Chapitre 15 - Regarde ma gueule !

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On sonna à la porte. Marc jura tout bas. Qui pouvait bien venir chez lui à cette heure tardive le déranger? Il prit le temps de sortir de la salle de bain en attachant son peignoir, les cheveux encore mouillés. La sonnette retentit de nouveau. Il pesta de plus belle, vérifia par le judas qui était son visiteur, avant de lui ouvrir. Rickie entra, essoufflé, le visage meurtri, les larmes aux yeux. Affolé, Marc le conduisit aussitôt dans la salle de bain. Il le fit asseoir sur un tabouret, sortit le nécessaire de sa boîte à pharmacie pour le soigner. Il nettoya délicatement sa lèvre tuméfiée. Que lui était donc t-il arrivé? Rickie mit quelques minutes pour se calmer avant de pouvoir lui répondre. Son courage retrouvé, il le fixa droit dans les yeux. Il eut du mal à soutenir son regard charmeur qu’il l’avait tant aimé. Mais il était résolu à ne pas dévier de ce qu’il s’était répété mille fois dans la tête avant de venir.

- Ecoute Marc, j’en peux plus de cette situation. Regarde ma gueule. Ça ne peut plus durer entre nous. J’ai vu Tom ce soir. Un conseil, lâche le lui aussi et tourne la page, commença-t-il sur un ton ferme.

- Mon petit Rickie, calme-toi s’il te plaît. C’est Tom qui t’a amoché comme ça ?

- Mais non ! Regarde-moi, c’est toi qui a agressé Paul ?

- Mais qu’est-ce que tu racontes ! De quoi tu parles ? Tu débarques ici sans prévenir, je m’occupe de toi, et tu te permets de m’accuser ? Tu peux faire demi tour tout de suite, répondit-il d’un ton vainement offusqué.

Rickie n’en revenait pas. Sa tête cognait à tout rompre. Il était fatigué et excédé. Comment avait-il pu croire un instant que Marc lui disait la vérité. Comment pouvait-il encore supporter sa mauvaise foi, et surtout sa violence ?

- Marc, écoute moi bien : j’ai pris la décision de tout arrêter avec toi. C’est définitif. Et cette fois, je m’y tiendrai, osa Rickie, convaincu par ce qu’il disait.

Marc eut un accès de colère rentrée, le réduisant au silence, le temps de réfléchir à ce qu’il allait dire. Il termina ses soins, rangea la boîte à pharmacie. Voulait-il un café ? En attendant, il pouvait s’installer sur le canapé en cuir. Rickie, décontenancé par la maîtrise de Marc, alla s'asseoir, obéissant. Son hôte revint, une cigarette aux lèvres, avec un plateau qu’il posa sur la table en verre devant eux. Il lui présenta une tasse, prit la sienne et commença à la boire, le plus tranquillement du monde. Après avoir bu la sienne, Rickie finit par briser le silence.

- Tu ne dis rien ?

- Mais enfin, tu es libre voyons ! Je ne demande pas l'aumône. Mon pauvre Rickie, tu as vu dans quel état tu es depuis quelques mois.

Rickie était au bord de l’explosion.

- Et ne me dis pas que tu croyais que nous étions un couple toi et moi ! Moi qui croyais en revanche que nous étions des amis proches, assura Marc, expulsant d’un jet la fumée de sa cigarette par les narines. Son regard perçant ne laissait aucune chance à la proie qu’il avait en face de lui. Malgré l'épuisement qui se lisait sur son visage, Rickie ne se laissa pas intimider pour autant.

- Ah ouais ? Comment peux-tu dire ça ? T’es qu’un manipulateur Marc. Et surtout, quelqu’un qui n’assume pas ce qu’il est. Et un gros connard violent, par-dessus le marché. T’as besoin d’aide tu sais.

Rickie souleva son pull et son t-shirt pour lui montrer son hématome violacé.

- Regarde ! Ca, c’est quand tu m’as poussé dans l’escalier ! Tu vas me dire que ce n’est pas toi, hein ? Pas étonnant, t’étais tellement bourré ce soir là. En fait, le connard ici, c’est moi. Moi qui n’ai rien dit parce que c’était la première fois. Moi qui me suis persuadé que tu ne recommencerais pas. Enfin….pas avec moi en tous cas.

- Tu délires mon pauvre Rickie.

- Bah voyons ! Et moi qui revient à la charge à chaque fois. Comment j’ai pu être aussi aveugle ? Pourquoi entretenir ainsi de faux espoirs ?

- Tu vas me faire pleurer, mon petit. Retournes donc dans les jupes de ta mère ou de ton amie russe, elle saura te réconforter, elle.

- Oui, tu as raison. C’est elle qui m’a fait ouvrir les yeux, figure-toi. Et pourquoi t‘acharnes-tu sur Tom à présent ? Qu’est-ce qu’il t’a fait ? dit-il, plein d’amertume dans la voix.

. Tom, ce n’est qu’un petit con prétentieux qui a abusé de ma confiance et de ma générosité. Il faut juste lui apprendre les bonnes manières et le respect, dit-il avec aplomb tout en faisant tomber des cendres au sol.

- Regarde-moi dans les yeux Marc, et jure moi que tu n’as rien à voir dans l’agression de Paul !

Marc le regarda froidement, serrant le poing. Rickie reposa sa tasse brutalement sur la table. Tout était clair à présent. Il ne pouvait plus nier la vérité qu’il pressentait depuis le départ. Comment Marc en était-il arrivé là ? Combien de fois avait-il assisté à ses emportements, à ses crises de rage, sans rien faire ? Guidé par la peur, il lui avait toujours trouvé des excuses. C’était ça son problème. T’es vraiment trop con Rickie. Il se serait giflé. Mais cette fois-ci, Marc était allé trop loin. Tom l’avait compris, lui. Alors pourquoi celui-ci n’avait-il rien fait ? Il se leva excédé.

- Allez dégage de chez moi Rickie. Mets-la un peu en veilleuse pour une fois. Je veux plus voir ta sale petite gueule de pédé en souffrance qui passe son temps à se lamenter. On dirait qu’il n’y a que toi et seulement toi qui souffre dans ce monde. Et contrairement à toi, je n’ai besoin de personne pour me dire qui je suis.

Il l’entraîna, de son bras musclé, en direction de la porte. Rickie n'eut pas le temps de répondre, seulement celui de refermer son perfecto avant que Marc le pousse violemment dehors, manquant de se brûler les doigts avec le reste de sa cigarette.

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