Epilogue : 22 ans plus tard

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Joyce ne se souvenait pas spécialement du Canada. Elle était trop jeune lorsque ses parents s’étaient enfuis. Avec Daniel, il s’était installé au Québec, plus pour le confort du voyant plutôt qu’elle. Joyce parlait parfaitement bien anglais mais Daniel peinait toujours à comprendre !

La vie du jeune voyant était un peu plus reposant maintenant. Il dormait beaucoup mieux, la grande prophétie étant achevée, il y avait moins de visions qui parvenaient. Évidemment, il y avait toujours des images. Daniel rêvait souvent d’une jeune fille aux yeux bleus et aux cheveux châtains accompagnée d’un jeune homme aux yeux verrons. Le voyant aurait juré que ses images deviendraient importantes mais il n’avait que leurs visages en tête. Ni parole, ni action. Juste leurs visages. Alors il dormait bien même s’il se doutait qu’une nouvelle prophétie pourrait frapper à tout moment !

Joyce avait fait le nécessaire pour procéder au désapparantage. Elle aimait profondément Aquadicum mais elle avait l’impression de le punir à ne pas accepter la communauté telle qu’elle était. Alors après une longue discussion, le partenaire avait accepté de la laisser partir. La jeune fille avait débuté des études de journalismes et s’épanouissait totalement dans ce qu’elle faisait. Parfois, la communauté tentait de reprendre contact mais elle coupait court. Les seuls moments où elle faisait un effort était quand elle rencontrait un nouveau Lié. L’ancienne Liée elle-même prenait la peine d’appeler M. Gomez pour l’en informer. Lui-même informait Laurène ou Aaron ou Lucas. Si le deux premiers avaient essayé de prendre des nouvelles, Lucas évitait. Clara et Anna n’avaient pas digéré sa trahison et il comprenait à quel point la perte de Valentine avait été compliquée.

Un jour, la jeune femme marchait tranquillement jusqu’à son bureau en compagnie de son compagnon. Daniel ne travaillait pas avec elle mais l’emmenait jusqu’à son bureau à chaque fois.

– J’ai bientôt terminé mon article, je devrais enfin pouvoir l’envoyer se faire valider et après je pourrais partir en vacances, assura Joyce.

– De toutes manières, les billets sont changeables. Si jamais tu as besoin de pousser je pourrais toujours repousser.

Joyce était heureuse de pouvoir vivre avec lui. Elle n’avait jamais eu de doutes. Elle avait toujours su que sa vie serait avec Daniel. Ils se suffisaient à eux-même. Lorsqu’elle débarqua et elle alluma son ordinateur de fonction et son œil fut attiré par le mail le plus récent. Celui-là était envoyé par Laurène. Jamais ses anciens amis n’avaient tenté de la contacter. Prise de panique, elle appela directement Daniel. Et si… et si après toutes ces années ils avaient décidé qu’on devrait la punir pour avoir manqué à sa mission ? Ça aurait été plutôt logique…

Il en était rien. Laurène demandait juste à son amie de rédiger une revue historique en mémoire des personnes décédées lors de la guerre. Elle lui proposait déjà de lui envoyer tous les détails et de répondre à ses questions si elle en avait.

– Tu n’es pas obligée de le faire, lui assura Daniel.

– Peut-être oui… mais je ne les ais pas aider durant la guerre. Je leur dois bien ça.

***

– Il devrait y avoir un conseil, avec les quatre rangs représentés. Un Persévérant, un Dresseur, un Lié et un Soigneur pour encadrer le premier ministre. Il devrait pouvoir prendre son choix avec un conseil représentant chaque membre de notre communauté, déclara M. Gneiss.

Ce dernier bougea son bras prothétique dans un signe d’agacement. Les nouveaux membres du gouvernement devenaient de plus en plus réfracterait et le vieux Lié devait se battre deux fois plus qu’avant dans l’espoir de garder son avancé. Aaron et Laurène l’aidaient dans ses démarches lorsqu’ils pouvaient mais il savait que ses anciens élèves avaient beaucoup à faire. Heureusement pour lui, il n’était pas seul.

– Chaque rang a participé à la guerre et nous a aidés à gagner. Anna Roy, une talentueuse Soigneuse a aidé la libération du Père, affirma Dylan qui se levait de sa chaise. Valentine Murphy, une Persévérante aussi a permis cette libération et est morte au combat pour notre liberté aujourd’hui !

– Vous ne pouvez pas reléguer ses personnes comme s’ils n’avaient aucune valeur, renchérit Damien qui se leva à la suite de son époux.

