Chapitre 18 (4) - Brouillard

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Les volets de Tom étaient fermés. Impossible de savoir s’il était chez lui. Paul sonna, espérant entendre sa voix dans l’interphone, en vain. Il eut un nœud dans la gorge, attendit encore un moment. 2h30 du matin. Il était évidemment trop tard pour qu’un bus circule encore à cette heure de la nuit. Il n’avait pas d’autre choix que de rentrer chez lui à pied. Il remonta le col de son manteau et plaça son écharpe juste au-dessus du nez pour affronter le froid. Les guirlandes lumineuses de Noël scintillaient. Les cloches et les baies de houx clignotaient faiblement, à travers une brume glaciale qui avait envahi les rues, en couches cotonneuses, pour les recouvrir complètement. Au détour d’une rue, il croisa quelques fêtards qui l’apostrophèrent mais les ignora. Et dire qu’il était parti de chez Marianne et Tristan sans une explication. Il s’en voulait. Cela ne lui ressemblait pas. Pourtant ça lui avait fait plaisir de les revoir. Il avait cru retrouver avec eux la fraîcheur de ses années lycée. Mais elles lui paraissaient déjà tellement lointaines. Quelque chose avait changé. Il ne savait pas quoi. Il avait aussi du mal à réaliser qu’il venait de faire la fête avec Rickie et tous ces inconnus. Et puis, qu’avait-il espéré en retournant au Petit Marcel ? Trouver Tom et puis quoi? Éprouvait-il plus que de l’amitié pour lui ? Était-ce ça, tomber amoureux?

Il lui fallut près d’une heure avant de retrouver son quartier. Le brouillard, loin de s'être dissipé, était devenu épais. Les rues et les façades des immeubles lui apparaissaient, au fur et à mesure de sa marche, si bien qu'il dût ralentir pour vérifier où ses pas le menaient. Il arriva finalement dans sa rue, épuisé, et ne vit qu’au dernier moment apparaître, à travers un voile brumeux, quelqu’un qui semblait s'être endormi sur les marches de sa porte d’entrée. Tom, emmitouflé dans son manteau, les yeux fermés.

Paul n’en revenait pas de le voir là. Il s’accroupit et le réveilla doucement, en le secouant d’une main. Celui-ci ouvrit péniblement les yeux et sourit instantanément. Ils se relevèrent. Sans un mot, Paul tourna sa clef avec ferveur dans la serrure, ouvrit la porte, la referma, évitant de la faire claquer trop fort et fit rentrer Tom dans le hall obscur de l’immeuble. Il lui prit la main et ils montèrent les escaliers sans faire de bruit. Arrivés devant le palier de l’appartement, Paul chercha dans la pénombre une autre clef qu’il s’empressa de tourner. Il fit entrer Tom en premier avant de tirer le verrou. Dans l’obscurité, ils se firent face et enlevèrent leurs manteaux qu’ils laissèrent tomber à terre puis, ils quittèrent enfin leurs chaussures. Ils frissonnaient tous les deux. La chaleur de la pièce les envahit. Paul reprit sa main et le guida jusqu'à son lit où ils s’asseyèrent.

- Paul, j’ai tellement de choses à te dire…

- Je sais, mais pas ce soir.

Tom s'allongea le premier sur le lit, invitant Paul à ses côtés. Ils restèrent un moment à absorber les derniers échos festifs de la rue, à écouter leurs respirations ralenties, leurs sens aux aguets. Paul laissa la main tremblante de Tom parcourir ses hanches. Son ventre montait et descendait rapidement telle une vague. Sa main remonta jusqu’à son menton puis jusqu’à ses lèvres pour finalement caresser sa joue. La respiration de Paul s'accélèra. Il s’abandonna au fur et à mesure, les yeux fermés. Tom se fit plus précis, redescendit lentement jusqu’au bas de son ventre. Il se rapprocha de lui, ramena son front contre le sien. Leurs lèvres se frôlèrent imperceptiblement. Paul resta figé, la pression de la bouche de Tom contre la sienne. Le long baiser qu’ils échangèrent ne ressemblait à rien de ce qu’il avait pu vivre jusqu'à présent. Il se sentait tout puissant, émerveillé, excité comme jamais il ne l’avait été. Ils se rapprochèrent encore davantage pour se retrouver collés l’un contre l’autre. Tom prit son visage dans ses mains et le parcourut de baisers. Il lui caressa les cheveux. Paul répondaient à ses baisers avec envie et maladresse. Tom lui caressa, cette fois-ci, longuement le dos en continuant à l’embrasser, ramenant ses fesses contre lui. Paul sentit rapidement son sexe dur à travers son pantalon. Il eut une érection directe que Tom devina en souriant. Ils s’embrassèrent encore et encore. Le souffle court, ils parcoururent leur corps et roulèrent sur eux-mêmes. Tom se mit à califourchon sur Paul. Il enleva son pull-over et son t-shirt et déboutonna la chemise de Paul pendant que celui-ci faisait coulisser sa cravate. Ils déboutonnèrent leurs pantalons qui s’emmêlèrent à leurs pieds et les entendirent tomber par terre, en émettant de petits rires nerveux.

Paul caressa les fesses de Tom à travers le tissu de son caleçon, pendant que ce dernier, penché sur lui l’embrassait dans le cou. Paul sentit le balancement de son collier sur son torse. Avec sa langue, Tom parcourut son corps et s’arrêta un instant sur son nombril, où il sentit quelques poils qui descendaient jusqu’au bas du ventre. Il perçut la chair de poule de sa peau. Son nez respira la bosse que formait son sexe dur à travers son slip et sa bouche commença à l’embrasser et à le mordiller tendrement. Tout le corps de Paul se raidit. Tom leva les yeux vers lui. Il devinait à peine ses contours. Il s’arrêta puis remonta jusqu’à sa bouche pour l’embrasser fougueusement.

Paul ne savait pas depuis combien de temps ils étaient là, à s’embrasser, à ne plus s’arrêter. Ce qu’il éprouvait, à cet instant, était si intense qu’il avait du mal à croire que cela lui arrivait vraiment. Tom vint se placer tout contre lui, l’enlaça et fit glisser son slip. Il retira son propre caleçon. Paul sentit le sexe dur de Tom frotter contre ses fesses. Puis les mouvements s’arrêtèrent peu à peu. Ils se glissèrent maladroitement sous les draps puis reprirent leur position à l'identique. Tom resta blotti contre lui longtemps, avant de fermer les yeux. Paul cala sa respiration sur la sienne. Il ferma les yeux et écouta leur souffle encore un peu, avant de s’endormir profondément.

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