Chapitre 4 - Une tasse de thé

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Avec la permission de son oncle Dimitri, Barbara avait quitté l’épicerie dans laquelle elle travaillait, un peu plus tôt que d’habitude. Le matin, avant de partir, elle avait pris soin de préparer la tenue qu’elle porterait le soir même, une des plus belles de sa penderie. Une robe noire incrustée de petites fleurs qui irait parfaitement avec des bottes montantes. Toute la journée, elle avait imaginé cette soirée qu’elle passerait avec Rickie, son meilleur ami. Elle espérait, au fond d'elle-même, qu'il serait dans de meilleures dispositions. Pas comme la dernière fois où il était venu chez elle. Il avait fallu qu’elle lui remonte le moral, non pas qu’elle ne le faisait pas avec plaisir, loin de là. Mais elle commençait à s’inquiéter pour lui.

Le soir venu, devant une psyché qu’elle avait dénichée dans une brocante du quartier, elle s'apprêta pour la soirée. Elle commença par ajuster sa tenue, tourna sur elle-même, satisfaite du résultat. De son crayon à maquillage, elle souligna d’un trait discret le contour de ses yeux amande, intensifiant ainsi son regard lumineux. Elle prit son peigne en nacre et prit soin de coiffer ses longs cheveux blonds qui lui descendaient jusqu’au bas du dos. Elle réajusta la délicate broche dorée qui maintenait ses cheveux. Ce bijou appartenait à sa mère qui le lui avait confié tel un talisman porte- bonheur. Elle lui manquait. Son père aussi. C’était déjà le troisième Noël qu’elle passerait loin de sa Russie natale. Elle ne regrettait pas les conseils avisés de son père, diplomate en Angleterre, de l'avoir vivement encouragé à voyager et pourquoi pas vivre un temps à l'étranger. C'est une grande opportunité lui avait-il souvent répété. Bien sûr, elle avait appréhendé de les quitter, mais elle était tellement enthousiaste à l'idée de retrouver son oncle en France ravi de l'accueillir. Le pays, si différent du sien, lui avait tout de suite plu. Elle avait à son tour décidé Zofia, sa sœur cadette de venir la rejoindre, en ce début d'année. Pour convaincre sa mère, cela avait été une autre histoire. Celle-ci allait se retrouver la plupart du temps seule, son mari était le plus souvent à l'étranger. Et il fallait bien le reconnaître, Zofia n'avait pas un tempérament aventureux comme elle ou leur père. Mais à bien regarder la situation aujourd'hui, elle mesurait la chance qu’elles avaient de pouvoir compter sur un oncle si généreux qui avait permis de faciliter leur arrivée et leur intégration.

Dans une tasse en porcelaine, elle versa la fin d’un thé noir épicé de sa théière en fonte, et la but lentement en soufflant dessus, confortablement installée dans son fauteuil en velours. L’odeur du thé lui rappelait sa famille comme si, à cet instant, elle était entourée des siens. Une fois terminé, elle rinça d’un mince filet d’eau la théière et la tasse qu’elle déposa sur le bord de l’évier. Elle attrapa au mur sa longue cape noire brodée de fils dorés, dessinant des d’arabesques sur tout le devant. Elle la boutonna et sortit de l’appartement après s’être assurée d’avoir bien refermé la porte à clef. Elle descendit l’escalier en sautillant et sortit de l’immeuble ancien dans le froid de l’hiver.

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