Les quelques ministres réfractaires serrèrent les dents car ils savaient très bien qu’ils étaient en torts. Leurs arguments étaient implacables et aucun d’eux ne pouvaient les contredire. Le premier ministre lui-même ne pouvait réfuter leur dire.

– Allez voir ça avec le président.

M. Gneiss soupira. Le président ne saisissait jamais vraiment toute l’importance de la question mais il espérait pouvoir lui faire entendre la raison malgré son manque de connaissance. Les négociations seraient longues mais le Lié comptait tenir bon jusqu’au bout. Jamais Paula n’aurait abandonné !

Dylan et Damien l’aidaient à diriger l’organisation. Cette dernière renforçait l’armée, protégeait les villes, aidait les nouveaux Liés à rejoindre un campus. Mais avant tout, elle infiltrait les ennemis dans le but de limiter l’étendu du culte martyr de l’Imposteur. Dylan avait pu renoué contact avec sa famille suite à la guerre et menait ses opérations-là d’une main de fer. Les deux hommes s’étaient donc installés dans une maison d’un village ennemi dans lequel Dylan parvenait à guider les habitants. Des siècles de propagandes ne s’effaçaient pas mais il espérait qu’avec le temps, l’Imposteur le Martyr soit totalement oublié et ne soit plus la cause d’attaque stupide.

Arrivés à chez eux, Damien aida Dylan à se défaire de la jambe prothétique. Ce dernier n’aimait pas la garder une fois chez eux même si ces déplacements se faisaient plus compliqués. Il s’écroula sur le canapé, bientôt rejoint par son mari qui soupira. Dylan passa une main dans les cheveux de Damien avant de lui déposer un baiser sur la tempe.

– Des fois, j’ai l’impression qu’il faut tout refaire à zéro, soupira Damien.

– Je crois bien que malheureusement c’est le cas. Tout le monde n’arrive pas à ouvrir les yeux. On doit s’y habituer.

– Oh, d’ailleurs, Aaron nous invite je ne sais plus quel jour chez lui. Apparemment lui et Laurène ont enfin des vacances ! Je voulais accepter mais je lui ais dit que je t’en parlerais avant, je ne veux pas que ça te gêne.

– Il ne me regarde plus comme s’il allait me tuer, alors ça va.

– Je suis rentré ! s’écria un garçonnet.

Il avait adopté deux petits garçons, un orphelin suite à une attaque qui devenait Dresseur et un autre recueilli il n’y a pas longtemps qui allait bientôt être formé en tant que Liés. Les deux hommes avaient longtemps hésité avant d’adopter, pensant qu’une famille ne leur serait pas nécessaire mais ils avaient été heureux de se rendre compte qu’ils s’étaient trompés. Le petit garçon posa son cartable négligemment par terre et sauta sur le canapé avec eux.

– Comment s’est passé ta journée ? demanda doucement Damien.

– L’école, c’est ennuyant, répondit le petit garçon.

Sa réponse fit rire ses parents. Dylan saisit la main de Damien, juste derrière leurs fils. Quand il avait passé ses mois enfermés dans la prison, jamais il n’aurait pensé être là aujourd’hui. Mais il l’était, et tout allait pour le mieux.

***

Laurène appréciait le vent contre son visage et les promenades qu’Ignisaqua lui avait tant promises ce qui lui avait permis de découvrir de merveilleux endroit bien qu’il ne l’ait pas accompagnée lorsqu’elle avait été aider le gouvernement australien. Mais cette fois, c’était au campus qu’elle atterrissait en compagnie d’Aaron. Elle attrapa la main de son mari et ils descendirent l’escalier pour retrouver le campus. Laurène aperçut Clara sur un banc en bois un carnet à la main. Cette dernière l’aidait dans certaines de ses missions, surtout au début, mais cela faisait quelques années qu’elle avait accepté le poste de professeur des Dresseurs quand Lucas avait accepté celui de professeur des Liés. Laurène l’appela et la Dresseuse se leva toute souriante et la serra dans ses bras.

– Alors comment ça se passe cette année ? demanda Laurène. Pas trop agacée par les plus jeunes ?

– Oh non, tu sais très bien que j’aime bien les enfants même les plus turbulents je les trouve adorable ! Et vous deux ? Quoi de neuf depuis le nouvel an ? Lucas m’a dit que vous travailliez sur un nouveau projet tous les deux afin que les nouveaux Liés puissent se signaler.

– Ouais, c’est que le début, mais on espère qu’il pourra se concrétiser, répondit Aaron en s’asseyant à ses côtés. Ça me fait toujours beaucoup de peine quand je retrouve un jeune Lié dans un sale état ou désespéré par la situation car il ne comprend rien.

