Blanc lapin
Il était une fois un petit lapin blanc. Il était enfermé toute la journée dans son clapier et semblait paisible dans cette vie étriquée. Quand nous venions lui donner à boire et à manger, il se laissait caresser. Il était tout doux et avait des yeux magnifiques. Nous savions qu'il fallait l'engraisser. Nous allions régulièrement ramasser des feuilles de pissenlit pour lui en donner et il avait droit aussi à des granulés ainsi qu'une bonne rasade d'eau récupérée de la pluie. Il était comme un coq en pâte... Servi à heures régulières pour se contenter de dormir toute la journée. Nous avions à coeur d'en prendre bien soin.
Et puis le jour arriva. Ma nourrice le sortit de son clapier en le tenant par les deux oreilles. Elle le pendit par le pied la tête en bas. La pauvre bête se debattit mais resta prisonnier de ses liens. Elle lui asséna le coup du lapin, puis lui arracha un oeil pour qu' il se vide de son sang et agonise en douceur. Il fut bientôt temps de lui enlever son pyjama et tout ce qui n'était pas comestible. Nous assistions à toute la scène et nous n'avons jamais été choqué. Nous savions que les lapins, comme ce lapin blanc, étaient destinés à finir dans notre assiette. Nous en prenions soin, les nourissions jusqu'au jour où ils seraient suffisamment gras.
Nous le coupions ensuite en morceaux et commencions à préparer la recette: en civet, en sauce, à la moutarde... généralement accompagné de pommes de terre et légumes du jardin. Nous nous régalions. Et nous disions que ce lapin serait heureux de nous contenter après tous les bons soins que nous lui avions donné. Jamais nous n'avons pensé que c'était cruel, c'était juste la vie à la campagne...
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