’exclama Dylan en lui adressant cependant un sourire. Le Dieu Suprême, heu… l’Imposteur excusez-moi j’ai toujours du mal… l’Imposteur a décidé d’attaquer les campus et plus précisément notre campus. Il veut en finir définitivement avec le Père et la Mère.

– Et ces histoires sur la mort de Laurène ? s’agaça un des deux individus.

– On ne sait pas, avoua Damien. On ne l’a vu ni morte, ni vivante. Cependant, si vous voulez mon avis, ça m’étonnerait que Luc l’ait tué. Je ne lui ai pas parlé souvent mais je les ais observé. C’est son grand-frère, ils sont fusionnels, ils se protègent l’un l’autre. Je serai vraiment étonné de savoir que Luc l’ait tué.

– Je suis d’accord, intervint M. Gneiss. Je ne l’ai vu que quelques fois mais il ne tuerait pas Laurène.

– Il peut être colérique parfois, soupira l’individu masqué.

Encore une fois, Damien et Dylan se demandaient comment il en déduisait ceci alors même que le chef n’avait jamais entretenu une longue discussion avec lui. Damien ne se serait pas gêné pour poser la question, néanmoins ils n’avaient pas le temps… une autrefois peut-être ! S’ils survivaient.

– Nous allons rejoindre le campus le plus vite possible, décida le chef. Et ramenez tout le reste de l’organisation. Je regrette de devoir les embarquer là-dedans mais il va nous falloir un maximum d’aide pour gagner cette guerre.

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