– Lucas a aidé à en insérer un ces derniers jours, il était tout désespéré le pauvre. Même après tout ça, les ennemis tentent toujours de leur faire du mal comme si c’était un genre à abattre.

– Heureusement on est là pour faire du mieux qu’on le peut. Salut vous deux !

Lucas tapa dans la main de son beau-frère et serra sa sœur dans ses bras avant d’embrasser sa femme. Ce dernier s’épanouissait pleinement en tant que professeur des Liés. Lui aussi avait souvent fait partie des expéditions, cependant avec le départ de M. Gneiss à la retraite, il fallait renouveler les professeurs, or Aaron et Laurène avaient tous les deux des très bons postes au sein du ministère donc ils ne pouvaient pas se passer d’eux pour le moment et Lucas avait été ravis de pouvoir aider les jeunes Liés. Puis comme cela, il pourrait garder un œil sur ses enfants ainsi que sa nièce et son neveu. Lucas et Clara vivaient dans une maison qui se situait au le village le plus proche, seul leur aîné avait commencé sa formation de Dresseur.

– Tu sais ce que Julien m’a sorti ce matin ? pouffa la Dresseuse.

– Non, mais je pense que tu vas me le dire !

– Il m’a sorti que je devrais être plus strict avec lui car selon lui je suis trop laxiste pendant les cours !

– Les enfants, quelle ingratitude, soupira Lucas avec un petit sourire. Fait un remake de ta mère et il comprendra peut-être la chance qu’il a d’avoir une maman attentionnée qui ne lui mets pas la pression pour être le meilleur mais qui essaye juste de bien le former.

– Mais c’est qu’il a envie d’être le meilleur, nuança Laurène qui se posa sur les genoux d’Aaron. Clara tu étais pareille à l’époque je te ferais dire ! Combien de fois selon toi ce que tu faisais n’était pas assez suffisant ?

– Justement, ce n’est pas un exemple à suivre ! Mes enfants sont comme ils sont, ils n’ont pas à être parfaits. Tant qu’ils sont gentils, honnêtes et un minimum sérieux c’est tout ce qui m’importe.

– Nos enfants ont pris de toi pour ça, assura Lucas déposant un baiser sur son épaule. J’ai vu Julien partir d’ailleurs…

– Oui il est parti chercher Joanna et Lara à l’école car il savait que leur chère tante viendrait et ils ont fait un caprice pour absolument venir au campus ! Vous inquiétez pas qu’ils vont encore vous demander de faire de la ‘‘magie’’.

– Je te l’avais dit qu’on aurait dû monter une troupe de spectacle, on aurait cartonné ! blagua Aaron. Ne t’inquiète pas qu’on avait ça tous les jours avant que nos deux aillent au campus.

– En tout cas vous leur avez donné quelques astuces parce qu’ils sont déjà bien rodés au combat, ça ne m’étonnerait pas qu’ils soient premiers de leurs catégories et qu’ils s’affrontent. J’ai eu cours avec Dorian ce matin et dit toi que les autres apprentis-Dresseurs ne parvenaient pas à le vaincre.

– Il a appris des meilleurs, que veux-tu ? Mais tant mieux, s’il se débrouille, c’est l’essentiel. Et ils ne sont pas trop seul ? se renseigna Aaron.

– Alors je te rappelle que ce sont vos enfants, et je n’ai pas besoin de vous rappelez qui vous êtes donc forcément votre réputation plane sur eux et beaucoup avaient hâte de les rencontrer. Les enfants des grands élus de la prophétie, on ne les rencontre pas tous les jours.

– J’espère juste que ça ne leur portera pas préjudice, murmura Laurène. Les gens aiment bien profiter…

– Et on sera là pour veiller, la rassura Aaron.

Laurène aperçut Anna sortir de l’infirmerie sans son uniforme, elle ne devait donc pas travailler ce soir, sûrement pour participer au banquet avec ses amis. La rouquine s’était longtemps questionnée sur son avenir dans cette société, si elle ne devait pas retourner à une vie normale et retrouver totalement son père, cependant c’était le seul endroit qui remplissait tous ses souvenirs avec Valentine lorsqu’elles s’étaient mises ensemble. Non, à l’époque elle n’avait pas eu le courage de partir, et au final elle avait bien fait sinon elle se serait isolée de tout le monde même si Laurène et Clara l’appelaient tous les jours. La rouquine les salua chaleureusement avant de s’asseoir.

– Dur journée ? demanda Clara.

– Ce sera pire ce week-end avec les jeux, comme chaque week-end de jeu ! commenta la Soigneuse. On va être débordé ! Mais bon, on a l’habitude, on gère.

– Pénélope n’est pas avec toi ? s’étonna Lucas.

– Elle est partie dans le groupe d’urgence de Soigneurs, une bataille a mal tourné, je crois. Je sais que je ne devrais pas stresser mais je n’ai pas les meilleurs souvenirs de ma vie liés au bataille. Mais je dois paraître confiante pour son fils, je ne peux pas l’inquiéter non plus.

– Il n’était même pas né quand son père a abandonné sa mère et quand vous vous êtes rencontrées il avait deux ans, tu es autant sa mère que lui tu sais, la rassura Laurène. Il t’appelle maman.

– Je sais, c’est juste que j’ai toujours du mal à me dire que j’ai un enfant. Ce n’était pas dans mes projets de vie, mais maintenant, c’est un beau grand garçon, plus grand que moi qui me demande des conseils sans cesse parce que je suis sa mère.

– Il ne veut pas faire partie de la société ?

– Non, on lui a expliqué tout ce qui en ressortait et il a préféré ne pas s’immiscer. Et en quelques sortes, je crois que je suis soulagée. Parce que s’il avait voulu venir, et qu’il décidait de devenir Persévérants… non je n’aurais pas supporter que mon fils soit autant en danger.

– Je comprends, acquiesça Aaron. Quand Héléna a décidé de devenir Liée on avait très peur avec Laurène. On a été un peu plus à cheval sur le combat. Elle va nous faire faire une crise cardiaque un jour.

– Je te rappelle que bébé elle escaladait son lit à barreau, tentait de grimper au table et partout. On aurait dû se douter qu’elle allait être téméraire et casse-cou, soupira Laurène.

– Oh mais oui la petite Héléna, j’ai des gossips ! s’exclama Anna avec un petit sourire.

– Attends quoi ? Je vois ma nièce tous les jours et je n’ai rien du tout ! s’indigna Lucas. Anna, donne moi tes secrets de super-espionne pour savoir.

– Ça ne fait qu’un mois qu’ils sont au campus. Qu’est-ce qu’elle a encore fait ? s’exaspéra Aaron bien qu’habitué à l’hyperactivité de sa fille.

– Lydie Haylay, commença Anna, laissant en temps de suspens. C’est une Soigneuse en première année, son meilleur ami est un des Liés ils ont débarqué ensemble. Et bien figurez-vous que je les voyais souvent traîner ensemble. Héléna l’attend même après les cours lorsqu’elle finit ensemble.

– On rentre déjà dans les amourettes, souffla Laurène qui les voyait grandir trop vite à son goût comme tout parent.

Laurène se souvenait encore de leurs premiers pas, leurs premières chutes où ils étaient en pleurs, quand ils avaient peur et qu’ils venaient se réfugier dans leurs bras comme lorsqu’il y avait un orage. Cela la rendait un peu nostalgique.

– On est dans l’âge, commenta Aaron un petit sourire. Elle est gentille cette Lydie au moins ?

– C’est une élève très studieuse et timide. Elle n’est pas méchante et elle ne connaît rien pour le moment de la société donc ça m’étonnerait qu’elle s’intéresse à Héléna juste parce que c’est votre fille, la rassura Anna.

– Il y a le cours d’histoire d’aujourd’hui ! Vous devez faire un speech sur la guerre non ? Oh papa ! s’exclama Clara en se levant.

– Coucou maman, dirent les jumeaux à sa suite.

Quelques années après la bataille, Christine et Sébastien avaient emménagé ensemble. Les deux amoureux de jeunesses avaient décidé de laisser une chance à la flamme qui ne s’était jamais réellement éteinte. Cela les avait apaisé de se retrouver après toutes les épreuves. Sébastien serra à la suite de Clara, Aaron dans ses bras pendant que les jumeaux prirent les nouvelles de leur mère. La mort de leur père avait été extrêmement dur au début mais ils savaient que M. Gomez prenait soin d’elle, il prenait toujours soin des autres. Le petit groupe avança doucement vers le sanctuaire, Laurène aperçut un adolescent aux yeux verrons bleus et verts et une tignasse noire jais en bataille. Il parlait avec une jeune fille blonde aux yeux verts.

– Dorian ! Joanna ! s’exclama Lucas.

D’un an plus jeune, la cadette de Lucas et Clara allait l’année prochaine intégrer le campus ce qui ne lui faisait pas vraiment peur puisqu’elle y passait déjà tout son temps de libre. Elle était très amie avec son cousin, dès leurs jeunes âges ils avaient fait les quatre cents coups, les deux étant un peu plus introvertis. Héléna plus extravertie connaissait beaucoup plus de personnes pourtant les deux enfants d’Aaron et Laurène sans être jumeaux étaient nés la même année. Dorian courra tout sourire vers ses parents pour leur faire un câlin.

– Eh ben, toi qui était si pressé d’être débarrassé de tes vieux parents ronchons, on te manque déjà ? fit Aaron en le décoiffant.

– Ouais quand même.

– Quand même, ironisa Laurène. Alors ça c’est bien passé ? Tu t’es fait des amis ?

– Tout va bien maman je te jure, assura l’adolescent. Oh, Héléna va me tuer mais faut que je vous parle de Lydie. Oh bah regarder elles sont là-bas toutes les deux. Héléna ! Papa et maman sont là !

Une jeune fille aux yeux bleus et aux cheveux châtain releva la tête. Aaron laissa échapper un rire en voyant sa fille toute gênée comme prise sur le fait après une bêtise. Il se souvenait encore des bêtises qu’elle avait pu faire plus jeune, certaines drôles, certaines énervantes. La jeune Liée approcha sans son amie qui repartait dans le bâtiment. Elle avait déjà dépassé Laurène depuis un moment et en avait presque été soulagée. Sa mère ne pouvait pas lui en vouloir, elle était pareille à son âge.

– Alors le quartier des Liés est toujours aussi teinté de bleus ?

– Toujours, confirma l’adolescente en saluant ses parents. J’ai pris une chambre rouge pour contraster. Elle est toute au fond mais elle est cool.

– De mère en fille, elle passera littéralement par toutes les générations de la famille cette chambre, commenta Aaron.

– C’était celle de maman ?!

– Et aussi celle de la sœur de ta grand-mère aussi, confirma Laurène.

– Julien est déjà monté ! s’exclama Dorian qui partait en courant. Je vous bats toutes les deux !

– Dans tes rêves ! répliqua Héléna qui partit à sa poursuite suivie par Joanna.

Laurène prit la main d’Aaron et ils montèrent pour aller jusqu’au sanctuaire, pour faire leur petit discours historique habituel. Les premières années, ils se rappelaient juste de ce qu’il s’était passé, de parler des personnes décédées, de Valentine, de Mme. Amaro, de Luc. Aujourd’hui, ils expliquaient plus ce qu’ils avaient vécu, ce qu’il s’était passé et chaque adolescent restait accroché à leurs paroles, notamment car ils étaient des figures historiques désormais.

– Prêt à prendre la parole ? sonda M. Gomez.

– On commence à avoir l’habitude tu sais. Et c’est important de partager, affirma Aaron.

– Il a raison. Puis, au moins c’est l’occasion d’honorer les personnes mortes pour la cause, ajouta Laurène. On ne peut pas parler de papa, ni trop de Valentine, cependant on peut quand même rendre hommage à Mme. Amaro et Luc. Ils ont fait beaucoup, ils méritent qu’on se souvienne d’eux.

– Vous n’avez encore jamais vu le nouveau monument. Il y a une statue pour eux deux dans le sanctuaire désormais, expliqua Clara. Le prénom de ton père a été ajouté au côté du mémorial pour Clothilde Delattre.

– Valentine a un mémorial pour elle seule, souffla Anna séchant ses larmes.

Parce que jamais ils ne pouvaient les oublier ce n’était pas possible. Une fois entrée dans le sanctuaire, elle sentait toute l’atmosphère solennelle, la première fois qu’elle y était entrée, elle avait été dévisagée par tout le monde, or cela restait toujours le cas depuis vingt-quatre ans. Et Laurène avait toujours autant de mal à s’y habituer.

« Dis Ignisaqua, je peux te poser une question ? »

« Tu sais bien qu’il n’y a plus trop de risque que je ne te réponde pas désormais. Il n’y a plus rien à cacher pour ta sécurité après tant d’années.»

« Je ne t’ai jamais demandé en vingt-deux ans mais… la première fois qu’on s’est vu… »

« Je t’avais déjà vu avant même que la cérémonie d’apparentage se déroule. »

« A la cérémonie d’apparentage, lorsque tu m’as dit que l’on allait accomplir de grande chose. C’était la Mère, ou alors c’était toi ? »

« C’était moi. Parce que je savais que ma mère allait disparaître et qu’on allait faire autre chose ensemble, aussi utile que nécessaire. Peut-être que la Mère vivait en moi, mais j’avais le choix même si elle pouvait s’y opposer, et je t’ai choisi. Et j’ai fait le bon. »

« Et je suis heureuse que tu sois mon dragon. »

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